Avec « Desperate électrices » La TSR ne respecte pas son mandat de service public

Signez la pétition : en ligne ou sur du papier.

L’Association citoyenne pour la défense des usagers du service public, ACIDUS, lance une pétition adressée à la direction de la Télévision suisse romande. Celle-ci projette, pour septembre et dans le cadre des élections fédérales, une série aux prétentions humoristiques, «Desperates électrices». Atterré par ce projet émanant d’un service d’information public, ACIDUS a décidé de réagir. La portion congrue laissée aux femmes en politique est une question importante. Elle mérite mieux que de l’information spectacle.

La TSR prend les téléspectateurs, les femmes en particulier, pour des imbéciles politiques

«Femmes au foyer désespérées, femmes au travail exaspérées, femmes politiques isolées. Mais que fait la politique pour les femmes ?» La question est tout à fait pertinente. Dans la perspective des élections fédérales de l’automne, la TSR annonce une nouvelle émission, Desperate électrices, chargée de porter dès septembre, en six lieux et six épisodes, «un regard féminin sur un monde terriblement masculin». Sur le site d’annonce: un test, un casting, un forum.

Hélas, hélas… Les deux journalistes de l’émission, Michel Zendali et Nathalie Randin, poursuivent dans la ligne qui fait le succès des chaînes commerciales voisines: «spectacle informatif» (l’expression est de Zendali), politique réduite à la gaudriole, clichés nauséeux, cet affligeant «produit» se réclamant du «politiquement incorrect».

Sur les quinze questions du test, la première donne le ton: il faut choisir parmi six stars préférées, Alain Delon et Johnny Hallyday, par exemple. Ou, pour être taxée de proche du parti radical, il suffit de cliquer sur la réponse «A quand six pistes sur l’autoroute, bordel!». Que ferait une desperate électrice en voyant une vieille dame aveugle tenter de traverser une rue? Elle peut choisir, par exemple: «Vous ne l’avez pas vue et après tout les services sociaux, ce n’est pas fait pour les chiens». Version plus soft: «Vous l’aidez à traverser, ce que c’est bon de faire du bien!» Bref, un humour de beauf! Sans parler des résultats du test: fidèles aux clichés les plus gnangnans, ils enferment les femmes dans le cercle patriarcal de leurs maris avocat ou graphiste, qui ne doivent surtout pas savoir que leur femme et leurs enfants ne pensent pas comme lui.

Quant au «casting», il est basé sur un ramassis de clichés stupéfiants de bêtise: la violence des jeunes, les paysans enfants gâtés de la Nation… Les raffinés journalistes ne peuvent s’empêcher de glisser au passage un clin d’œil, dont le caractère politiquement incorrect doit les faire se pâmer de plaisir. Ainsi la requête «A Bulle, nous cherchons une femme, sur le point de se marier, et qui n’a pas encore choisi sa robe!». Anodin? Alors changeons un mot ou deux et appliquons la méthode à deux autres catégories sociales discriminées. Cela devient: «Nous cherchons un homosexuel sur le point de se pacser et qui n’a pas encore choisi son smoking!» Ou: «Nous cherchons un Noir sur le point de se marier et qui n’a pas encore choisi son costume trois pièces!» Nettement moins drôle…

Peut-on rire de tout? Bien sûr. Pas sûr! Se moquer publiquement d’une catégorie de la population, l’enfermer dans des schémas est avilissant. Le prétendu humour antisémite, raciste, homophobe ne fait pas rire, il révolte. Pourquoi en irait-il autrement pour l’humour sexiste? Desperate électrices fait de l’information un spectacle bêtifiant, la réduit à un cirque médiocre qui conditionne le public – de droite, du centre, de gauche – à se détourner de la politique.

Nous toutes et tous, qui payons la redevance, refusons que la TSR diffuse des émissions donnant une image dégradante des femmes. Nous demandons à la TSR de renoncer à cette série et de consacrer les crédits prévus à une véritable émission d’information, permettant à des femmes de tout milieu et de toute opinion de s’exprimer sur leurs aspirations et leur maintien à l’écart des centres de décision politiques.

SIGNEZ LA PETITION (en ligne ou sur du papier) et FAITES-LA SIGNER AUTOUR DE VOUS !

12 commentaires à “Avec « Desperate électrices » La TSR ne respecte pas son mandat de service public”


  1. 1 kalvin 9 juin 2007 à 13:25

    Ce pauvre Zendali, quelle misère intellectuelle, quand il écrivait ça faisait déjà frémir, mais depuis qu’il “anime” InfraRouge et autres, il est vraiment tombé en dessous de tout : la méthode Cauet, à côté, c’est presque France Culture

  2. 2 Andrea Eggli 12 juin 2007 à 12:21

    A quand la TSR et les “Desperate téléspectatrices” ?

    Sous le titre “Quand la TSR désespère les femmes”, la Tribune de Genève commente notre pétition. A lire !

    Andrea Eggli

  3. 3 zozieau 13 juin 2007 à 11:02

    Et comme par hasard, la pétition n’est pas commentée sur 24 Heures (faudrait voir à pas trop faire de pub à ces VaudoisEs ?!)…

  4. 4 Andrea Eggli 14 juin 2007 à 12:53

    Aujourd’hui, jeudi 14 juin, 10 ans après la grève des femmes, notre pétition est sur les manchettes du Matin Bleu ! Elle rappellera quelque chose à certains et incitera d’autres (ou les mêmes) à la signer d’urgence ! Distribuez-la autour de vous !!!

  5. 5 Andrea Eggli 15 juin 2007 à 7:44

    Et encore sur le site du POP Lausannois le 14 juin 2007 :

    Les femmes sont toujours utilisées pour des niaiseries !

    36 ans après le droit de vote et d’éligibilité des femmes,
    26 ans après l’introduction de l’égalité entre femmes et hommes dans notre Constitution,
    16 ans après la grève des femmes,
    11 ans après l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité au niveau fédéral,

    Que fait la TSR ?

  6. 6 Andrea Eggli 15 juin 2007 à 8:45

    Pour Zozieau:
    A quand la TSR et les “Desperate téléspectatrices” ? bis

    Sous le titre “Quand la TSR désespère les femmes”, le 24 Heures reprend l’article de la Tribune de Genève qui commente notre pétition. A lire !

    Andrea Eggli

  7. 7 Andrea Eggli 15 juin 2007 à 10:05

    Résultat du sondage de la Tribune de Genève du lundi 11 juin :

    «Desperate électrices», une émission macho?

    Programmée pour septembre, l’émission «Desperate électrices» veut intéresser les femmes à la politique. Mais une pétition en ligne demande que la TSR y renonce, l’accusant de «prendre les femmes pour des imbéciles politiques».

    Oui : 47%

    Non : 36%

    Je ne sais pas : 17%

    Nombre de votants : 72

  8. 8 Doris Agazzi 17 juin 2007 à 7:24

    J’avais découvert l’annonce de l’émission sur le site de la TSR et j’ai trouvé cela débile. Autant l’approche choisie que le traitement visible.

    Je voulais d’abord réagir sur leur site, mais n’ayant pas envie de faire moulin à vent toute seule, j’ai laissé tomber….

    Merci donc de l’initiative !

    Mais restons réalistes, l’émission se fera. La réponse de M. Zendali dans la Tribune montre le niveau de l’approche: “quant aux pétitionnaires, ils (!!!) sont mécontents parce que nous avons ignoré la gauche de la gauche dans notre questionnaire”.

    N’oublions pas que si une femme râle parce que’elle ne se sens pas respectée, c’est qu’elle est forcément, soit à gauche de la gauche ou féministe. Des voix éparses, donc négligeables…..

    Eh oui, il y a encore du boulot !

    Depuis le temps, j’espérais pouvoir passer à autre chose….

  1. 1 Alain Hubler blogue - «Desperates électrices» : une émission de service public, vraiment ? Pingback dans 8 juin 2007 à 22:49
  2. 2 www.romanding.ch Trackback dans 9 juin 2007 à 8:33
  3. 3 Desperate électrices … encore ! « Alain Hubler blogue Pingback dans 6 oct 2007 à 20:11
  4. 4 Alain Hubler blogue - Desperate électrices ... encore ! Pingback dans 6 oct 2007 à 20:17


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