La poste

900 millions, c’est le bénéfice de la poste pour 2007, un service public en voie de privatisation. Jolie somme…mais pas de quoi rêver.

Tout d’abord un service public n’est pas là pour faire du profit. C’est un outil démocratique. Son rôle est de répondre aux besoins des usagers, ceci dans le respect de l’égalité entre les citoyens et entre les régions. Elle est là aussi pour cimenter l’unité nationale. Deux objectifs qui lui furent assignés par le Conseil fédéral lorsqu’il décida de créer un service postal vers fin la du 19e siècle.
Dès ses débuts ce service se révèle viable. Mieux! Dans les années 80 ce service passe pour être le meilleur du monde. Personne n’a attendu Ulrich Gygi, ultra libéral, membre du parti socialiste (!) pour faire marcher une Poste rentable et efficace… Les soucis arrivent avec le premier acte sa privatisation en 1997: les PTT disparaissaient au profit de La Poste et de Swisscom.


Actuellement le secteur des colis et des lettres jusqu’à 100 grammes est privatisé. Le prochain pas, c’est l’ouverture du marché aux lettres jusqu’à 50 grammes, prévue pour en 2011 ou 13… Sauf si nous parvenons à nous y opposer ! Les débats parlementaires à ce sujet sont prévus dès la rentrée de cette année.
La droite, ici comme ailleurs, est parvenue faire passer toute privatisation comme une fatalité. Elle rabâche toujours les mêmes arguments: « le monopole de la poste renchérit les prix. La concurrence est la baguette magique pour toute entreprise publique ou privée. » Malhonnêteté ? Crétinisme idéologique ? En tout cas partout en Europe c’est le contraire qui se produit! Là où la poste est privatisée les prix augmentent (de 90 % en Suède) et les conditions de travail du personnel pourrissent. Normal ! Une poste privée fonctionne au bénéfice des actionnaires et non en faveur de la population.
Donc barrage aux fondus des «ouvertures du marché»!

Quant à ces bénéfices postaux … Seraient-ils une bonne nouvelle pour les finances de l’Etat? Pas sûr! Ils cachent surtout une arrière-pensée: allécher les prédateurs des services publics. Quant à l’argent encaissé, pas de miracle, il est gagné avant tout sur le dos des salariés et des usagers. Le nombre de nos offices postaux s’est réduit, les tarifs ont augmenté, le pire est à venir.
Certes les bonnes affaires 2007 furent cadeau tout comme l’argent gagné par Postfinance, dit la poste. Postfinance dites-vous? Comme si un service public devait devenir une banque! Et si on étatisait plutôt les banques?
En fait ceux qui passent vraiment à la caisse (ou à la casse), ce sont les employés. Pas de surprise! Aux pertes d’emplois s’ajoute la dégradation des conditions de travail et de salaire. Et ironie de la modernité, le «new public management» en vigueur à la Poste nous ramène à la Chine maoïste des années 1960 avec: distributions de dépliants internes encourageant les travailleurs méritants, des écrans géants affichant les taux d’absentéisme de chaque équipe ou les marathons chronométrés des facteurs.
Comme disait Philippe Meyer dans sa chronique matinale sur France Inter : «Le progrès fait rage, l’avenir nous guette!»

Elisabeth Brindesi
publié en version courte dans Résistances

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