Les méfaits de la privatisation à travers le monde : quel réalisateur fou a pu proposer un tel sujet, quelle chaîne a pu l’accepter ? La réponse s’appelle Florian Opitz pour le réalisateur et ARTE pour la chaîne. Le résultat, c’était mardi soir un excellent documentaire appelé « Liquidation totale ». En Angleterre, les chemins de fer, en Afrique du Sud, l’électricité, aux Philippines la santé, en Bolivie l’eau : à chaque fois, c’est un désastre social. Opitz ne fait pas dans l’idéologie, mais dans l’étude de cas. Pas de pédagogisme mais du pathétique, sans forcer la dose. Une mère philippine Minda n’a pas les quarante euros nécessaire pour payer une dialyse hebdomadaire à son fils Jinky : elle erre dans un hôpital ultra moderne où la présence des pauvres parait totalement incongrue. Il faut payer cash, ma bonne dame !
Il est vrai que le gouvernement a décidé de rembourser la dette nationale, c’est le Fond monétaire international qui l’a dit… L’image la plus incroyable est celle de ce malade philippin agonisant, qui respire grâce à des parents se relayant vingt quatre heures sur vingt quatre pour lui insuffler de l’air avec un petit ballon. L’assistance respiratoire automatique est trop chère pour cette famille. A Soweto, pour causes de factures d’électricité impayées, la société Elkom, privatisée, plonge vingt mille familles dans le noir. Le réseau ferré britannique est célèbre pour ses déraillements depuis que le gouvernement conservateur de John Major a fait un geste fou : vendre par morceaux les lignes de train à des compagnies privées. « Cela ne marche pas ! » explique un conducteur, obligé de suivre un omnibus alors qu’il conduit un express. Jusqu’à des accidents mortels, l’entretien des rails anglais était l’affaire de la société Railtrack qui le sous-traitait à des sociétés qui le sous-traitaient à leur tour. A bout du compte, personne ne savait qui faisait quoi et les rails se désagrégeaient. Tout cela parce qu’une certaine Margaret Thatcher, dans les années 90, lors d’un congrès conservateur, prise d’une sorte d’orgasme néo-libéral, a déclaré : « nous ferons reculer pas à pas les frontières du socialisme ».
En fait ce sont les frontières de la bêtise qui ont reculé. Les intégristes du marché et de la « main invisible » d’Adam Smith ont réussi à bouffer les cervelles dirigeantes, à commencer par celles de la Banque mondiale (« on vous prête si vous privatisez ») et du Fond monétaire international. La social-démocratie a approuvé et continué cette politique avec Tony Blair en Angleterre, et pour la France nos valeureux Pascal Lamy (à l’OMC) et Strauss-Kahn (au FMI). Parfois les grandes firmes ont dû battre en retraite : ainsi à Cochabamba, la troisième ville bolivienne, après des mois de manifestations et d’état de guerre, la privatisation de l’eau a été annulée. Une loi scélérate voulait même interdire aux pauvres de recueillir l’eau de pluie…
Heureusement, au sommet aussi, quelques fortes têtes se sont rebiffées. Prix Nobel de l’économie, l’excellent Joseph Stiglitz explique : « Quand on lâche des bombes à 15 000 mètres d’altitude, on ne voit ni les victimes ni les dégâts. On vole très haut et c’est presque comme un jeu vidéo…c’est pareil en économie. On parle de statistiques sans penser aux gens derrière les statistiques ». Aujourd’hui à New York et à Londres, nombre de financiers qui ont jonglé avec les statistiques et l’ingénierie financières se retrouvent à leur tour sur le pavé, avec une petite boite en carton. A défaut de leur servir de domicile, elle leur sert à déménager leurs affaires de bureau. Après avoir privatisé les profits, le gouvernement américain veut nationaliser les pertes… Je ne sais pas qui est ce Florian Opitz mais qu’il prenne vite sa caméra pour filmer aussi bien l’épisode suivant de « Liquidation totale ».
vendredi, 26 septembre 2008 | par Nicolas Beau
Nous y sommes, l’eau de pluie est payante.
Etre citoyen devient un luxe. Veolia non content de vouloir faire payer le traitement d’une matière, l’eau de pluie, qu’ils revendront, entendent aussi faire payer l’installation du compteur spécifique.
Il faut espérer qu’ils ne nous imposent pas un compteur urinaire…
Faire l’écolo devient sportif, tout au moins très couteux !
Bon, c’est quand Veolia et le traitement de l’air ?
Tremblez Messieurs Dames !
En attendant, je vais faire combler ma cuve, cela me coûtera moins cher. Merci Veolia.
Oups, à préciser : l’eau de pluie que nous leur donnons, ils la revendront A PRIX D’OR en la réinjectant une fois traitée dans le circuit d’eau potable.
Dois je baisser mon pantalon ?