“Le Courrier” a mis le doigt dans la prise

Lettre de lecteur parue le mercredi 22 Octobre 2008 dans Le Courrier

LIBERALISATION Jean-François Burdet se dit estomaqué par un article sur le marché de l’électricité paru dans notre édition du 17 octobre. Fidèle lecteur depuis des années, j’ai été estomaqué de voir un typique article de propagande néolibérale publié dans vos colonnes, le 17 octobre dernier. Il provenait d’une agence de presse. Je me permets de procéder à une analyse sommaire de l’article.

- Les Suisses sont «pour» l’ouverture du marché de l’électricité.
En réalité, les Suisses se sont prononcés plusieurs fois en votation1 contre une telle libéralisation et les Chambres et le Conseil fédéral ont entamé un processus législatif contre cet avis. On peut être pour le moins surpris de voire une telle phrase écrite dans un journal comme Le Courrier!

- Les Suisses trouveraient «relativement acceptable» une future hausse des prix.
Bien que les sondages montrent clairement qu’une majorité des gens trouve la hausse récente inacceptable, hausse d’ailleurs que les courants politiques représentés par votre journal attribueraient majoritairement à la libéralisation en cours, il se trouve que le directeur de l’organisme de sondages – mandaté par une entreprise qui a intérêt à l’ouverture du marché – «analyse» comme par hasard qu’une hausse prochaine serait acceptable.

- There is no alternative, il n’y a pas d’alternative.
Cela fait quand même mal aux yeux de voir Le Courrier nous servir cette rengaine. Ainsi, le directeur d’EOS, entreprise qui a intérêt à ce que le marche s’ouvre, nous explique que non finalement, «on n’y peut rien», c’est la mondialisation. Alors que tous ces processus d’ouverture résultent d’une volonté politique, que la question de l’ouverture des marchés de l’électricité est en pleine négociation bilatérale entre la Suisse et l’Union européenne, et que techniquement rien ne contraint la Suisse à ouvrir son marché. Le peuple suisse a exprimé son opinion, qui est «non»!

- Une opposition à l’ouverture est «émotionnelle».
Le directeur d’EOS juge qu’un retour en arrière concernant la libéralisation serait «émotionnel» et donc irrationnel. Heureusement pour lui et le profit de son entreprise, les Chambres et le Conseil fédéral ont jusqu’à maintenant évité l’écueil d’écouter la volonté du peuple.
Voila, comme d’habitude, qui aime bien châtie bien! Mais je vous enjoins à maintenir et améliorer votre rigueur en évitant de publier ce genre d’article qui n’a pas sa place dans un quotidien indépendant comme le vôtre!

JEAN-FRANCOIS BURDET

1Votations fédérales du 22 septembre 2002: «Libéralisation du marché de l’électricité»: 52,6% de «non». Votation cantonale à Genève, du 16 décembre 2007 «Electricité, notre affaire!»: 75.9% de «oui».

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