Libre choix scolaire: le sec refus de Bâle-Campagne

Un scrutin qui contient aussi des enseignements pour l’école publique

Jean-Daniel Delley - 03-12-2008 - Formation / éducation – Domaine Public n° 1805 - Permalien

Echec sans appel pour le «Lobby des parents»: leur initiative pour le libre choix scolaire a été rejetée à près de 80% par le corps électoral de Bâle-Campagne. Pourtant l’association ne baisse pas les bras puisqu’elle compte déposer des initiatives semblables dans plusieurs autres cantons. Par ailleurs elle a obtenu, à titre de contre-projet, une augmentation de la subvention annuelle versée aux familles pour chaque enfant fréquentant une école privée, qui passe à 2′500 francs.

Les raisons de cet échec sont multiples. Tout d’abord un front compact des adversaires du projet: gouvernement, parlement, l’ensemble des partis, les autorités scolaires et les enseignants. Ensuite la crainte que les écoles des zones rurales, privées d’effectifs suffisants, ferment leurs portes. Puis le mélange des genres, puisque l’initiative préconisait le libre choix aussi bien entre les établissements publics qu’entre ceux-ci et les écoles privées. Enfin l’argument des partisans du libre choix qui pariaient sur amélioration de la qualité de l’enseignement grâce de la concurrence entre les établissements n’a à l’évidence pas convaincu. Sans parler des problèmes d’organisation et de planification posés par cette liberté de choix.

Les initiants peuvent mettre à leur crédit d’avoir ouvert un débat, d’ailleurs loin d’être clos, qui a mis en évidence les points faibles de l’école obligatoire publique et les attentes de nombreux parents. Les motifs qui conduisent des familles – et pas seulement des milieux privilégiés – à préférer l’école privée indiquent en creux les insuffisances de l’école publique: par exemple des démarches pédagogiques différentes; une offre de formation plus large, par exemple un cursus bilingue; des appuis plus personnalisés. Il ne suffit pas de proclamer la supériorité de l’école publique, de par la mixité sociale qu’elle impose et les valeurs communes qu’elle inculque. Encore faut-il que cette école dispose des moyens et de l’autonomie nécessaires à la réalisation les idéaux dont on l’investit. Dans une société marquée par une hétérogénéité sociale et culturelle croissante, le «moule républicain», s’il n’intègre pas des approches pédagogiques adaptées à la diversité des publics et ne bénéficie pas de ressources supplémentaires à cet effet, ne peut qu’échouer à promouvoir l’égalité des chances.

0 commentaire à “Libre choix scolaire: le sec refus de Bâle-Campagne”


  1. Aucun commentaire

Laisser un commentaire





Bad Behavior has blocked 210 access attempts in the last 7 days.