Fermer ma poste ? Mais ils sont cinglés !

Le Courrier
Mario Togni

MOBILISATION - Syndicom estime que vingt-cinq offices sont menacés à Genève. Depuis fin mars, une caravane syndicale sillonne les villages du canton. Reportage à Confignon.
«Fermer la poste de Confignon? Ça va pas la tête!» Il suffit de quelques heures passées devant l’entrée d’un bureau postal de la campagne genevoise pour mesurer l’attachement des habitants à un service de proximité. Depuis que la direction du géant jaune a annoncé, début février, son intention d’évaluer sur trois ans la viabilité de cinq cents offices de poste en Suisse, la résistance s’organise. «Quand ils examinent, on sait ce que cela veut dire», ironise Eric Schwapp, secrétaire régional du Syndicat de la communication (Syndicom).

Forte adhésion
Pour faire face, lui et ses collègues sillonnent depuis une quinzaine de jours les routes du pays, village après village, pour sensibiliser les citoyens aux menaces qui pèsent sur «leurs» bureaux de poste. Depuis une dizaine d’années, mille cinq cents d’entre eux sont déjà passés à la trappe sur le territoire national. A Genève, environ vingt-cinq offices seraient menacés à terme de fermeture ou de transformation en «agences» (moins de prestations), estime le syndicat. Des chiffres non confirmés par la direction de La Poste (lire ci-dessous)

Bénéfice de 825 millions
Mercredi matin, la «caravane» syndicale était de passage dans le village de Confignon. Et force est de constater que l’adhésion des usagers est énorme: «La Poste fait partie du patrimoine et les gens y sont très attachés, relève Eric Schwap. C’est finalement assez facile de récolter des signatures.» En deux heures, la petite équipe de deux personnes aura ramassé quelque quatre-vingts paraphes. «Seule une personne a refusé de signer notre pétition!» assure-t-il.
Dans leur grande majorité, les passants n’hésitent pas une seconde. «C’est important pour un village, souligne une dame convaincue. On tient à ce service de proximité, personnalisé. Les employés nous connaissent, alors que dans les grands centres postaux, on est réduit à un numéro!»
La Poste, elle, invoque des questions de rentabilité. Depuis 2000, le volume de colis et de lettres déposés dans les offices en Suisse aurait baissé de près de 50%, les paiements de 17%. Une adaptation des prestations est donc indispensable, explique sa porte-parole, Nathalie Salamin. Mais l’argument ne fait pas mouche. «On nous parle toujours de rentabilité, mais jamais de qualité», s’énerve une passante. «Ce n’est pas normal, renchérit un homme. Fermer des bureaux quand on fait 800 millions de bénéfice, il y a un problème.»
Il y a une semaine, en effet, le géant jaune annonçait un excellent résultat pour l’année 2008. Dans le contexte actuel, la nouvelle a eu pour effet de nourrir les critiques, y compris dans la classe politique (voir notre édition du 26 mars).

«C’est inadmissible»
En attendant, dans les rues de Confignon, les habitants se passent le mot et l’affluence ne faiblit pas devant le stand syndical. Parfois pour des raisons différentes. «C’est inadmissible, réagit une dame âgée. Je refuse de faire mes paiements par internet, je n’ai pas confiance.» Un cycliste, la trentaine, invoque lui le développement durable: «Si on doit tous prendre la voiture pour aller ailleurs, c’est absurde.»
En bon habitué, Eric Schwapp n’est pas étonné d’un tel succès. Même si la matinée se passe particulièrement bien, avoue-t-il: «A 8 heures, le maire du village est même venu nous apporter son soutien.» Il est 10 heures. Le syndicaliste commence à plier table et banderoles. Direction le Valais pour l’après-midi. D’ici au 31 mai, Syndicom espère récolter 100 000 signatures dans toute la Suisse. Eric Schwapp ne doute pas une seconde que les militants y parviendront.

La Poste tente de rassurer

Pour la porte-parole de La Poste, Nathalie Salamin, «il n’est pas nécessaire de semer la panique. Nous allons étudier certains offices, au cas par cas, durant trois ans. Mais nous ne sommes pas là pour casser la machine.» Selon elle, il n’y a aucune liste établie des bureaux de poste concernés. «Les critères porteront sur le volume d’affaires, les horaires d’ouverture ou la proximité avec d’autres guichets, ajoute la porte-parole. Nous analyserons cela au fur et à mesure.» En ce sens, elle ne confirme ni ne nie les chiffres et emplacements avancés par le Syndicat de la communication (voir repères): «Si une liste existe, je ne la connais pas. En tout cas, nous ferons en sorte qu’un réseau postal dense soit maintenu.» MTI

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