En cas de catastrophe, assurer l’accès à l’eau potable est la priorité

Le Courrier, 24 Avril 2009, par Clara Marc

Proposé par l’université de Neuchâtel et la Croix-Rouge, le cours de gestion des ressources d’eau en situation de crise a attiré des professionnels de tous pays

Imaginez deux mille réfugiés, épuisés, qui attendent de l’eau potable. Pour faire face à une telle catastrophe, une quinzaine de participants s’activaient jeudi au bord du lac de Neuchâtel, dans une mise en situation fictive. Venus du Nigeria, de Belgique, du Zimbabwe ou des Etats-Unis, ces spécialistes de l’eau et de la santé participaient à la semaine de cours Water and Sanitation in emergencies (Eau et assainissement en situation d’urgence), organisée par l’Institut d’hydrogéologie de Neuchâtel et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR). «Le but est d’apprendre à réagir de manière intelligente en cas de crise», explique François Zwahlen, directeur du centre d’hydrogéologie de l’université de Neuchâtel. «Il faut notamment pouvoir mobiliser de l’eau rapidement et éviter les épidémies.»

L’organisateur de ce cours unique en Europe souligne ainsi qu’en cas de conflit militaire, politique ou lors d’une catastrophe naturelle, l’approvisionnement en eau est la première des priorités, avant l’énergie. «Nous avons des personnes spécialisées dans ce domaine sur quasiment tous nos terrains d’action», ajoute Jean-Marc Zbinden, chef du secteur eau et assainissement pour le CICR.

Crise imaginaire au bord du lac

Au-delà de l’urgence, ce cours s’intéresse également à l’action à moyen terme. Une vision pas toujours prise en compte par les organisations d’aide. «Avant, les ONG se préoccupaient surtout de l’aspect immédiat», note le directeur du centre d’hydrogéologie. «Aujourd’hui, elles se soucient de l’impact de leurs actions sur l’environnement et de la situation des populations dans les cinq ou dix ans.» Il rappelle que dans certains pays, les camps de déplacés durent des dizaines d’années et se transforment peu à peu en villes.
Afin de faire face au mieux à ces situations, les participants ont suivi cinq jours de théorie et ont visité la station de traitement de l’eau à Champ-Bougin, à la sortie de Neuchâtel. Ils se sont ensuite confrontés à des situations fictives. Ils ont par exemple tenté de pomper de l’eau et de la filtrer le plus rapidement possible, afin de la rendre potable. «A Neuchâtel, les participants peuvent choisir l’eau du lac, celle d’une rivière ou l’eau souterraine», indique François Zwahlen. «Ils doivent estimer laquelle de ces sources est la plus facilement mobilisable et de meilleure qualité.»

Des compétences uniques

Selon lui, cette simulation est parfaitement représentative des situations rencontrées par les organisations d’aide humanitaire. Au Rwanda ou dans la région des Grands Lacs, le directeur du centre d’hydrogéologie explique que plusieurs possibilités permettent d’assurer l’approvisionnement en eau des réfugiés et des personnes déplacées. Il ajoute que les populations s’installent d’ailleurs naturellement vers les points d’eau. Un réflexe qui ajoute à l’urgence des crises. «Nous devons intervenir très vite entre les réfugiés et l’eau», souligne François Zwahlen. «Si deux mille personnes assoiffées boivent de l’eau contaminée, c’est la catastrophe.»
Pour les spécialistes, le cours proposé par l’Institut d’hydrogéologie est particulièrement intéressant. En effet, le centre est spécialisé dans le domaine de l’eau souterraine, des connaissances indispensables pour les pays chauds. «En Afrique par exemple, il n’y a pas beaucoup de rivières. Par contre il y a beaucoup d’eau souterraine», explique l’organisateur du cours. «Au total, 45% de l’eau utilisée dans le monde provient de ce type de source.»

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