Paru le Jeudi 18 Juin 2009
Jérôme Cachin - Le Courrier
Vaud GESTION DE L’EAU - Une grille d’analyse de 21 critères a été élaborée par des chercheurs genevois et l’Association pour la sauvegarde du Léman. Aux communes de l’adopter.
Les politiques de développement des agglomérations dans la région lémanique posent un défi qui passe souvent au second plan: celui de l’eau. La méthode Lemano, présentée hier à Lausanne par l’Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) et le Laboratoire d’écologie et de biologie aquatique (LEBA) de l’Université de Genève, a pour ambition de proposer aux collectivités une prise de conscience de l’importance du facteur eau dans leur développement à long terme.
Longues recherches
Lemano, c’est le fruit de sept ans de recherche et d’ajustement, a expliqué Jean-Bernard Lachavanne, président de l’ASL et directeur du LEBA. Au final, 21 critères d’évaluation sont retenus dans la grille d’analyse, dans les domaines environnemental, social et économique. Depuis la qualité des eaux souterraines jusqu’à la transparence de l’information aux consommateurs en passant par les infrastructures hydroélectriques, tous les aspects de l’eau sont abordés. Pondérés, ils servent à mesurer la «durabilité de la gestion de l’eau», lisible en pourcentages.
Chapeautés par un comité scientifique, les chercheurs genevois ont fait un premier test grandeur nature sur quatre bassins versants lémaniques: l’Aubonne (Vaud), la Versoix (Ain, Vaud et Genève), les Dranses (Valais) et le Foron de Sciez (Haute-Savoie). Choisis en fonction de leur répartition géographique et de leurs similitudes, ces quatres premiers cobayes de l’étude obtiennent des résultats forts différents.
Faisons un rapide survol de certains points noirs: pour le premier de ces quatre bassins, c’est la collaboration entre les «acteurs de l’eau» qui pèche; la «qualité physico-chimique» et la présence des poissons pour le deuxième; l’information aux consommateurs pour le troisième; le raccordement aux stations d’épuration pour le quatrième.
Chef des Services industriels de Terre Sainte, et aussi municipal à Founex, Pascal Kilchherr était hier dans le rôle de l’élu du terrain, aux côtés de la brochette de géologues et d’écologues de l’ASL et de l’Uni de Genève.
Un élu enthousiaste
«Le Léman va mieux qu’il y a trente ans, mais on peut faire plus et mieux», assure-t-il. Et l’édile d’expliquer que Lemano offre des outils simples pour évaluer la qualité d’un cours d’eau. Simples et utiles quand il s’agit de convaincre d’investir dans le domaine de l’eau. «Ce n’est pas tout de proposer un crédit à un Conseil communal, encore faut-il l’obtenir!», lance Pascal Kilchherr, apparemment ravi de cette méthode de gestion intégrée.
D’argent, il en est question pour l’avenir de la méthode Lemano. Le modèle a été mis en place grâce au soutien de fondations genevoises, de la Loterie romande, des Services industriels de Genève. Ensemble ils ont réuni un budget avoisinant 1,2 million de francs. Si une commune ou un groupe de communes veut évaluer sa politique de l’eau de A à Z, elles peuvent louer les services des responsables de Lemano. Ceux-ci sont aussi en contact avec les autorités cantonales, invitées à participer au financement de l’application de la méthode. I
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