Certaines entreprises comprennent l’importance de la prise de mesures contre le stress au travail
Le Progres.fr
La vague de suicides chez France Telecom rouvre le débat sur la prise en compte du mal-être des salariés et la prise en charge du stress par les directions. Les mesures mises en place jusqu’à présent sont jugées insuffisantes par les syndicats.
La pression au travail peut tuer
Ce n’est pas nouveau, mais la vague de suicides et de tentatives chez France Telecom (23 depuis un an) met en lumière les dégâts causés par le stress au travail et les restructurations brutales chez les salariés. Hier, Didier Lombard le PDG de l’entreprise, convoqué au ministère, a exposé un plan de prévention qui ne remet néanmoins pas en cause les restructuratiosn dans le groupe.
Confrontés au mal-être des salariés, certaines entreprises ont tenté de réagir individuellement, et au niveau interprofessionnel, par la signature d’un accord avec les syndicats en novembre 2008. Cet accord est, pour le moment, pratiquement lettre morte.
Le ministre du Travail Xavier Darcos a déclaré hier qu’il fallait « à tout prix que toutes les grandes entreprises transcrivent cet accord national et prennent en compte les signes susceptibles d’indiquer des problèmes de stress au travail ».
Selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail ( Anact) cet accord a au moins contribué à ce que le stress soit remis sur le tapis dans le milieu professionnel. « C’était un tabou. Mais depuis une douzaine d’années, avec la pressurisation grandissante des salariés, c’est devenu une préoccupation et les suicides chez Renault, fin 2006-début 2007, ont accru la prise de conscience », selon Jean-Ange Lallican, président de la commission nationale sur le stress de l’Association des directeurs des ressources humaines. PSA a mis en place un numéro vert d’écoute et une cellule de veille.
En plus d’un numéro vert, EDF a créé un observatoire national. À la Société Générale, où la question du stress a été mise en exergue avec l’affaire Kerviel, les discussions avec la direction n’ont cependant pas débouché sur du concret, selon une source syndicale qui soutient que de nouvelles procédures accroissent le stress.
Absentéisme, baisse de productivité et de qualité, accidents du travail fréquents sont directement liés au malaise professionnel et ont des conséquences humaines et économiques importantes.
Renault l’a bien saisi, estime la CGT. Le constructeur a lancé début 2007 un plan auprès de 15 000 salariés des sites d’ingénierie : création de responsables de ressources humaines de proximité, réduction des horaires d’ouverture, possibilité de signalements aux médecins du travail… «Les réflexions sur le contenu et la charge de travail se multiplient », se félicite Philippe Douillet de l’Anact, qui relève que les entreprises ne nous saisissent plus seulement « à chaud », en période de crise. De plus en plus, elles essaient d’anticiper sur ce genre de problèmes. « Le chantier est immense », ajoute-t-il, alors que les entreprises doivent actuellement gérer les effets des plans sociaux sur le moral des salariés.
Le suicide tue plus que la route
Le taux de suicide dans la population française s’est élevé à 16,3 pour 100 000 habitants en 2007. À l’exception des personnes âgées (25 %), ce sont les hommes de 45 à 49 ans qui se donnent le plus souvent la mort, avec un taux de 41,6 pour 100 000. Selon l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes, avec 24,7 contre 8,5 cas pour 100 000.
Ces chiffres globaux recouvrent des évolutions plus fines : le taux de suicide chez les hommes qui est faible à l’adolescence (5,8 chez les 15-19 ans), progresse ensuite régulièrement pour dépasser les 30 pour 100 000 dans la tranche 35-59 ans, avant d’atteindre un pic entre 45 et 49 ans.
De ce fait, le taux devient beaucoup plus important chez France Telecom puisque si l’on exclut les jeunes et les personnes de plus de 60 ans, le taux devient deux fois plus élevé que dans la population active située dans la même tranche d’âge.
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