L’invité - 24 Heures - 28/09/2009
Les routes sont souvent engorgées, et pourtant le transport privé en voiture est encore largement privilégié. Même si la crise énergétique est proche et que, selon de nombreux experts, le «pic pétrolier» – c’est-à-dire le moment où la production mondiale de pétrole commence à décliner vu l’épuisement des réserves exploitables – est déjà passé.
Malgré cela, beaucoup d’usagers font un calcul simple: puisque j’ai une voiture et que j’ai payé les taxes et les assurances, il est meilleur marché d’utiliser mon véhicule plutôt que les transports collectifs, souvent si chers, surtout pour les familles. Ces automobilistes signalent aussi les cadences trop limitées des transports en commun, et préfèrent la disponibilité et l’habitat familier d’un lieu privé comme leur propre voiture.
De leur côté, les entreprises de transport invoquent la sous-utilisation pour justifier, voire augmenter les prix. Au nom d’une rentabilité à court terme, très discutable dans un domaine si sensible.
Si l’on prétend affronter cette question avec tout le sérieux et toute l’urgence nécessaires, il faut donc trouver un mode incitatif assez important pour faire basculer le trafic des voyageurs de la voiture vers les transports collectifs.
«Ça va la tête, ou quoi?» titrait le dernier ATE-Magazine dans son éditorial, en parlant de la mobilité en Suisse. Dans ce domaine, selon lui, «l’absurde est devenu une habitude». Combien de voies de contournement avons-nous construites avec l’argent des contribuables pour «désengorger» les localités et qui se révèlent inutiles sur le long terme? En effet, les nouvelles routes provoquent toujours du trafic supplémentaire. L’offre crée le besoin, en somme. Il faut donc changer de logique.
Les transports en commun sont largement subventionnés par la Confédération et l’Etat de Vaud, non seulement en ce qui concerne les infrastructures, mais aussi l’exploitation. Il s’agit maintenant d’aller plus loin et d’en assurer l’entier du financement par les pouvoirs publics. Aujourd’hui, cela correspond à une augmentation, pour le canton, de quelque 140 millions de francs (la part payée par les usagers), soit environ 2% du budget cantonal. Ce n’est pas irréaliste.
Bien sûr, cette opération ne doit pas se faire au détriment de l’amélioration de l’offre des transports en commun, et doit être associée à d’autres incitations, en particulier liées à l’aménagement du territoire.
Bien sûr, il est difficile d’envisager ce changement d’un seul coup. Il faudrait prévoir une période de transition de quelques années pour permettre aussi, dans un premier temps, d’élargir la communauté tarifaire existante des transports en commun à tout le canton. On pourrait également, tout en augmentant le nombre de bénéficiaires de la gratuité, commencer par l’offrir aux enfants, aux jeunes en formation – les bonnes habitudes se prennent tôt – puis aux aînés.
C’est ainsi qu’A Gauche toute! (POP et SolidaritéS) veut ouvrir ce débat important. L’initiative parlementaire a été déposée mardi passé sur le bureau du président du Grand Conseil. Elle sera développée et défendue en plénum aujourd’hui.
Bernard Borel, député
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