Compte là-dessus et bois de l’eau fraîche

En plein pendant les dernières fêtes de fin d’année, Coop supprimait discrètement les fontaines à eau et les carafes de ses restaurants. C’en était donc fini de l’eau à l’oeil dans les libres-services du géant du commerce de détail.

Certains y virent une façon pour l’enseigne de faire de l’argent en vendant de l’eau en bouteille plutôt qu’en donnant de l’eau du réseau. La Coop se justifia en agitant les observations de son «Service qualité» selon lesquelles on trouverait quelques germes dans les carafes et les fontaines à eau.

La nouvelle fit grand bruit et, le 8 janvier, la Fédération romande des consommateurs prit sa plus belle plume pour écrire à la direction de la Coop et lui demander de revenir immédiatement sur sa décision.

C’est le journal Coopération du 26 janvier dernier qui tentera d’apporter une fausse bonne nouvelle et un embryon de justification. Dans un article intitulé : «Eau gratuite au restaurant - Coop a entendu ses clients», on apprenait que : «La satisfaction de la clientèle étant une priorité pour le groupe Coop, la réaction des consommateurs suite à cette suppression a incité le groupe trouver une solution satisfaisante pour tous.» Un peu plus loin on découvrait les propos dégoulinants de flagornerie suivants : «(…) Toujours à l’écoute de ses clients, le groupe a trouvé une solution capable de les satisfaire tout en respectant ses soucis légitimes d’assurance-qualité qui sont le motif principal de la décision. La disparition des carafes et des fontaines à eau n’entraîne donc pas la suppression de l’eau gratuite dans les restaurants du groupe. L’eau plate du robinet continue à rester disponible.»

Autrement dit, les clients de la Coop auront toujours la possibilité d’aller laper gratuitement de l’eau au robinet, mais, pour des questions d’hygiène, la décision de supprimer les fontaines et les carafes est maintenue.

L’argumentation sanitaire de la Coop est-elle valable ? On peut en douter à la lecture d’un article de 24 heures qui, dans son édition du 1er février, révèle que le CHUV va supprimer les bouteilles d’eau pour son personnel et les remplacer par des fontaines à eau et des carafes. L’assurance-qualité du CHUV serait-elle inconsciente des risques sanitaires liés à la consommation de l’eau des fontaines et des carafes ? On peut en douter et ce n’est pas Bernard Klein, le chimiste cantonal du canton de Vaud, qui dira le contraire puisque, dans ce même article, il affirme : «Bonbonne ou réseau, pas de différence pour le consommateur. L’eau minérale plate qui stagne en bonbonne en contient certes infiniment plus que l’eau du réseau. Mais comme les bactéries des yoghourts, elles ne sont pas pathogènes et ne présentent aucun risque pour la santé.»

L’affaire est donc entendue, l’eau du réseau est au moins aussi potable que celle des bonbonnes et, probablement, que celle des bouteilles. La Coop vient donc de se faire prendre la main dans le sac de la croissance de son chiffre d’affaire à tout prix. Une croissance qui s’effectue sur le dos de ses clients auxquels elle tente d’arracher le dernier centime tout en les prenant pour des jobards capables de gober des justifications sanitaires bidons.

À moins que … À moins que la direction de la Coop soit sincère et que ses restaurants rencontrent de réels problèmes d’hygiène avec leurs fontaines à eau et leurs carafes. Dans ce cas, on est en droit de craindre le pire pour sa santé : si les bouis-bouis de la Coop ne sont pas fichus de nettoyer correctement des carafes et des fontaines à eau, on se demande bien comment ils font pour assurer l’hygiène du reste de leur équipement de cuisine et de restauration.

Alain Hubler

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