Les coursiers ne se laisseront pas manger tout crus

De Michel Schweri, paru le 25 Février 2010 dans Le Courrier

FUSION - Le plan social de La Poste s’attire les foudres des facteurs d’express de Genève qui, excentrés, peineront à se reclasser dans l’entreprise.

La fusion d’ExpressPost dans PostLogistics passe mal à Genève. Les coursiers d’express du bout du lac réagissent vivement au projet du géant jaune de liquider 30 emplois en 2010 sur les 70 que compte le canton. Bernard Bohême, leur délégué, l’a réaffirmé mercredi à Berne lors de la réunion du Groupe de travail national PostLogistics SA du Syndicat de la communication. Au niveau du pays, le regroupement des deux entités de La Poste biffe une centaine d’emplois sur 260 équivalents pleins temps. «C’est la colère parmi les facteurs d’express», résume le militant, à son retour de Berne. «La direction nous a convoqués le 16 février pour confirmer la perte d’emplois et nous parler d’un pseudo-plan social. Deux jours après, les collègues se sont spontanément réunis, sans le syndicat, pour envisager des réactions.» L’annonce de cette restructuration avait déjà provoqué en novembre 2009 une assemblée générale des coursiers à Fribourg, où 125 salariés sur un peu plus de 300 s’étaient rendus, rappelle le président national des facteurs.

Le mécontentement est provoqué par les pertes d’emplois, mais aussi par le plan social proposé par La Poste, «qui n’est pas terrible-terrible». Pour aider au reclassement des personnes touchées, un programme d’accompagnement de quatre mois est prévu afin de soutenir les recherches d’emplois, de faciliter les déménagements ou de contribuer aux frais de transports jusqu’à la nouvelle place, raconte le militant. «Mais avec le taux de chômage à Genève, ce sera difficile de trouver du travail, estime M. Bohême. Et à l’interne de La Poste, ce sera aussi difficile. La distribution des lettres, PostMail, liquide aussi des emplois, et depuis Genève, qui est excentré il n’y a pas de possibilité plus proche que Daillens, à septante kilomètres.» La situation est différente au centre du pays, évalue le coursier: «Depuis Lausanne ou Berne, davantage de possibilités de reclassement existent dans un rayon acceptable.» En cas de congé, le plan social laisse également à désirer, soutient le militant: «Pour éviter de devoir licencier, La Poste voudrait provoquer des départs prétendument volontaires. Pour cela, elle offre une prime dégressive, de 25 000 francs à quelqu’un qui partirait avant fin mars, de 20 000 francs à fin avril et plus que 10 000 francs pour un départ en octobre.» Mais l’ancienneté dans l’entreprise n’est pas prise en compte. Le syndicat réclame l’ajout à ces sommes d’un montant complémentaire de 2000 francs par année de service. La seconde revendication du Syndicom concerne les coursiers retrouvant un emploi au sein de PostLogistics, poursuit Bernard Bohême: «Actuellement, un facteur d’express travaille 42,5 heures par semaine tandis qu’un employé de PostLogistics bénéficie de la convention collective de La Poste, travaille 42 heures et gagne 500 ou 600 francs de plus.» Pour le syndicat, les conditions de travail des coursiers repris devront être alignées sur le haut. «Sinon, l’explosion sera forte», promet le militant.

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