EAU – En 2000, l’ONU annonçait ses Objectifs du millénaire pour le développement. Ils
avaient pour but d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres de la planète. Dix ans
plus tard, 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans meurent encore chaque année, victimes
d’une eau insalubre et du manque de services d’assainissement.

L e rapport (1) conjoint de l’Organisation mondiale de la santé  (OMS) et du Fonds des nations-unies pour l’enfance (UNICEF) fait le point sur la situation en matière d’eau potable et d’assainissement, dix ans après l’adoption des Objectifs du millénaire pour le développement. Il
commence sur une note positive:  «L’objectif de réduire de moitié la population mondiale sans accès à l’eau potable en 2015 devrait être atteint».

Il n’en reste pas moins que, en 2010, 884 millions de personnes (13% de la population mondiale) n’ont pas d’accès à l’eau potable. Un chiffre en recul, avant tout grâce aux progrès enregistrés en Inde et en Chine. Ces deux pays totalisent 47% des personnes ayant gagné l’accès à l’eau potable entre 1990 et 2008. 37% des personnes sans accès à l’eau potable se situent dans l’Afrique sub-saharienne. Leur nombre est cinq fois plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines.

Assainissement manquant
On est loin du compte en ce qui concerne les services d’assainissement de base: 2,6 milliards des personnes (39% de la population mondiale) manquent de services d’assainissement de base – qui permettent d’éviter d’entrer en contact avec des déchets fécaux. Si le rythme de développement des services d’assainissement ne s’accélère pas, 2,7 milliards de personnes en seront privées en 2015. L’objectif du millénaire avait pour objectif de réduire leur nombre
à 1,7 milliard.

Le nombre de personnes réduites à déféquer à ciel ouvert est en baisse. Il représentait 25% de la population mondiale en 1990; 17% en 2008. Mais il reste 1,1 milliard de personnes qui, en raison du manque d’infrastructures, doivent déféquer dehors. 81% se retrouvent dans dix pays: Inde,
Indonésie, Chine, Ethiopie, Pakistan, Nigéria, Soudan, Népal, Brésil, Niger. Cette pratique a baissé dans le milieu rural, mais elle a légèrement augmenté en milieu urbain.

Massacre chronique

Selon le rapport, le manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène affecte la santé, la sécurité, la vitalité et la qualité de vie des enfants, touchant d’abord et surtout les femmes et les jeunes filles. L’eau insalubre ainsi que des mesures d’assainissement et d’hygiène insuffisantes coûtent chaque année la vie à près de 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans.

Les personnes vivant en milieu rural sont plus touchées. Sur dix personnes qui n’ont pas accès à un assainissement de base, sept vivent dans une zone rurale. Plus de huit sur dix de celles qui n’ont pas accès à des sources d’eau potable améliorées. Les différences d’accès recoupent les inégalités sociales: en Afrique subsaharienne, les plus riches ont deux fois plus de chances de disposer d’une source d’eau potable améliorée et presque cinq fois plus d’utiliser des installations d’assainissement de qualité satisfaisante.

Inégalités sociales et de genre

Les femmes et les filles paient un tribut particulièrement lourd à cette situation: dans deux tiers des familles qui n’ont pas accès à l’eau potable dans leur maison, ce sont les femmes qui passent des heures à transporter l’eau. Dans 12% des cas, ce sont des enfants. Cela empêche certains de suivre l’école. Les femmes peuvent être exposées à des agressions et des viols quand elles doivent chercher l’eau dans des zones éloignées.

Comme le souligne Maria Neira, qui dirige à l’OMS le Département santé publique et environnement: «Sans eau potable et sans assainissement, on ne peut développer aucune
base de santé publique. Si nous ne changeons pas cette situation, nous ne sortirons jamais ces populations de la pauvreté». Et le massacre silencieux des personnes privées de l’accès à ces besoins de base continuera.

GZ / Services publics

(1)OMS/UNICEF: Progress on sanitation and drinking water – 2010 update.