Le Courrier / MICHAËL RODRIGUEZ
Vaud RÉINSERTION - Les défenseurs des chômeurs critiquent les méthodes «brutales» de l’agence de placement Ingeus et son «inutilité».
Implantée à Lausanne depuis quatre mois, l’agence de placement Ingeus essuie ses premières critiques. L’Association de défense des chômeurs (ADC) et le député Nicolas Rochat ont dénoncé hier en conférence de presse «l’inutilité» et l’opacité du mandat confié par l’Etat de Vaud à la multinationale australienne.
C’est grâce à une subvention de 3,8 millions par année pendant trois ans qu’Ingeus a pu ouvrir une filiale en terres vaudoises. Le Service de l’emploi lui sous-traitera le suivi de 2250 demandeurs d’emploi. Pour chaque personne réinsérée, Ingeus touche une prime dont le montant est tenu secret.
Pour tenter d’en savoir plus, l’ADC a fait une visite inopinée dans les locaux d’Ingeus à Lausanne. La conférence de presse d’hier a été improvisée dans le hall d’entrée de l’entreprise, à la grande surprise du personnel. Mais les responsables de l’agence ont refusé de dévoiler le contenu du contrat signé avec le canton. Du côté du Service de l’emploi, on ne se montre pas plus disert. «Le contrat entre le Service de l’emploi et Ingeus est un contrat commercial qui n’est pas public», écrit le chef de service Roger Piccand en réponse à nos questions.
Invoquer le secret des affaires dans le cadre d’une politique publique: l’argument inquiète les défenseurs des chômeurs. «On fait du commerce sur le dos des chômeurs!», critique Christine D’Onofrio, de l’ADC. «S’il s’agit d’un contrat commercial, pourquoi n’y a-t-il pas eu d’appel d’offres?», s’étonne le député socialiste Nicolas Rochat, auteur d’une interpellation au Grand Conseil.
Propos désobligeants
Les défenseurs des chômeurs fustigent la «brutalité» des méthodes d’Ingeus. «Au lieu de s’en prendre au chômage, on s’en prend aux chômeurs», témoigne un demandeur d’emploi qui, après deux rendez-vous chez Ingeus, a pu sortir du programme. Cet ancien chef d’entreprise dit avoir été la cible, dès son premier entretien, de la suspicion et de propos désobligeants de sa conseillère, tels que: «Vous êtes incapable de vous remettre en question» et «Cela fait déjà un an que vous êtes au chômage».
«Ce n’est pas la philosophie de l’entreprise, se récrie Daniel Sieber, directeur d’Ingeus Suisse. Notre méthode est basée sur la coopération entre les candidats et les conseillers.» Le directeur dit prendre au sérieux ces critiques, qui seraient néanmoins isolées. «Nous allons parler avec le conseiller concerné», ajoute-t-il. Selon les défenseurs des chômeurs, le suivi effectué par Ingeus est une coquille vide. «Il y a pas de cours, pas d’aide au placement, pas d’aide à la recherche d’emploi», lance Christine D’Onofrio. «Nos conseillers font de la prospection auprès des entreprises pour aider les candidats à retrouver un emploi stable et durable», assure Daniel Sieber. En revanche, même si la mesure est présentée comme un «cours» par les Offices régionaux de placement, Ingeus ne propose pas de véritable formation. «C’est un terme générique utilisé par le Service de l’emploi, commente Daniel Sieber. Mais il ne s’agit pas à proprement parler d’un cours».
Le programme s’adresse à des chômeurs de longue durée, et il peut leur être imposé. Pendant six mois (neuf mois pour les personnes touchant le Revenu d’insertion), ce n’est plus l’ORP mais Ingeus qui se charge du suivi des demandeurs d’emploi concernés, à raison d’un rendez-vous par semaine. I
Je bénéficie des prestations d’Ingeus depuis 2 mois et demi. Je peux dire, après expérience vécue, que ces messieurs font un travail d’accompagnement des plus intéressants et que personnellement je suis très satisfait de leur démarche.Je me permets de rappeler à certains bénéficiaires de la mesure INGEUS que la tâche des intervenants n’est pas de trouver des postes de travail à votre place, mais de nous informer et de nous donner les outils nécessaires à une meilleure démarche de recherches d’emploi.Divers ateliers sont mis en place pour redonner confiance, ambition et motivation à des personnes, qui comme moi et beaucoup d’autres, ont perdu les repères indispensables à une remise en question et à une réadaptation au marché du travail.Quant aux éternels insatisfaits, je me permets de leurs faire remarquer qu’ils ont l’opportunité et la chance d’être dans un pays dans lequel on donne des moyens aux sans emploi et autres bénéficiaires d’aide sociale et A.I. de ré-intégrer dans l’honneur et la dignité la vie sociale et professionnelle.Il est facile de critiquer , au lieu de ça, je préfère remercier et adresser toute ma reconnaissance aux autorités de ce pays pour sa politique sociale et à Ingeus pour ses compétences, sa compréhension, son urbanité et la gentillesse de ses collaborateurs.Mr Maffli Olivier. RENENS.