Votations du 26 septembre 2010
Une affiche électorale… ? Tiens… ! Plantée sur le trottoir, face à une pub format mondial, je me retrouve soudain désorientée. Pourquoi ?.. J’ai pourtant l’habitude. Mais cette fois, j’avoue, je ne comprends pas. Alors je m’arrête pour de bon, je me retourne et j’observe.
Ourlée et ponctuée d’un rose rouge, à la limite des couleurs de la gauche, l’affiche proclame : « Dites oui à un Tribunal de beaux… » Et plus bas : « juste et accessible. » C’est exactement ce que souhaite, j’irai donc voter oui. Stop, quelque chose cloche. Puis…oups ! J’y vois de nouveau claire. L’affiche me trompe. Car c’est un non que je mettrai dans l’urne le 26 septembre. Non à la fin de la gratuité du Tribunal des baux, non à cette contre-réforme proposée par les milieux immobiliers. En effet cette gratuité qui dérange les propriétaires est justement un garant d’équité.
Quant au responsable de l’affiche, il signe courageusement: www.tribunaldesbaux.ch. Un label qui ne veut rien dire mais qui parachève l’illusion. Les milieux immobiliers avancent donc masqués.
Suggérer le oui sous les couleurs du non c’est - en psychologie - casser toute logique, pour mieux pousser l’interlocuteur à la folie et partant prendre le pouvoir sur lui (ou elle). Le piège est archi connu. Utiliser cet arme en politique, c’est inciter l’électeur à la méprise ou à l’abstention, en tout cas le duper. Il ne s’agit même plus d’idées ou d’opinions politiques mais d’une publicité mensongère, d’un vulgaire trucage.
C’est aussi jouer sur l’ambigüité inhérente aux questions libellées sur notre bulletin de vote.
Certes la manipulation est l’une des ficelles du pouvoir, sauf que cette fois, l’histoire est grave : Normalement une telle affiche devrait tomber sous le coup de la loi, la publicité mensongère étant interdite. Démocratiquement, les votations devraient être annulées. En d’autre terme, rien n’est plus normal, ni démocratique. Plus que jamais, la droite, ou plutôt une certaine droite profondément malhonnête, prend les électeurs pour de imbéciles, se moque de nos lois et de nos institutions. Tout est bon pour gagner ou protéger son fric. Il semble que ces gens-là vont à chaque fois un peu plus loin, histoire de voir jusqu’où ça marche et surtout de gagner du terrain.
A ce petit jeu, la prochaine étape serait –pourquoi pas- le bourrage d’urnes, et peut-être que finalement nous n’aurons même plus besoin de votation…En poussant le raisonnement un peu loin, nous pourrions nous imaginer dans ce qu’on nomme une dictature ou dans un pays qui n’existe plus. Est-ce cela que veut la droite en grignotant peu à peu les services publics ? Ou plutôt cette droite là car il y eut par le passé une droite intelligente.
Reste une lueur d’espoir. Ces grands croyants de l’ultralibéralisme ont déjà été si loin dans ce domaine, qu’ils se retrouvent à court d’arguments. Ne sachant plus quoi dire pour être crédibles, ils en arrivent à imiter - pour mieux le détourner- le discours de gauche. Vu sous cet angle, cette affiche est aussi une bonne nouvelle !
Elisabeth
La question qui est posée aux électeurs à chaque votation est toujours libellée selon le même schéma, fixé par la loi.
À savoir, “Acceptez-vous la loi ….”. Dans le cas présenté ici, il s’agissait d’une nouvelle loi sur le Tribunal des baux, voulez-vous la nouvelle loi, votez oui, voulez-vous garder l’ancienne loi, votez non (à la nouvelle loi, puisque c’est elle que l’on est appelé à voter).
C’est pourtant simple. Et surtout c’est toujours le même mode de faire qui est employé.
Ce qui est simpliste et mensonger c’est de réduire ce scrutin uniquement à la gratuité ou non dudit tribunal. On ne vote pas que là-dessus, mais sur un texte complet. Poser la question uniquement selon l’angle de la gratuité induit en erreur le citoyen, mais en aucun cas poser la question de la manière prévue par la loi est induire le citoyen en erreur.