Les habitants ont prise sur leur destin via les contrats de quartier

Paru le Mercredi 15 Septembre 2010 dans Le Courrier
Rachad Armanios

Genève : Démocratie participative - Les contrats de quartier débouchent sur des projets concrets, issus de la population.
On peut déplorer que les Forums sociaux mondiaux brassent parfois des idées qui en restent à l’état d’utopie. C’est tout le contraire avec les contrats de quartier, initiés il y a dix-huit mois au Grottes et à Saint-Gervais. Car ce concept de démocratie de proximité, grâce auquel l’administration favorise la participation des habitants pour améliorer leur cadre de vie, a germé dans l’esprit d’élus genevois lors du forum de 2001 a Porto Alegre, au Brésil.

Hier, Sandrine Salerno, Rémi Pagani et Manuel Tornare, trois conseillers administratifs de gauche, invitaient la presse pour dresser un bilan positif des deux contrats de quartier pilotes, puisqu’ils se traduisent déjà par des réalisations concrètes. Les élus ont en outre émis leur volonté d’étendre le concept ailleurs, en particulier aux Pâquis où les habitants sont demandeurs. La conférence de presse d’hier n’avait rien à voir avec les prochaines élections communales, a juré Manuel Tornare…
Mais au fait, c’est quoi un contrat de quartier? Rémi Pagani, au front de la lutte pour la défense des Grottes il y a trente ans, explique qu’ils permettent aux habitants de ne plus être confinés dans l’opposition après avoir été mis devant le fait accompli. La concertation puis la participation aplanissent en amont les blocages. Les contrats de quartier rapprochent aussi l’administration de la population, qui la considère souvent comme une «usine à gaz».
Avec des fonctionnaires de l’administration municipale, habitants, commerçants et associations, mieux aux faits de leurs besoins, élaborent des projets, dans des domaines comme la mobilité, la sécurité, les questions environnementales ou de sociabilité. «On n’accepte pas tout, il y a des idées trop onéreuses et d’autres qui dépassent la compétence communale», explique Manuel Tornare.
Des commissions et des groupes de travail désignés lors d’assemblée ouvertes à tous élaborent une feuille de route après avoir établi un diagnostic des besoins. L’assemblée de quartier puis le Conseil administratif avalisent alors la feuille de route. Tout ce processus représente des milliers d’heures de travail bénévoles et des dizaines et des dizaines de réunions.
Les Grottes inaugurent ainsi aujourd’hui un nouveau marché, né en quelques mois, qui répond directement au voeu de la population. Favorisant le consensus, la concertation de la base a permis de mettre la rue des Gares à sens unique. Un lieu d’échange d’objets encombrants est également à l’étude. Le contrat de quartier de Saint-Gervais-Seujet-Voltaire étudie par exemple la faisabilité d’un système de caddie service afin de réduire le trafic.
Pierre Antoni, président du contrat de quartier de Saint-Gervais, est ravi: «C’est la première fois qu’autant d’énergie est mise pour tenter d’améliorer la vie de quartier, tout en incitant les habitants à être acteurs des changements.»
Les projets plus importants restent soumis au Conseil municipal. Il a ainsi renvoyé en commission mardi soir deux crédits d’étude, dont l’un concernant le réaménagement de la place des Grottes.
Malgré cela, Adrien Genecand, conseiller municipal radical, voit dans les contrats de quartier une façon de se substituer au Conseil municipal, lequel jouit de la légitimité des urnes contrairement aux premiers. «Ils ne sont pas représentatifs, mais réunissent les lobbies les plus puissants. Et puis, tout ce blabla pour quoi? Un marché, mis en place rapidement grâce au conseiller administratif de droite Pierre Maudet…» I

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