Qui vole ? Des employés ou la hiérarchie ?
On vole à la Poste! Du jamais vu! Des colis disparaissent, de l’électronique surtout. Plainte a été déposée, un présumé coupable trouvé.
Voler c’est moche, inexcusable, d’autant plus que cet acte révèle un parfait mépris de l’autre. Mais qui, à la Poste, montre l’exemple en matière de non respect d’autrui… fût-il son inférieur hiérarchique?
Sébastien, malgré une longue carrière dans l’institution, en a fait l’expérience. Assis dans le bureau du chef, dans lequel il vient d’être convoqué, il reçoit un choc. On lui annonce une baisse de salaire! Et pas des moindres: Il va perdre en gros 700 francs par mois! L’échelle des salaires a changé, son travail a fait l’objet d’une évaluation. C’est ce que lui dit son supérieur. Pris dans une telle situation, un employé, sous le coup de l’émotion, risque de signer sans discuter. Mais Sébastien est un battant, ses enfants sont élevés, il est proche de la retraite. L’intimidation n’a plus prise sur lui. En guise de réponse, il dégaine: «Si vous touchez à mon salaire et je vais tout raconter dans les médias!». Sa hiérarchie recule, et lui sauve sa paie et sa dignité. D’autres n’ont pas eu cette chance. Ils sont resté ébahi – c’est le but de la manouvre- et surtout ils ont encore charge de famille.
Sébastien se défend seul. Pourtant, il le sait, à part ne rien signer tout de suite, il faut surtout courir au syndicat pour se renseigner. Mais chez Sébastien, aujourd’hui, la colère l’emporte sur la diplomatie. Le harcèlement, qui accable trop souvent des salariés, le choque.
Ici, un cadre lance à la ronde: «Connaissez vous bien le marché de l’emploi ?». Sous entendu: Préparez-vous, les gars, on va en virer quelques uns.»
Là, des plus âgés sont poussés à la retraite anticipée, à coup de menace: «Attention, on peut encore baisser votre salaire» ou de sollicitude douteuse: «Pensez à votre santé, profitez de la retraite.» On fait pression sur des femmes à plein temps pour qu’elles réduisent leurs temps de travail: la Poste préfère, suivant, où les temps partiels, plus performants à ses yeux.
Des manières de truands ? Si au moins ! Non, tout simplement les nouvelles techniques de management. Des méthodes cruelles qui sont la conséquence de ce monde de la rentabilité à tout prix, indispensable pour des actionnaires affamés de fric.
Jusqu’à quand les salariés supporteront-ils, non pas leur travail mais, le joug du travail ?
Oui, voler nos colis, c’est moche. A par ça, si l’on veut des employés modèles, on commence par les respecter. C’est la base du service public efficace que nous réclamons.
Elisabeth Brindesi - Résistance
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