Sous prétexte de simplifier la vie des usagers, les transports publics vaudois augmentent de nombreux tarifs et empêchent l’utilisation des abonnements retraités avant 9h du matin. Avantages pour les uns et gros défauts pour les autres. Avec le développement de Mobilis, la Communauté Tarifaire Vaudoise avance pour mieux reculer – ou l’inverse…
« Vous changez de bus, de train, de métro, mais pas de ticket ». Les transports publics nous l’ont assez annoncé, la communauté Mobilis s’est étendue dans presque tout le Canton de Vaud depuis le 12.12.2010. L’avantage visé, c’est d’éviter l’achat d’un nouveau billet à chaque changement de moyen de transport. Le défaut, c’est qu’il faut concilier les tarifs d’une douzaine de compagnies, et que le mélange est parfois indigeste. Ainsi, aux automates CFF, il est désormais possible de prendre un billet de Lausanne à Epalinges en première classe. Cela coûte 2 francs de supplément, et vous risquez d’attendre longtemps la rame de métro avec un compartiment de première…
Les retraités relégués au second rang
De même, la compagnie de bus de la Riviera s’est opposée aux tarifs réduits pour les retraités, existants chez à peu près toutes les autres compagnies. Du coup, un compromis boiteux a été décidé : toutes les sociétés de transport auront un abonnement senior, mais valable à partir de 9h uniquement. Les Transports publics lausannois pratiquaient il y a de nombreuses années
des limitations d’horaire pour les retraités, et y avaient renoncé, les jugeant compliquées et inefficaces. Néanmoins, l’expérience sera reconduite au niveau vaudois, sans rapporter un sou de plus aux transports publics et sans désengorger les transports publics. En effet, les retraités ne sont pas nombreux dans les moyens de transport le matin, et s’ils les utilisent, c’est en général pour de bonnes raisons. La limitation d’horaire a d’ailleurs été ressentie comme une discrimination contre les retraités, et a suscité une levée de boucliers. L’AVIVO a lancé une pétition contre ces modifications, qui a obtenu 6’000 signatures en quelques semaines. Le Conseil communal de Lausanne a aussi voté une résolution pour que cette limitation soit abandonnée ; mais la Communauté Tarifaire Vaudoise a refusé tout changement jusqu’en décembre 2011. En attendant, le patron des CFF s’est montré très intéressé à l’innovation vaudoise, et a envisagé de la généraliser aux chemins de fer.
Tarifs unifiés mais plus élevés
La réforme tarifaire vaudoise représente une baisse des prix pour certains trajets et une explosion pour d’autres. Globalement, les personnes qui utilisaient plusieurs abonnements et des compagnies de transport différentes seront gagnantes (jusqu’à -27%). Par contre, les prix des trajets CFF augmentent, et les lignes de transport urbaines également. A l’extrême, les retraités yverdonnois paieront leur billet 50% plus cher, tout en se faisant imposer la limitation d’horaire à 9h du matin. Quant à ceux qui faisaient déjà partie de Mobilis, ils voient leurs tarifs augmenter d’environ 5% en moyenne. Avec cette réforme, on prend donc aux uns pour donner aux autres. Le Canton et les communes, eux, n’augmentent pas leur part de financement. Au final, Mobilis ne rend donc pas les transports publics plus attractifs, prend ses décisions sans transparence ni démocratie et apporte autant de complications que de simplifications.
Selon les derniers chiffres cantonaux, les Vaudois augmentent en moyenne leurs déplacements et recourent plus volontiers aux transports publics. Toutefois 75% des kilomètres se font encore en voiture. Il faut donc une claire augmentation des moyens alloués aux transports publics, pour permettre des infrastructures adaptées aux besoins.
Par ailleurs, il faut reconnaître l’importance de la mobilité en transports publics pour toute la population, et proposer des tarifs plus attractifs. En attendant des espaces de gratuité.
David Payot - Résistance janvier 2011
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