Les facteurs d’express ont opté hier pour une conduite modérée. Sur le plan de la circulation seulement, puisque leur manifestation «escargot» dans les rues de Genève leur a permis d’exprimer leur colère contre la perte d’une trentaine d’emplois sur soixante-quatre salariés. Arguant d’un recul des livraisons «porte-à-porte», La Poste voudrait supprimer une centaine d’emplois sur trois cents facteurs au total en Suisse. L’ensemble de l’effectif des coursiers au travail hier matin à Genève – environ trente-cinq employés – ont débrayé de 6 h à 9 h 30 et ont sillonné le centre-ville, au pas, dans vingt-huit camionnettes de La Poste décorées de banderoles revendicatives. Seuls les plis express pour l’Hôpital cantonal ont été livrés normalement.Ainsi, la caravane a traversé le pont du Mont-Blanc sur deux files à grand renfort de klaxons tandis qu’un important dispositif policier régulait la circulation. Sur de nombreuses routes, seule une présélection était libre, suscitant la grogne de certains automobilistes. En revanche, la gêne était «acceptable» pour les TPG. Selon un contrôleur, les trams ont bien circulé et certains bus bloqués dans le trafic ont pris 15 ou 20 minutes de retard.
Enfermés dans leurs véhicules, les manifestants communiquaient avec la population seulement par leurs banderoles. Toutes portaient le même slogan explicite «Le centre coursier de Genève, trente emplois supprimés», mais aussi des formules-choc du genre «Après 30 ans de service à La Poste, il me jette comme un kleenex». Si les automobilistes étaient gênés par le cortège, un coup de sonde auprès de quelques passants révélait une sympathie envers les postiers. Un employé de garage les encourageait «à ne pas se laisser faire». «Il faut se faire voir si on veut obtenir quelque chose», ajoutaient deux balayeurs.
Plan social à revoir
Au rond-point de Plainpalais, une dame se disait «prête à attendre un peu le tram» si cette manifestation pouvait contrer des pertes d’emploi. Dans le quartier des banques, un homme cravaté comprenait aussi que «trente licenciements les mettent à cran» et, juste à côté, un jeune témoignait de sa propre situation: «A mon travail, c’est un peu pareil, sauf que nous, on ne réagit pas». Vers 9 h, tous les camions étaient rentrés à Montbrillant et, fiers de leur action, les facteurs plaisantaient en buvant le café: «Le géant jaune ne rit pas aujourd’hui».
Attaché de presse de l’entreprise, Mariano Masserini reconnaissait hier après-midi «des retards dans la distribution à Genève». Mais pour lui, cette manifestation «fait partie du jeu» du partenariat. «En employeur responsable, La Poste a négocié un plan social et des mesures d’incitation au départ afin d’assurer le regroupement d’ExpressPost dans PostLogistics en évitant au maximum les licenciements», relève le porte-parole. A Zurich et Winterthur, précise-t-il, des employés y ont déjà eu recours, démontrant qu’elles sont «bien reçues par le personnel». Il s’agit d’une prime de départ de 25 000 francs pour un congé donné par l’employé en mars.
Quant au plan social négocié avec le Syndicat de la communication, il prévoit par exemple la retraite dès 62 ans, la prolongation de délais de résiliation, un appui à la recherche d’un nouvel emploi ou des aides au déménagement, énumère M. Masserini. Mais cela ne suffit pas à la section genevoise du syndicat. Selon son président, la retraite dès 60 ans doit être offerte au personnel de toute La Poste pour libérer davantage de places et la prime de départ doit monter à 35 000 francs, additionnée de 2000 francs par année d’ancienneté. «On reviendra», promettaient hier les facteurs en reprenant le travail.
Le Courrier, Michel Schweri, 12 mars, 2010
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