Tutelle : un projet bien maigre

Fini les tuteurs « désignés volontaires » ? Pas du tout ! Le projet que présente le Conseil d’Etat au Grand conseil vaudois confirme cette bizarrerie vaudoise : Si vous êtes désigné comme tuteur ou tutrice d’une personne en difficulté, vous êtes obligé d’accepter.
Notre canton est le seul à pratiquer ce système. Partout ailleurs, il est fondé sur un réel volontariat. Mais chez nous, d’un clic, vous devenez comptable, assistant social bénévole, ou presque, parce que vous êtes nommé tuteur.

« Soyez solidaire », ordonne l’Etat ! Hélas, personne n’a jamais été altruiste sur commande. Pourquoi est-ce vous et non un autre ? Personne ne vous l’explique Pourtant le choix du tuteur n’est sûrement pas tiré à la courte paille. Quant aux tutelles des gens fortunés, elles sont confiées à des professionnels, notaires ou avocats. Pourquoi pas à l’Etat ? Parce qu’elles rapportent de l’argent…

Une nouveauté avec ce projet: les « cas lourds » tels que violence, dépendances de toutes sortes, marginalisation profonde, sont confiés désormais à des professionnels. Bravo! Il était temps de sortir du XIXe siècle ! Mais pour toutes les autres situations – soit la majorité - rien ne change. Comme si les autres cas étaient faciles. Des cours existent mais les tuteurs et tutrices bénévoles ne peuvent les suivre qu’en prenant sur leur temps libre et sans défraiement. Pourtant ils ne suffisent pas à la demande, les places manquent.

Le projet du Conseil d’Etat est maigre; dommage, car les idées ne manquent pas. En effet, les tuteurs privés, qui partagent leurs expériences au sein du groupe Action tutelle, ont des propositions. Mais… ils n’ont pas été invités à l’élaboration du projet alors qu’ils se sont mis à disposition du groupe de travail comme personnes de terrain.

Action tutelle demande depuis longtemps plus de postes à l’Office du Tuteur général. Il en recevra cinq supplémentaires, d’après ce rapport. Le Département de l’intérieur ne peut en rester là, d’autant plus que - selon un sondage réalisé parmi les lecteurs de 24 heures - une majorité de Vaudois et Vaudoises sont opposés aux tutelles forcées.

Elisabeth Brindesi dans Résistance de février 2011

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