Vigousse n° 50, 18 février 2011
Madeleine, Suissesse, vit à Lausanne avec son époux d’origine marocaine. Par mandat postal, elle envoie de temps en temps de petites sommes à ses beaux-parents, dans un hameau reculé du Maroc où ils n’ont ni compte bancaire ni compte postal. Il y a 10 jours, Madeleine se rend donc au guichet de la poste des Bergières avec 300 euros durement économisés. Surprise :
le mandat coûte désormais 40 francs quelle que soit la somme expédiée.
Auparavant, c’était 12 francs ; mais pour les clients dépourvus de compte PostFinance, c’est 40 francs, c’est comme ça. Madeleine obtempère. La préposée sort un formulaire et entame un interrogatoire serré, sur un ton inquisiteur :
– A quoi servira cet argent ?
– Ben… c’est pour aider mes beaux-parents… dit Madeleine, gênée. La guichetière parle très fort et toute la file d’attente profite du dialogue. Bravo la discrétion postale.
– Quel lien avez-vous avec le destinataire ? brame la postière.
– Mais c’est mon beau-père, vous voyez sur ma carte d’identité que je porte le même nom que lui…
– D’où provient l’argent que vous envoyez ? Etc.
Madeleine demande si à l’avenir elle pourrait remplir elle-même le formulaire : non. Elle repassera donc à chaque fois cet oral, voué à prévenir on ne sait quel trafic. Comme si les filous qui transfèrent des fortunes aux Caïmans passaient par le guichet
postal… D’ailleurs, si Madeleine et son beau-père avaient un compte, elle pourrait envoyer des sous d’un simple clic.
A La Poste, il faudrait plutôt des claques.
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