Polémique | La mise à l’enquête de dispositifs d’insonorisation ne tient pas compte de la modernisation étudiée de la ligne Lausanne-Genève
«Quand on m’a raconté que les CFF voulaient construire des murs antibruit à la place de la troisième voie, j’ai pensé que c’était un gag.» Présidente des libéraux vaudois, Catherine Labouchère n’en revient toujours pas. Le transporteur a mis à l’enquête le 16 août dernier une multitude de dispositifs d’insonorisation entre Founex et Gland. Particularité de ces 7,5 kilomètres au total de parois diverses: elles doivent voir le jour à quelques mètres des rails. Du coup, elles empiètent sur l’espace nécessaire à la construction de la fameuse troisième voie La députée de Gland défendra mardi une interpellation au Grand Conseil. Les murs antibruit sont déjà assurés de faire un boucan d’enfer au niveau politique.
«Volonté du peuple»
De leur côté, les CFF plaident non coupables. Selon eux, les murs antibruit doivent être construits à proximité immédiate des deux voies actuelles pour être efficaces. Le transporteur affirme surtout ne pas avoir le choix. «Nous sommes obligés de respecter la loi et d’engager ces travaux exigés par l’Office fédéral des transports», explique Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Tant pis si cet investissement, devisé entre 15 et 20 millions de francs, doit être rasé dans quelques années pour faire place aux infrastructures indispensables à l’augmentation de la capacité Lausanne-Genève.
«Nous respectons la volonté du peuple, qui avait voté des mesures de protection contre le bruit», explique Florence Pictet, porte-parole de l’Office fédéral des transports (OFT). Lors de la même votation, en 1998, les Suisses avaient surtout accepté dans le même paquet les Nouvelles transversales alpines et Rail 2000. Un projet qui prévoyait notamment une forte amélioration de la capacité entre Lausanne et Genève. Une promesse de troisième voie toujours pas tenue.
Ironie de l’affaire, la mise à l’enquête des murs antibruit avant la fin de l’étude financée par les cantons de Genève et de Vaud sur la modernisation de la ligne. Si une troisième voie intégrale entre Lausanne et Genève n’est plus d’actualité, ces réflexions prévoient d’en réaliser de longs tronçons, et même peut-être des bouts à 4 voies. Etait-il urgent de réaliser les murs antibruit?
De l’aveu même de l’OFT et des CFF, cette démarche ne répond pas à des plaintes, mais à l’exigence de mettre le réseau ferroviaire suisse aux normes décrétées par l’Administration fédérale avant 2015. A condition que les voisins ne multiplient pas les plaintes contre ces installations souvent décriées pour leur esthétisme.
«Tout le monde parle de cette troisième voie, et c’est même une quatrième qui sera indispensable à terme, s’agace Catherine Labouchère. Comment les CFF peuvent-ils se permettre de jeter de l’argent par les fenêtres au moment où ils veulent augmenter leurs tarifs pour financer les grandes infrastructures?» Les voyageurs des trains bondés entre Lausanne et Genève ont, peut-être, la réponse.
24 Heures, Mehdi- Stéphane Prin, 26 août 2011
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