Les économistes ne sont pas la solution, ils sont le problème

Il y eut une époque où, pour nous faire avaler des réformes économiques qui allaient contre le bon sens le plus élémentaire (comme par exemple d’importer massivement des produits chinois pour mettre au chômage les ouvriers français) on nous faisait miroiter le miracle économique américain. Si nous faisions bien ce qu’on nous disait de faire, et si on consentait à quelques sacrifices, nous arriverions à atteindre le rêve américain. Alain Minc nous vantait le monde merveilleux de la « mondialisation heureuse ». Tout le monde allait y gagner !

On ne savait pas à l’époque (parce qu’ Alain Minc se gardait bien de nous le dire), que pour maintenir leur train de vie insensé, les Américains, dont le niveau de vie réel était en chute libre, s’endettaient massivement.

Bizarrement, depuis le crash de 2008, alors que 48 millions d’Américains en sont réduits à se nourrir grâce aux bons de rationnement du gouvernement fédéral, on ne nous parle plus du modèle américain. Terminé, oublié. Le modèle à suivre maintenant c’est l’europe. Avec la même idéologie économique, la même arrogance, le même acharnement qui a conduit la majorité des Américains à la ruine et au dénuement.

Sachant que c’est l’application méthodique de la doxa libérale qui les a conduit là, et nous avec, on en vient à se demander si toute cette belle « science économique » dont on nous rebat les oreilles depuis les années 70 ne serait pas qu’un attrape-nigaud, un simple tour de camelot de foire pour nous faire les poches pendant que nous regardons ailleurs. La très grande majorité des Américains a beaucoup perdu mais une infime minorité a ramassé un immense pactole. L’argent n’a pas été perdu pour tout le monde. Et c’est bien la même chose chez nous.

L’économie est-elle même une science ? On peut se le demander. Puisque les économistes ont eu les mains libres pour faire ce qu’ils voulaient depuis 40 ans, comment se fait-il qu’il nous aient conduit directement à la faillite ?

De deux choses l’une : soit les gens qui nous dirigent depuis toutes ces années sont d’une rare incompétence, puisqu’ils auraient - avec une constance remarquable dans le temps - réussi à nous amener jusqu’au pôle sud en visant le nord, soit, et ce serait encore plus inquiétant, ils nous ont mené en bateau depuis tout ce temps et le résultat auquel nous arrivons aujourd’hui n’est que la suite logique de toutes les décisions qui ont été prises depuis. A voir la courbe de la dette qui n’a pas cessé de monter depuis 1974 (et ce n’est pas par hasard on y reviendra) on pourrait pencher pour la seconde solution.

Alors l’économie est-elle vraiment une science ? Comment le savoir ? C’est compliqué l’économie n’est-ce pas ? C’est technique… Mais au bout du compte, ce qu’il faut bien comprendre c’est que la technique ce n’est pas notre problème, c’est le résultat qui nous intéresse. Personnellement, je n’ai pas besoin de savoir comment fonctionne précisément mon four à micro-ondes - même si j’en ai une vague idée - pour faire chauffer de l’eau. Ce qui m’intéresse c’est que ça chauffe.

Les économistes (ils sont sensés savoir de quoi ils parlent) nous ont vendu la mondialisation, puis l’europe, pour tout un tas de bonnes raisons : l’europe devait faire baisser le chômage, nous mettre à l’abri de la spéculation financière, nous rendre plus compétitifs, etc. Et on s’aperçoit aujourd’hui que c’était du pipeau intégral ! Pas besoin d’avoir fait l’ENA. Aucun des avantages visés n’a été obtenu, bien pire, le chômage et la dette - devenue premier poste de dépenses de l’état - augmentent sans discontinuer depuis 35 ans, et nous serions maintenant au bord de la ruine, si l’on en croit notre propre premier ministre.

Alors comment ont-ils pu se planter à ce point ? L’économie n’est-elle qu’une pseudo-science ? Une sorte d’astrologie avec des oripeaux modernes qui nous aurait conduit dans le mur ?

Les sciences « exactes » permettent de définir des lois, et ce qui permet de vérifier qu’il s’agit bien de lois et de science, c’est que ces lois sont prédictives. Ainsi on peut prédire précisément quel sera le coefficient de la marée à Saint-Nazaire le jour de Noël 2014, quand aura lieu la prochaine éclipse de lune, et à quelle température l’eau bout au niveau de la mer, et ça marche à tous les coups. C’est pratique.

Alors l’économie est-elle prédictive ? Non évidemment. Personne ne peut savoir (à part ceux qu’on appelle justement les « initiés ») comment évoluera la bourse mettons demain. Montée ? Descente ? Crash ? Personne n’en sait rien. Par contre, la journée passée, les analystes seront nombreux à vous expliquer pourquoi « les marchés » sont montés, ont stagné, ou se sont pété la gueule.

C’est un peu comme si le météorologue de la télé vous expliquait quel temps il a fait hier. Même moi je peux le faire. Donc l’économie n’est pas prédictive à court terme.

L’est-elle à long terme, en se basant sur des quantités de chiffres qui neutraliseraient les hasards imprévisibles de telle ou telle réaction ? Non, évidemment, si l’économie était prédictive à long terme il n’y aurait pas eu le crash de 2008. Eh oui… Parce qu’on l’aurait vu arriver longtemps avant. Pourtant la crise de 2008 n’était pas un astéroïde qui s’est écrasé par surprise sur la planète financière. Et enfin si l’économie était prédictive on ne serait pas dans la situation économique catastrophique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.

Je me rappelle Jean-Pierre Gaillard annonçant quelques jours avant le crash de 2008 que le CAC40 atteindrait les 5000 points avant Noël ! Il est à 3000 aujourd’hui. Le magazine Investir titrait encore cette année avant les vacances sur la flambée du même CAC40 : Il fallait investir de toute urgence ! Juste avant que les cours s’effondrent cet été. Pas mieux qu’Elisabeth Teissier prédisant à DSK une année exceptionnellement chanceuse en 2011 !

Ecoutez les journalistes au QI de bulot de BFM, on se croirait dans Gargantua : pris dans le yoyo absurde des valeurs boursières ils se partagent entre pleurer comme des vaches parce que le CAC40 baisse et rire comme des veaux parce qu’il remonte. Tout cela n’a plus aucun rapport avec la réalité, à quoi ça rime ?

Alors on va me dire oui, mais ce sont des journalistes, ça n’a rien à voir, les économistes sérieux savent ce qu’ils font et bla bla bla bla. Mais où sont-ils ces gens sérieux ? Où donc étaient cachés tous les économistes compétents depuis 35 ans que la dette augmente et qu’elle nous conduit inéluctablement vers la faillite ? OU ETAIENT-ILS ?

Alors est-ce que l’économie est un tissu d’inepties ? Ou au mieux une science humaine, dont les impressionnantes équations serviraient de paravent à une psychologie du doigt mouillé et de la rumeur ?

Je crois que c’est pire que ça. Car même en se fiant au hasard, aux oracles ou à la cartomancie pour diriger le pays, il y a peu de chances que nous aurions subi une pareille déroute, puisque pour la première fois dans l’histoire, notre pays est ruiné alors que nous n’avons connu aucune guerre, aucune invasion, aucune catastrophe naturelle, aucune épidémie ! Comment a-t-on pu en arriver là ?

Il y a pourtant en économie des préceptes simples et de bon sens, que des dirigeants ont adoptés à certaines époques à la suite des catastrophes passées : comme par exemple aux Etats-Unis la loi anti-trust, puis après la crise de 29 la loi Glass Steagall qui interdit aux banques de dépôt d’aller jouer au casino financier avec votre salaire (loi qui a été abrogée ces dernières années). En France, après la guerre, le conseil de la résistance décida de nationaliser les banques, les moyens de production d’énergie, et tout ce qui était nécessaire à l’indépendance de l’état, puis de mutualiser la santé et les retraites. Ce fut la plus grande période de richesse pour notre pays.

Puis quelqu’un a trahi notre pays, il s’appelait Pompidou. Il nous a trahis en faisant voter le 3 janvier 1973 (pendant la trève des confiseurs) une loi interdisant à notre pays de se financer tout seul en empruntant auprès de la banque de France. Ce qui signifie que depuis ce temps-là nous avons commencé à emprunter sur « les marchés », et que la dette a augmenté chaque année depuis, ce qu’on commence à lire un peu partout ces jours-ci, mais qui avait été longtemps dissimulé. Sarkozy lui-même a déclaré qu’il n’y a pas eu un budget en équilibre voté depuis 1974 (soit un an après) , tout en se gardant bien de dire pourquoi évidemment, lui qui a initié il n’y a pas si longtemps une cérémonie à Montboudif, en hommage à Pompidou.

Mais qui sait que Georges Pompidou était, avant de devenir ministre de De Gaulle puis président de la république, fondé de pouvoir de la banque Rotschild en France ? Le renard est entré dans le poulailler par la grande porte, c’était en 1973.

Alors voilà à quoi a réellement servi l’économie depuis Pompidou : elle a été un rideau de fumée, une fable qui a permis de masquer le hold-up qui se passait sous nos yeux et de justifier à grand renfort de théories fumeuses l’escroquerie pure et simple dont nous avons été collectivement victimes. En 35 ans une infime minorité de banquiers, financiers, industriels, ont siphonné tout l’argent, se sont emparés des richesses de l’état par le biais des privatisations, ont détruit les structures et les lois qui nous protégeaient collectivement, organisé la ruine des classes moyennes et la spéculation sur l’immobilier, corrompu nos dirigeants et fait voter des lois qui leur donnent aujourd’hui les pleins pouvoirs.

Ils nous ont entraînés dans ce piège qu’est l’europe, dont le but est de démembrer nos états pour en extraire ce qui reste de démocratie, et retourner à un moyen-âge féodal des régions, tout en nous maintenant définitivement en esclavage par la dette, sous le haut-patronage de l’OTAN et du FMI. Il y a eu la Yougoslavie qui a éclaté, puis la Belgique, demain l’Espagne, l’Italie. L’europe finance les régions contre les états, avec notre argent.

Au bord du chaos le voile se dissipe, et nous commençons à entrevoir la triste réalité : nous sommes dirigés par des homems politiques qui ont laissé faire ça depuis 35 ans parce qu’ils y trouvaient leur intérêt personnel. Il y a des mots pour qualifier ça, et il est temps de les sortir du grenier, parce que ça fait longtemps qu’ils n’ont pas servi, ça s’appelle de la « haute trahison ». Une des premières choses qu’a fait le satrape Sarkozy en arrivant au pouvoir a été de doubler son salaire. Tout est dit.

En une semaine Papandréou s’enfuit, il est remplacé par l’ex patron de la banque centrale grecque, qui a aussi été prof d’économie à Harvard aux Etats-Unis ! Berlusconi est viré, il est remplacé par un ex banquier de la Goldman Sachs, la banque qui a truqué les comptes de la Grèce. Trichet - le patron de la BCE - s’en va, il est remplacé par un autre ex banquier de la Goldman Sachs.

Voilà nos nouveaux maîtres, ils sont tellement sûrs de leur pouvoir maintenant qu’ils n’estiment même plus nécessaire de se cacher.

Il n’est plus temps de s’indigner, il est temps de se révolter !

Agoravox

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