Association des Riverains de la Gare de Lausanne (ARGL)

Face aux CFF, des délogés en résistance

Lausanne L’agrandissement du nœud ferroviaire condamne des immeubles du chemin des Epinettes
La Ville, avec le canton et l’ex-régie, cherche une issue pour les habitants

«Nous ne voulons pas entraver le développement de la gare CFF de Lausanne, mais nous nous opposons à toute destruction de logements tant qu’on ne nous aura pas prouvé qu’il est impossible de faire autrement.» Le comité de l’association des riverains (ARGL) fait preuve de modération, attablé à un café du quartier des Epinettes. Là où les projets de l’ancienne régie fédérale risquent de bouleverser la vie des habitants.
L’ARGL a vu le jour au début du mois de septembre. Depuis, les esprits bouillonnent dans la rue, aux fenêtres et aux portes des bâtiments. Le relogement des locataires, qui pourraient être privés d’appartement, est au cœur du combat. La pénurie d’habitations exacerbe l’inquiétude ambiante. La Ville cherche à négocier une issue avec les CFF.

L’expansion du nœud ferroviaire lausannois, saturé par le boom démographique et économique de la région, devrait entraîner la démolition de cinq à six immeubles frôlant les rails, au sud de la gare, à la fois vers Genève et vers le Valais. Septante à quatre-vingt logements, entre le chemin des Epinettes à l’est et la rue du Simplon à l’ouest, seraient dans le collimateur, abritant quelque 250 personnes. Des commerces sont aussi condamnés. L’hôtel Lausanne Guesthouse and Backpacker sera démoli. La nouvelle du chantier, qui devrait démarrer en 2016 et être achevé deux ans plus tard, a été communiquée par les CFF au début du mois de juillet. Elle a suscité stupeur, appréhension et colère.

Il faut dire que les CFF, lors de la séance d’information, avaient quelque peu négligé l’avenir des riverains. En outre, les autorités cantonales et communales n’avaient pas été invitées. Ce qui avait surpris et contrarié. Depuis, le tir a été rectifié. Une réunion, instiguée par l’ARGL, rassemblant tout le monde est prévue au début du mois de novembre. Pour l’heure, les CFF ont entrepris de rencontrer individuellement chaque locataire.
Fabienne Naymark, membre de l’ARGL, explique: «Ils cherchent à redorer leur image. Ils veulent connaître nos attentes et nous rassurer.» Les exigences des riverains sont pourtant claires. Ils demandent des «conditions de location similaires à celles d’aujourd’hui, des logements à proximité des anciens et des loyers raisonnables». Ils souhaitent que le «quartier ne soit pas dénaturé». Mais la méfiance règne. «On a le sentiment que les choses vont plus vite que ce que l’on nous dit, résume Michael Hugentobler, un habitant. Les CFF déclarent que les plans sont à l’étude, mais on a l’impression que le projet est bien plus avancé.»

Djamileh Aminian, une autre riveraine, évoque «le bonheur de vivre là». Les maisons visées, des locatifs de quatre ou cinq étages avec jardins, irrigués par des ruelles tranquilles, abritent «des gens de toutes les couches sociales et de tous les âges», raconte Fabienne Naymark. «On se connaît les uns et les autres. Certains vivent ici depuis 30, voire 40 ans». Ces liens ont facilité le bouche-à-oreille, les conversations, puis la naissance de l’association.
Le futur Musée cantonal des beaux-arts, promis au nord de la gare, sur le site d’une ancienne halle aux locomotives, interpelle également les habitants. «Le projet va investir une parcelle de 22 000 mètres carrés, s’interroge Yannis Papadaniel, pourquoi des logements ne pourraient-ils pas être bâtis sur une partie du terrain?» Ou encore: «La gare de Lausanne est composée de huit quais, pourquoi ne pas en allonger que sept et éviter ainsi l’élargissement vers le sud?» Bref, les questions fusent. Dans le quartier, on attend des réponses rapidement.

D’emblée, Grégoire Junod, à peine élu et installé à la Municipalité de Lausanne (exécutif), souligne que le musée et l’essor de la gare «sont deux dossiers séparés». Et, de toute façon, la gare ne peut pas s’étendre au nord. Le responsable de la Culture et du logement en Ville de Lausanne insiste sur la volonté de créer «une cellule consacrée au relogement des habitants, dans le cadre d’une plateforme commune entre la capitale, le canton et les CFF». Lausanne «est prête à s’engager» pour trouver des solutions satisfaisantes, tout comme le canton. L’élu socialiste esquisse les contours d’une issue possible, encore au stade d’hypothèse. La Ville prendrait à son compte le sort des riverains. En contrepartie, la commune demanderait aux CFF de prévoir des appartements à loyer modéré sur leurs parcelles en friche dans l’Ouest lausannois. Appartements qui seraient proposés à tout le monde et pas seulement aux résidents des Epinettes. La discussion risque cependant d’être complexe. Car les CFF souhaitent valoriser au mieux leur patrimoine immobilier.

«Tout est encore à l’étude», prétend le transporteur national. Ce n’est qu’à fin 2012 qu’on y verra plus clair. Les plans d’extension de la gare de Lausanne – 1 milliard d’investissement environ – font partie de «Léman 2030», vaste projet de développement du rail dans la région. Les quais seront prolongés. Il faudra 420 mètres pour accueillir les futures rames à deux étages. Une quatrième voie entre Lausanne et Renens devra également trouver sa place. Bref, la gare s’agrandira vers le sud et s’étirera vers l’ouest en rognant sur les rues adjacentes. Les CFF s’apprêtent d’ailleurs à racheter les bâtiments qui pourraient lui barrer la route.

Le cas de la gare de Lausanne n’est pas unique. L’aménagement de Cornavin, à Genève, pourrait empiéter également sur des habitations (lire ci-dessous). «Entre 30 et 40 personnes ont dû être relogées» à Viège, en Valais, lors de la transformation en 2007 de la plate-forme ferroviaire, rappelle encore Fredéric Revaz, porte-parole des CFF. «Quatre bâtiments ont dû être démolis, dont un hôtel, une banque, des appartements et des commerces. Les habitants concernés ont retrouvé rapidement une solution de remplacement. Il n’a donc pas été nécessaire de mettre en place des solutions spécifiques.» A Lausanne, la pénurie de logements risque de compliquer singulièrement la tâche.

Historique et objectifs

Historique :

L’Association des Riverains de la Gare de Lausanne (ARGL) a été créée le 7 septembre 2011 afin de défendre les intérêts des riverains (locataires, propriétaires & commerçants) de la Gare CFF de Lausanne menacés d’expulsion, d’expropriation et de démolition, face aux projets d’extension des CFF entre Lausanne et Renens, planifiés dès 2015!

Cet avant- projet (à l’étude jusqu’à l’été 2012 ) n’ayant donné lieu à ce jour à aucune enquête publique ni à aucun plan d’urbanisme déposé, n’a pas empêché les CFF de faire procéder à des sondages géologiques aux ch. des Epinettes et à la rue du Simplon, du 13 au 17 juillet ct, ainsi qu’à une évaluation financière par leur département acquisitions & ventes des bâtiments 20, 22 & 24 du ch. des Epinettes.

ARGL se veut un interlocuteur crédible et fort, face aux CFF, au Canton et à la ville de Lausanne. Les politiques «de faits accomplis» et l’absence ce de communication étant vivement contestés. ARGL se réserve d’utiliser tous les moyens légaux à sa disposition pour que la voix et les signaux d’alerte des Riverains de la Gare de Lausanne soient entendus.

Nos objectifs sont les suivants :

1. ARGL s’oppose à toute destruction et à toute expulsion tant que les CFF et les autorités concernées n’auront pas apporté la preuve qu’aucune autre solution n’est envisageable et viable.

2. Si ces destructions s’avéraient inévitables, ARGL exige des CFF et des collectivités publiques une solution préalable de relogement des riverains dans la zone de la gare et dans des conditions similaires à leur situation actuelle.

3. ARGL exige la préservation de la qualité de vie, de l’environnement et de l’habitat qui prévalent actuellement dans les quartiers de la gare.

4. ARGL met tout en œuvre pour aboutir à un débat démocratique de fond permettant à la Ville de Lausanne et à ses habitants de définir ensemble l’aménagement du cœur de Lausanne dans le futur, actuellement gravement compromis par plusieurs projets immobiliers gigantesques.

3 commentaires à “Association des Riverains de la Gare de Lausanne (ARGL)”


  1. 1 Klaus 10 avr 2012 à 17:30

    Bonjour , je suis très touché par tous ses évènements car ne pas avoir un habitat est vraiment la déstabilisation de toute personne, un sujet intime et délicat.
    J’aimerais savoir si vous connaissez à proximité de Lausanne ou à Lausanne des adresses pour la défense de sans logements en suisse romande.

    Meilleurs salutations
    Klaus

  2. 2 Andrea Eggli 14 avr 2012 à 10:10

    Une des membres de notre comité a lu dans Le Courrier du 03.04 une brève info parlant d’un collectif “Droit au logement” à Genève (qui a protesté contre la fermeture des abris d’urgence à partir du 31 mars). Peut-être que le Courrier pourrait vous donner les coordonnées. Nous ne connaissons rien du genre à Lausanne ou dans le canton de Vaud, mais cela ne veut pas dire qu’un tel collectif n’existe pas. Peut-être que celui de Genève aurait des adresses.
    J’ai trouvé une adresse d’un site mais il est français
    http://www.droitaulogement.org/collectif-des-oublies-du-dalo.html
    Meilleures salutations,
    Andrea

  3. 3 Roux Sabine 26 avr 2022 à 10:30

    A l’attention de Monsieur Birbaumer

    Cher Monsieur Birbaumer,

    Nous nous permettons de vous contacter au sujet de notre grand projet du Quartier de la Rasude, situé à côté de la gare de Lausanne : la-rasude.ch

    Comme vous le savez certainement déjà, La SV Rasude (Mobimo et CFF Immobilier) est accompagnée, pour le développement de ce futur quartier par l’agence de communication Plates-Bandes.

    Dans ce contexte, plusieurs démarches participatives et des rencontres ciblées ont été et sont actuellement organisées avec différentes personnalités lausannoises ou suisses.

    L’objectif est de présenter ce nouveau quartier et d’échanger sur son développement ainsi que ses futurs usages.

    Toute la démarche est menée en lien étroit avec la Municipalité ainsi que Pôle Gare.

    La SV Rasude, représentée par Monsieur Olivier Rambert de Mobimo, souhaiterait vous rencontrer pour vous présenter le projet à votre meilleure convenance.

    Nous vous proposons de nous revenir avec une date qui vous conviendrait et d’ici là vous souhaitons, cher Monsieur Birbaumer, une excellente suite de semaine.

    Cordialement

    Sabine Roux
    Assistante du Département Développement
    Suisse romande
    _______________________________

    Mobimo Management SA
    Rue de Genève 7 - Case postale 999
    1001 Lausanne

    Tel. 41 21 341 12 60
    Mobile 41 79 777 80 16
    Mail sabine.roux@mobimo.ch

    www.mobimo.ch

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