CFF : Les usagers vont passer à la caisse

TRANSPORTS PUBLICS • Les tarifs augmenteront de 5,6% en moyenne dès décembre 2012, à commencer par les abonnements généraux et demi-tarif. La faute à la hausse du prix du sillon.

La pilule est amère pour les usagers des transports publics. Dès le 9 décembre 2012, ils doivent s’attendre à payer leurs déplacements en moyenne 5,6% plus cher. Annoncée hier par l’Union des transports publics (UTP) et motivée par la hausse du prix du sillon décidée par la Confédération, la mesure touche surtout les détenteurs d’abonnements généraux et demi-tarif. Les voyages en 1re classe sont aussi concernés en premier lieu.

La fidélité ne paie pas
Les usagers du rail les plus fidèles supporteront les plus fortes hausses. Dans le détail, les prix de l’abonnement général (AG) de 1re classe augmenteront de 8,1% en moyenne et même de 8,4% (de 5350 fr. à 5800 fr.) pour les plus de 26 ans. En 2e classe (+6,3%), l’AG pour les adultes coûtera dorénavant 3560 francs, au lieu de 3350.
L’abonnement demi-tarif, toujours aussi populaire avec ses 2,3 millions de détenteurs, est peut-être victime de son succès: pour une année, il coûtera 175 francs, contre 165 actuellement (+6,1%). Le demi-tarif pour trois ans connaît la plus forte augmentation de prix (+15%), de 400 à 460 francs. Ces catégories d’abonnement «présentent des recettes par kilomètre effectué comparativement faibles», justifie l’UTP.
Les cartes journalières sont aussi concernées, de même celles valables dès 9 heures. En revanche, le tarif pour l’abonnement «voie 7», qui permet aux moins de 26 ans de voyager gratuitement dès 19 h, reste inchangé. Idem pour les cartes Junior et les cartes petits-enfants.
Les billets de train vont aussi renchérir, mais dans une moindre mesure. Pour les billets de 2e classe dont le tarif n’avait pas été modifié en 2011, l’augmentation n’excède pas 4%. En 1re classe, par contre, il faudra débourser 7% de plus.

Un «cycle» inquiétant
Pour l’usager, l’augmentation des tarifs est un refrain connu. En décembre 2012, il s’agira de la troisième hausse consécutive après celles de fin 2010 (5,9%) et de fin 2011 (1,2%). «Ce saucissonnage des hausses est insupportable», réagit Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs (FRC). «Notre crainte est que ça se passe comme pour les primes maladie. Chaque année, on augmente un peu plus. C’est un cycle qui se met en place et qui inquiète les usagers.»
La branche des transports publics n’avait pas d’autre choix, a expliqué hier l’UTP. En août dernier, le Conseil fédéral décidait d’une hausse de 200 millions de francs par année du prix du sillon – la redevance que versent les compagnies de chemins de fer pour utiliser le réseau suisse. Un report intégral sur l’usager aurait fait grimper les tarifs d’environ 9%. Les entreprises de transport devront donc se serrer la ceinture et assumer elles-mêmes une partie des coûts supplémentaires grâce à «des gains d’efficacité», souligne l’UTP.
Aux CFF, un vaste programme d’économies est en cours. «D’ici à 2017, plus de 500 millions de francs seront économisés», précise Patricia Claivaz, porte-parole. Le programme de restructuration de CFF Cargo fait partie de ce processus.

Amélioration de l’offre
D’ici à 2018, l’UTP prévoit de nouvelles hausses atteignant au total 20%. Un abonnement général coûtera ainsi plus de 4000 francs. Prise au collet par des hausses de tarifs à répétition, la clientèle ne risque-t-elle pas de privilégier la route? «Je ne crois pas. On ne renonce pas aussi facilement au confort des déplacements en train», souligne Patricia Claivaz.
L’offre des transports publics augmente sans cesse, justifie Ueli Stückelberger, directeur de l’UTP. Ainsi, les CFF investissent 1 milliard de francs par an pour l’achat de nouveaux trains. «Sur l’axe Lausanne-Genève, des trains à deux étages seront rajoutés dans le courant de l’été. Ils assureront quasi intégralement le trafic Interregio», précise Patricia Claivaz.

Sous la loupe de M. Prix
Selon la procédure normale, l’UTP va maintenant entamer des discussions avec plus de 240 entreprises de transport concernées. Les nouveaux tarifs seront aussi soumis à M. Prix. «Nous les examinerons avec un esprit critique», promet Stefan Meierhans, le Surveillant des prix.
Mathieu Fleury, de la FRC, y compte bien: «M. Prix est notre rempart. Mais son rôle dans ce domaine est menacé. Il est important qu’on le maintienne comme dernière ligne de défense.» Cible du courroux de la FRC, la Confédération a décidé de la hausse du prix du sillon par voie d’ordonnance, sans s’en référer au parlement. «Au lieu de porter un grand projet national [le développement des infrastructures ferroviaires] avec ses finances, elle charge le bateau de l’usager-payeur», dénonce Mathieu Fleury.
Pour economiesuisse, en revanche, la clientèle devrait participer davantage aux coûts. La fédération des entreprises réclame même de nouvelles hausses du prix du sillon.

Bertrand Fischer, Le Courrier

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