CFF: Lutte des places entre Lausanne et Genève

La scène est désormais quotidienne: à Lausanne, des voyageurs en partance pour Genève s’amoncèlent sur le quai. Chacun cherche, en se faufilant parmi la masse des corps en attente, à se positionner à l’endroit où les portes du train s’ouvriront. Le convoi entré en gare, un spasme parcourt cette assemblée de circonstance: il s’agit désormais de jouer des coudes et du menton.

Il n’y aura pas de place assise pour tout le monde: chacun pour soi, Dieu pour tous, soupirs et noms d’oiseaux… Une marée humaine s’engouffre déjà dans la rame, tandis que les derniers passagers tentent, tant bien que mal, de s’en extraire.Un observateur averti constaterait qu’aux extrémités du quai, l’ambiance est toute autre: dans un calme olympien – une dignité, serait-on tenté de dire – leurs Eminences de première classe terminent paisiblement la lecture des pages financières du Temps avant de rejoindre l’atmosphère feutrée de leur compartiment privatif. Tandis que le bas peuple besogneux voyage pour partie debout, dans des conditions d’inconfort qui ne sont pas sans rappeler le XIXe d’un Dickens, quelques costumes trois-pièces et une poignée de tailleurs jouissent de l’espace et du silence que leur rang leur confère. Ici, pas de sonneries de portable pour troubler leur repos, aucun pleur d’enfant, nuls relents de hamburger-frites, juste des sièges rouges, moelleux et parfaitement inoccupés. Des sièges libres par wagons entiers! De quoi installer confortablement, ici son éminent postérieur, là sa serviette en cuir de vachette. Le voyage commencé, il ne manque plus, dans ces cossus espaces, que le plaisir de s’offrir une Bruyère ou un Havane. Les volutes parfumées n’accompagneraient-elles pas délicatement le défilement du Léman?En France, les chefs de train ont désormais la responsabilité de trouver une place assise à tous les voyageurs, y compris en les reclassant gratuitement en première. Compte tenu de la saturation des infrastructures aux heures de pointe, les CFF se doivent désormais de faire de même. Il n’y a aucune raison que les pendulaires soient contraints de voyager debout pour permettre à quelques prééminents usagers de se délasser, jambes allongées, mocassins à gland posés sur le siège d’en face…

Par Julien Sansonnens, 05 avril 2012, D.R. LausanneCités

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