Sanitas, Groupe Mutuel et Visana veulent faire passer à la caisse les aînés.
Trois parmi les plus grandes caisses maladie, Sanitas, Groupe Mutuel et Visana ont lancé une offensive sans précédent contre la solidarité dans l’assurance maladie de base entre malades et bien portants : elles veulent augmenter les primes des vieux pour soulager les jeunes. C’est ce qu’elles appellent « inverser la solidarité ».
Or, le directeur de l’Office fédéral de la santé, Pascal Strupler, trouve l’idée « intéressante » au point de créer un groupe de travail pour étudier cette proposition. Dans le quotidien Le Temps, il ajoute serein : « Cela implique un report de charges, mais nous ne sommes plus, aujourd’hui, dans une situation où les gens ne touchent que l’AVS. Il y a les caisses de pensions et une accumulation de biens. »
Voilà quelqu’un qui devrait pourtant être mieux renseigné. L’étude du professeur Wanner montre que 15,3% des retraités vivent au seuil de pauvreté et que pour 80% des rentiers AVS, cette assurance leur est absolument indispensable. En outre, toutes les études montrent que ce sont les derniers mois de la vie qui coûtent cher, quel que soit l’âge des personnes. A moins que Monsieur Strupler n’imagine que dès 65 ans tous les vieux deviennent déments et dépendants et coûtent, tous, des sommes faramineuses à la société ? Pourquoi ne songe-t-il pas par exemple à proposer plutôt la suppression de la prime pour les enfants ou mieux encore des primes selon le revenu ? Il préfère se couler benoîtement dans le sillage des assureurs…
Or, cette démarche des assureurs à laquelle les autorités paraissent prêter si attentivement l’oreille met en cause la base même d’une assurance sociale comme la LAMal. C’est la brèche qui devrait ensuite introduire l’idée qu’une assurance sociale doit se gérer comme une assurance privée où chacun paie selon ses coûts.
Ce sont les prémisses de la destruction de la solidarité dans notre société. Bien heureusement, il n’est jamais venu à l’idée des vieux de refuser de payer les écoles, la formation, les crèches. Une attitude qui doit faire bien rigoler les assureurs qui vont sans doute poursuivre leur démarche de destruction massive en suggérant aux automobilistes de ne pas payer les transports publics s’ils ne les utilisent pas ou même de refuser de payer l’éclairage public s’ils ne sortent pas la nuit….
La proposition des assureurs doit être combattue avec la plus grande énergie. Il en va de l’harmonie entre les générations et de la protection du principe du « vivre ensemble ».
Gauchebdo, vendredi 23 mars 2012, par Christiane Jaquet
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