YVES ROSSIER • Promu numéro deux du DFAE à partir du 1er mai, le Fribourgeois retrace plus de huit années passées à la tête de l’Office fédéral des assurances sociales. Interview.
Avec Yves Rossier, pas de langue de bois. Si la sécurité sociale sort la tête de l’eau après des années difficiles, ce n’est pas le directeur de l’Office fédéral des assurances sociales qu’il faut remercier: ce sont les migrants. More…A 51 ans, le Fribourgeois devient dès mardi secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. A l’heure de quitter l’OFAS qu’il dirige depuis février 2004, il se confie.
Pendant huit ans à l’OFAS, vous avez dû affronter une dizaine de fois le verdict des urnes. Votre plus grand succès?
Yves Rossier: Ce n’est pas ce que je retiens en premier. Il y a des sujets qui ne font pas l’objet d’un référendum, mais qui sont importants. Par exemple le nouveau numéro d’AVS: cet énorme travail nous a permis de faire le ménage dans les registres de la sécurité sociale, on a trouvé des tas de doublons, des prestations versées à tort ou qui auraient dû l’être. C’est l’exemple d’un projet pas très sexy, mais fondamental pour que le système fonctionne.
Des regrets, des échecs?
Pas vraiment. Les réformes en politique sociale, ce n’est jamais un champ de roses. Au-delà de nos frontières, ces réformes peuvent engendrer des grèves, faire tomber des gouvernements. En Suisse, c’est relativement calme. Si vous essuyez un refus devant le peuple, vous remettez l’ouvrage sur le métier.
Après le renouvellement du Conseil fédéral, vous n’avez pas été tenté de travailler avec Alain Berset?
Si, mais je n’ai pas eu le temps de me poser la question. Le secrétaire d’Etat Peter Maurer partait pour reprendre le poste de président du CICR. Après plus de huit ans à l’OFAS, je me suis dit: est-ce que je reste encore ici des années, au risque de devenir un jour un vieux grincheux qui colle à son siège, frustré, cynique, et qu’on ferait mieux de mettre dehors…
Vous avez votre carte du PLR. Le travail d’un responsable d’office est-il attaché à un parti?
Je ne crois pas. L’important, c’est le rapport de confiance et la qualité de travail que vous avez avec le conseiller fédéral qui est le «chef de file».
Des assurances sociales comme l’AVS, l’AI, l’APG ont retrouvé les chiffres noirs en 2011. Joli succès! Ce ne sont que des chiffres. C’est vrai que les assurances sociales en Suisse se portent bien. Mais cela s’explique par différents facteurs.
Prenons l’exemple de l’assurance-invalidité… L’AI est remise en selle grâce à toutes les révisions qui ont été faites et grâce au financement supplémentaire voté par le peuple. La dernière révision, actuellement devant le parlement, doit garantir que l’AI n’ait plus besoin de ce financement après 2018.
Et l’assurance-vieillesse?
Sa bonne santé actuelle est due à un seul facteur: la forte immigration qu’on connaît en Suisse depuis le début des années 1990. Tous les autres facteurs vont en sens contraire: le vieillissement de la population, le fait que les baby-boomers arrivent gentiment à la retraite… Sans les migrants, l’AVS aurait perdu des milliards chaque année depuis vingt ans. Le meilleur moyen de saccager l’AVS, c’est de limiter l’immigration, qui est une bénédiction pour la Suisse, et pas seulement pour les assurances sociales. Pensez à nos hôpitaux, homes médicalisés, universités, à nos entreprises en général.
Politiquement, c’est une idée difficile à faire passer dans le climat actuel…
Ce n’est pas une question politique. L’immigration, c’est le signe d’une société vivante, en bonne santé. Des sociétés en déclin démographique comme le Japon ou l’Allemagne ont certes moins de soucis de logement, mais sont confrontées à des problèmes bien plus graves.
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Le Courrier, Bertrand Fischer
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