Si les primes des caisses maladie font beaucoup parler d’elles, on peine souvent à les mettre en relation avec les coûts réels de la santé. L’Office fédéral de la statistique offre pourtant chaque année le fruit de ses calculs et relève, dans son communiqué d’avril, une réelle stabilisation des coûts de la santé.
La hausse pour 2010 ( 2,5%) est nettement inférieure aux cinq années précédentes (3,7%). Ainsi le pourcentage du PIB consacré à la santé est maintenu, comme en 2009, à 11,4%, vu la progression annuelle de ce même PIB.
Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les soins ambulatoires en milieu hospitalier qui connaissent la plus forte hausse, plus 9,5% , suivis par celle en cabinet médical, plus 3,2%. En revanche, on note un fort recul des dépenses de l’Etat pour la prévention, moins 2,8%, de même que pour le chiffre d’affaires de la vente de biens et de services, moins 1,6%. Cela prouve que la stabilisation est due en réalité à une diminution des prestations.
La LAMal assume à peine plus d’un tiers des coûts
Le coût global de tous ces milliards est généralement ventilé selon les agents de production : établissements sanitaires, soins ambulatoires, assurances sociales et Etat. Il est intéressant de noter que l’assurance de base, la LAMal, ne finance que 35,2% des 62,5 milliards, les caisses privées 6,5%, alors que l’Etat participe pour 18,9%. Les régimes de protection sociale comme l’AVS ou divers soins représentent 4,5%. Les ménages privés y vont pour 25,1 %, en plus des cotisations d’assurance maladie, des participations et des impôts.
Tous ces chiffres montrent donc clairement que 90% de la dépense sanitaire en Suisse est assumée par les ménages, sous la forme de cotisations aux caisses et aux assurances, les paiements directs comme les frais dentaires et les impôts. Cela relativise quelque peu les larmes de crocodiles des directeurs des caisses maladie si bien payés et si peu soucieux de faire diminuer leurs coûts administratifs !
Remise en cause de la solidarité
On constate aussi que ce n’est pas le principe de la LAMal qui est responsable de la hausse des coûts. L’augmentation avait commencé bien avant sa création. L’assurance maladie de base obligatoire a permis d’éviter une situation catastrophique pour les plus démunis ou encore pour les femmes et les personnes âgées, deux catégories qui étaient particulièrement victimes d’une sélection exacerbée des risques. En outre, la LAMal permet les planifications hospitalières rend à l’Etat le contrôle des assurances , des médicaments et de leurs prix.
Or, ce progrès incontestable est constamment remis en cause par les assureurs qui veulent imposer leur loi et prétendent même « inverser le principe de solidarité » qui fait que les bien portants paient pour les malades. Ils semblent même avoir l’oreille du directeur de l’OFSP, Pascal Strupler, du président de la conférence des directeurs de la santé, Mario Conti, voire peut-être aussi du Conseil fédéral. Or, on ne saurait se contenter de visions technocrates et individualistes dans notre société prospère et riche de ses générations. Car les humains sont faits pour vivre ensemble.
Gauchebdo, 11 avril 2012, Christiane Jaquet
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