Le salaire des chauffeurs diffère selon qu’ils sont employés par CarPostal ou par un sous-traitant. Une pétition a été déposée.
Le jaune des cars postaux fait partie du paysage suisse, mais certains de leurs conducteurs sont rouges de colère. Bien qu’ils travaillent tous sous l’emblème du géant jaune, ils ne reçoivent pas tous le même salaire.
Les uns sont employés directement par CarPostal et sont soumis à la Convention de travail pour les unités externalisées de La Poste; les autres sont employés par des entrepreneurs privés qui exploitent des lignes de bus pour le compte de CarPostal. La différence se traduit sur la fiche de paie. Selon le syndicat des médias et de la communication Syndicom, l’écart salarial peut atteindre 10 000 francs par an après douze annés d’ancienneté. Une vingtaine de conducteurs se sont rendus hier au siège de La Poste, à Berne, pour déposer une pétition réclamant l’égalité de traitement.
Un vieux problème
«Cette question n’est pas liée à la transformation de CarPostal en société anonyme, note le secrétaire central de Syndicom Heinz Suter. C’est un problème connu que nous tentons de régler depuis longtemps. Il y a actuellement quelque 1500 chauffeurs qui travaillent directement pour CarPostal et 1500 pour les sous-traitants. Nous voulons qu’ils soient tous soumis à la même convention collective. La pétition a été signée par plus de 800 conducteurs concernés.»
Ce ne sont pas les sous-traitants qui sont responsables de cette situation, mais CarPostal. «Je n’aurais aucune raison de m’opposer à une Convention collective nationale, explique Raymond Carrupt, directeur général de TMR (Transports de Martigny et Régions). TMR exploite plusieurs lignes de transport public pour le compte de CarPostal. Le personnel est engagé sur la base de conditions fixées par CarPostal, y compris sur le plan salarial.» Pour l’entrepreneur valaisan, c’est une façon pour la société de fixer des salaires régionaux, ce que ne permet pas la CCT de La Poste.
Cantons responsables
Le porte-parole de La Poste Oliver Flüeler confirme: «Il faut être compétitif pour les appels d’offre. Les conditions diffèrent selon les régions. Pour s’adapter au marché, il faut pouvoir faire preuve de flexibilité. Nous tenons cependant à engager les meilleurs chauffeurs et le personnel employé par les entrepreneurs liés à CarPostal est bien payé par rapport aux conditions de travail locales.»
Le problème est que les conditions salariales diffèrent dans une même région. En Valais par exemple, il y a 105 conducteurs qui travaillent directement pour CarPostal et 187 pour des sous-traitants. Dans la région «Ouest» de CarPostal (FR, NE, VD, JU et Jura bernois), ils sont respectivement 202 et 101. Selon Heinz Suter, les cantons ont leur part de responsabilité puisque ce sont eux qui lancent les appels d’offre et attribuent les mandats. «Ils favorisent l’offre la plus basse, ce qui se répercute sur les salaires.»
La pétition remise hier à la direction de La Poste ne va pas régler l’affaire en deux coups de cuillère à pot. Sans faire de promesse, le géant jaune laisse cependant une porte ouverte: «Les différents problèmes soulevés par les pétitionnaires pourront être abordés dans le cadre des négociations sur la nouvelle CCT de La Poste, indique Oliver Flüeler. Le nouveau texte devrait entrer en vigueur en 2015.»
A noter que le géant jaune n’est pas la seule entreprise publique à faire appel à des sous-traitants pour différencier les salaires. Swisscom est aussi coutumière du fait. Elle a notamment externalisé ses call centers.
Le Courrier, Christiane Imsand, 9 août 2012
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