Les CFF ont perdu des voyageurs

Rail • Après une année 2011 record, le nombre de passagers transportés a fléchi, pour la ­première fois, l’an dernier. Mais pas partout: le nombre de pendulaires continue à progresser.

Celles et ceux qui cherchent tous les matins et toutes les fins de journée une place dans le train qui relie leur lieu de domicile à leur lieu de travail ne croiront pas ce chiffre: le taux d’occupation moyen des trains suisses est de 31,3%. Aux deux tiers vides! Selon le bilan présenté hier à Zurich, les trains ont même été un peu moins pleins en 2012 que l’année précédente. Mais pas partout: le recul touche surtout les lignes nationales. Le trafic des pendulaires et les voyages d’affaires continuent à progresser, surtout aux heures de pointe.

Globalement, l’année 2012 se conclut en demi-teinte pour l’ancienne régie: les trains ont transporté 967 000 voyageurs par jour, au lieu de 977 000 en 2011, année record, et les kilomètres parcourus ont diminué de 1,2%. Ce recul et la hausse du prix pour l’utilisation des sillons ont provoqué une baisse d’environ 40 millions de francs à 491 millions de francs pour le résultat d’exploitation. Mais des effets uniques (dissolution de réserves, notamment) ont permis d’améliorer le résultat du groupe à 422,5 millions. Le trafic marchandises reste déficitaire (51 millions, au lieu de 46 millions en 2011). Les CFF ont en revanche enregistré une hausse de leurs recettes provenant de leur… parc immobilier (192 millions de francs avant paiements compensatoires.)

Investissement
Les CFF ont en outre investi un montant record de 3,2 milliards de francs (+715,7 millions de francs) et «stabilisé», selon le terme officiel, l’endettement (19 milliards au total, dont 11,4 en prêts des pouvoirs publics et 7,6 qui génèrent des intérêts). «Nous continuons à investir, dans de nouvelles gares, de nouvelles lignes et le renouvellement du matériel roulant, a rappelé le directeur général Andreas Meyer. L’extension de l’offre en Suisse romande et sur la ligne Zurich-Schaffhouse entraînera une nouvelle hausse du nombre de voyageurs.»

Selon Andreas Meyer, la hausse des tarifs n’est pas en cause dans le recul du nombre de voyageurs. «Ce sont les secteurs des loisirs et du tourisme qui ont subi des baisses, a-t-il expliqué. La conjoncture, la faiblesse de l’euro et la météo ont influencé les résultats.» La répartition entre rail et route n’étant pas encore connue pour 2012, il n’est pas possible de dire si les voyageurs manquant dans les trains se sont «repliés» sur la voiture.

Outre le financement de l’entretien et de l’extension des infrastructures – qui est en main du parlement – les CFF disent travailler à l’amélioration de leurs prestations: en plus des nouveaux trains à venir, il est question ici de liaisons internet, de nouveaux types de billets ou encore de tarifs différenciés selon les heures de voyage. La sécurité? «Elle est garantie, dit Andreas Meyer. Les récents accidents et incidents ne sont pas liés entre eux, même si cette série nous préoccupe, évidemment. Les analyses, notamment sur l’état du matériel, sont en cours.» I

Le Courrier, Ariane Gigon

Trois questions à… Ulrich Gygi
Le président du conseil d’administration des CFF estime que les clients devront payer plus si l’Etat investi moins.

Les passagers doivent-ils se préparer à une nouvelle hausse des prix?
Les pouvoirs publics doivent décider s’ils continuent à contribuer à hauteur de 50%, comme c’est le cas aujourd’hui. Si ce n’est pas le cas, nous ne pourrons pas maintenir le rythme actuel des investissements, ou il faudra que les clients paient davantage. On ne peut pas avoir de meilleures offres sans vouloir les financer. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Quelle est votre marge de manœuvre?
Nous pouvons calculer le développement des coûts de manière précise. On connaît aussi les plans financiers de la Confédération. Si la Confédération décide de payer moins, nous savons combien les utilisateurs devront payer. Mais nous ne pouvons pas prévoir si le marché «avalerait» ces changements car nous ne savons pas exactement à quelle point la demande est élastique lorsque les prix changent. Si on le savait, ce serait facile! Il faut être extrêmement prudent dans ce domaine. Sans amélioration de l’offre, il est difficile de faire accepter une hausse des tarifs.

Concernant les nouveaux types de billets, les CFF n’ont-ils pas raté un virage?
L’abonnement général et le demi-tarif ont été d’énormes succès qui ont amené les foules sur le rail. Aujourd’hui, ces abonnements ne nous permettent pas de taxer les clients selon leur consommation réelle. Nous devons trouver une façon de mieux utiliser ce système, en modifiant les offres dans la direction de ce que les Hollandais pratiquent – soit une taxation selon la consommation. Il y a certainement là une marge de manœuvre à utiliser.

Propos recueillis par AG

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