Pendant des années, des politiciens ont accusé le géant jaune de gonfler le déficit des bureaux postaux pour pouvoir les fermer. Un document interne le confirme.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Voilà un adage que La Poste a parfaitement bien compris. Dans un document interne, disponible sur l’intranet de l’entreprise, une petite bombe a été lâchée. Franz Huber, le nouveau chef de l’unité Réseau et Vente, explique en effet que le résultat de cette année ne pourra pas être comparé avec les années précédentes. Et pour cause: «Toutes les prestations que l’unité Réseau et Vente fournit à d’autres unités ou sociétés du groupe, écrit-il, sont désormais indemnisées aux coûts de revient.» Et d’ajouter que grâce à cette modification, le déficit annuel de son unité fondra de 200 millions, passant d’un coup, de 300 millions à environ 100 millions de francs.

Dénoncée depuis des années

Or, c’est justement le déficit de cette unité qui a été mis en avant par La Poste pour fermer des points de vente. Du coup, vendredi, le sang d’Olivier Cottagnoud, président du Syndicat autonome des postiers, n’a fait qu’un tour: «Ainsi donc, s’énerve-t-il, tous les déficits du Réseau postal étaient bel et bien creusés artificiellement. Les habitants des 2000 communes qui ont perdu leur bureau de poste apprécieront.» Il faut dire que l’homme dénonce des «manipulations» depuis des années. En 2007, il était même monté au front avec 30  parlementaires fédéraux pour exiger plus de transparence comptable. Cette fois, il pense enfin tenir la preuve de ce qu’il avançait.