Petits trains: Berne fait marche arrière

Les Suisses tiennent à leurs trains régionaux. Penaud, l’Office fédéral des transports revient sur ses intentions de les transférer sur la route. Quel est le point commun entre Les Diablerets, la Fabrique de chocolat Cailler à Broc ou encore les étangs de Bonfol? Ces destinations sont desservies par des trains régionaux dont la rentabilité est inférieure à 30%. Elles sont encore, avec une quinzaine d’autres lignes, dans le collimateur de l’Office fédéral des transports (OFT), qui demande désormais d’examiner, tous les dix ans, s’il ne faut pas assurer ces liaisons par bus.

Berne a ainsi mis de l’eau dans son vin. En octobre 2012, l’OFT avait en effet envisagé le transfert de quelque 175 liaisons régionales sur la route. Le projet, qui n’épargnait pas des axes récemment revalorisés, comme BulleRomont–Fribourg ou encore Delémont–Delle, avait suscité un tollé dans les cantons concernés (lire BàS 12/2012*). En février, une pétition de soutien munie de 18 600 signatures avait même été déposée.

Critères élargis

Ces réactions avaient mis Berne dans ses petits souliers. A la fin de mai, l’OFT publiait de nouvelles directives. Si 17 lignes, dont 14 en Suisse romande, sont encore sur la sellette, la réflexion doit désormais intégrer de nouveaux paramètres, tels que la fréquentation aux heures de pointe ou l’aménagement du territoire.

David Asséo, délégué aux Transports pour le canton du Jura, pousse un ouf de soulagement. Il souhaite toutefois voir les efforts du canton mieux encouragés. «Nous avons amélioré récemment les cadences, avec une augmentation notable de la fréquentation. Or, les messages venant de Berne vont encore dans le sens d’un démantèlement!»

Vincent Ducrot, directeur des Transports publics fribourgeois (TPF) relativise la menace et défend «ses» lignes. «La liaison Bulle–Broc permet d’acheminer les matières premières à la Fabrique de chocolat Nestlé. Quant au tronçon Bulle–Montbovon, il relie la Gruyère au MOB, sans parler des écoliers qui l’empruntent chaque jour.»

A Fribourg, on se mord du reste les doigts d’avoir vu, en 1969, supprimer la ligne du «train rouge» entre Vevey–Saint-Légier et Châtel-Saint-Denis. Il est donc hors de question, pour les TPF, de répéter cette erreur. Berne ne semble en revanche pas vouloir tirer les leçons du passé.

Claire Houriet Rime

Et l’article publié par la CITRAP

et celui du Courrier

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