Un grand péage urbain à Genève ?

Le PS imagine un périmètre large longeant les différents parcs-relais de la périphérie. Les pendulaires devraient être incités à emprunter les transports publics.

MOBILITÉ • Le PS a organisé une action hier matin sur le pont du Mont-Blanc. Il espère obtenir une diminution des tarifs des TPG. Puis, à terme, la gratuité.

On peut être opposé à l’initiative de l’AVIVO sur la baisse de tarifs des TPG tout en prônant la gratuité des transports publics. Cette position – qui paraît paradoxale – a été défendue hier matin par le Parti socialiste sur le pont du Mont-Blanc. Armés de pancartes dénonçant le «Salon de l’auto permanent» au centre de Genève, ses représentants ont mis en avant les propositions roses pour fluidifier le trafic. Parmi elles, la création d’un large péage urbain.
Un futur projet de loi sera déposé d’ici à six mois auprès du Grand Conseil par le groupe socialiste. Le texte demeure encore en phase d’élaboration, mais la mesure semble ambitieuse: utiliser les parkings-relais afin de délimiter un périmètre large englobant tout le centre urbain (Genève-Plage, Thônex, Carouge, Etoile, aéroport, etc.). «Nous souhaitons inciter les pendulaires à garer leur voiture, afin d’utiliser les transports publics pour se rendre au centre», explique le député Thomas Wenger.
Ce système obligera les automobilistes à payer pour chaque franchissement de la limite. Si le modèle de péage n’est pas encore défini, plusieurs variantes sont citées comme la caméra avec reconnaissance de plaques ou des vignettes donnant accès à certaines parties de la ville selon le degré de pollution du véhicule.

Objectif gratuité
Pour le prix, le modèle du PS pourrait s’inspirer de celui de Stockholm, avec un montant estimé de 3 à 5 francs, selon les heures. «Il faudrait un prix qui ne soit ni trop faible, ni trop dissuasif non plus», selon Thomas Wenger. Des rabais pourraient également être prévus pour les résidents comme à Londres, où il est de 90%.
Les socialistes espèrent ainsi profiter des recettes supplémentaires afin de développer l’offre des TPG tout en diminuant les tarifs. «Dans un premier temps, nous poursuivons cet objectif, déclare Romain de Sainte Marie, député et président socialiste. A long terme, nous voulons obtenir la gratuité, financée par les impôts.» Dès lors, pourquoi ne pas déjà soutenir l’initiative de l’AVIVO, en votation le 18 mai prochain? «Dans le contexte actuel, elle ferait perdre 24 millions de francs de recettes aux TPG, argumente Thomas Wenger. La majorité de droite du Grand Conseil demandera de trouver des économies dans les prestations.»
La proposition a-t-elle ses chances dans un parlement largement provoiture? «Elle doit être étudiée, poursuit le député, si la majorité et le Conseil d’Etat s’y opposent, nous nous réservons la possibilité de lancer une initiative.»
Luc Barthassat, conseiller d’Etat chargé du Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture, n’a pas d’a priori «ni positif ni négatif». La question devrait être débattue lors des «assises de la mobilité» qu’il mettra sur pied à l’automne en y conviant les représentants associatifs.
Les Verts pourraient adhérer au principe, selon leur présidente Emilie Flamand-Lew. «Des effets bénéfiques ont été observés dans les villes qui l’ont mis en œuvre.» En revanche, la formation écologiste redoute davantage la gratuité. «Notre priorité est d’abord de développer l’offre et l’efficacité des TPG pour en augmenter l’usage, ajoute-elle. Toutefois, si les péages urbains permettent de financer une baisse des tarifs, c’est évidemment intéressant.»
Le PS n’a pas toujours défendu la gratuité des transports publics. En 2008, il s’était opposé à une initiative des communistes proposant cette mesure. I

Particules fines: retour à la normale

A Genève, le taux de particules fines est retombé, dimanche, en dessous des valeurs limites, fixées à 50 microgrammes par mètre cube, de même qu’en France voisine. Les Verts et le PS ont malgré tout invité les autorités à prendre des mesures de santé publique, à l’instar de la France: limitation de vitesse des autoroutes de 20km/h, circulation alternée et gratuité des transports publics à Paris.

Rien de tout cela à Genève. Le canton s’est contenté d’informer la population durant cette période, seule intervention prévue en dessous du seuil de 100 microgrammes. Luc Barthassat, conseiller d’Etat chargé de l’environnement, n’est pas opposé à des mesures incitatives comme la gratuité des transports publics ou la promotion du covoiturage lors de futurs pics.

Du fait de sa situation géographique (encastré entre plusieurs montagnes), Genève a davantage souffert du phénomène que les autres cantons romands. Une faible perturbation ayant provoqué un léger vent, samedi, est à l’origine de la dilution du taux de particules fines dans l’air, selon Benoit Lazzarotto, du service de l’air, du bruit et des rayonnements non ionisants. Avec l’arrivée de la bise, les taux devraient rester en dessous des limites durant les prochains jours. ele

Le Courrier, Eric Lecoultre, 18 mars 2014

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