TRANSPORTS • Les cinquante employés concernés craignent une péjoration de leurs conditions de travail et de la qualité des prestations.
Les CFF ne veulent plus de leur propre service de sécurité dans leurs trains. Les cinquante agents qui œuvrent dans les régions de Lausanne et de Zurich, afin de lutter contre les incivilités, ont été informés fin 2013 que leur mission n’allait plus être prise en charge par la régie publique.
Une externalisation – nommée «One Security» – qui plonge les employés dans l’incertitude quant à leur futur et fait redouter une péjoration de leur conditions d’emploi et de la qualité des prestations. Le syndicat du personnel des transports SEV défend les agents concernés et plaide le maintien d’un service «qui donne une entière satisfaction», selon son secrétaire, Jürg Hurni.
Pourquoi alors s’en séparer? Pour le porte-parole des CFF, Jean-Philippe Schmidt, il s’agit d’une volonté de regrouper les unités agissant pour la sécurité des trains dans un seul organe: «Par manque de coordination, il arrive parfois que six agents se retrouvent simultanément au même endroit.»
Selon le SEV, cette réforme pourrait entrer en vigueur courant 2014. Si les cinquante agents de sécurité sont assurés de garder leur emploi, ils ne savent pas quelle sera leur future activité. «Des entretiens seront effectués par les CFF afin de définir leur affectation», explique Valérie Solano, secrétaire syndicale au SEV.
Ils craignent pour leur salaire
Alors que certains pourraient rester auprès de leur employeur avec une nouvelle tâche, d’autres se dirigeront peut-être vers Securitrans SA, une entreprise privée qui assure également la sécurité sur le réseau et surtout sur les chantiers. Détenue à 51% par les CFF et à 49% par Sécuritas SA, elle emploie également une cinquantaine d’agents sur tout le réseau suisse. Elle pourrait potentiellement être appelée à pallier la disparition du service de sécurité, sans toutefois garantir les mêmes conditions d’emploi. Une situation qui provoque une forte inquiétude chez les employés, qui craignent notamment une baisse de leur salaire.
Le SEV n’a pour l’instant reçu aucune garantie quant aux futures conditions d’engagement des travailleurs. «Nous souhaitons les maintenir à l’identique», explique Valérie Solano. Pour appuyer son action, une pétition auprès du personnel a été lancée par le syndicat.
Outre le sort réservé aux cinquante agents de sécurité, la baisse de qualité des prestations inquiète également le SEV. Car si la police des transports, qui s’occupe des délits majeurs, n’est pas concernée par One Security, l’externalisation du service de sécurité provoquerait la perte d’un savoir-faire nécessaire, selon Valérie Solano: «Depuis sa création en 2011, les agents qui composent cette unité reçoivent une formation spécifique pour les interventions dans les wagons, souligne-t-elle. Leur action permet de lutter efficacement contre les nombreuses incivilités qui existent sur le réseau.»
Des motifs financiers?
Un appel d’offre sera lancé prochainement afin de désigner l’entreprise privée qui assurera la sécurité sur l’ensemble des lignes suisses. La décision des CFF serait-elle finalement due à des motifs financiers? «Il s’agit d’une simplification, poursuit M. Schmidt. Les seules économies que nous espérons sont des économies d’échelle.» Il garantit que la qualité des prestations et des conditions d’emploi seront «prises en compte» à la suite de l’appel d’offre.
4 MARS 2014, Eric Lecoultre , Le Courrier
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