Fermeture des postes : le double discours des députés vaudois

Face à la fermeture d’offices postaux dans le canton de Vaud, le Grand Conseil a livré hier un message plutôt contradictoire. Saisis de deux objets sur la question – une pétition et une interpellation –, les députés ont débattu du sujet durant plus d’une heure. Au final, les deux textes, qui allaient pourtant dans le même sens, ont reçu un accueil bien différent.

D’un côté, une large majorité des députés a accepté de renvoyer au Conseil d’Etat une pétition munie de 2500 signature pour le maintien de la Poste de Paudex, qui a pourtant fermé ses portes en mars dernier… Il s’agissait de donner un «signal» et de «se faire le relais de la colère de la population contre le démantèlement d’un service public», selon les termes de Jérôme Christen (Vaud Libre), rapporteur de majorité.
De l’autre, une demi-heure plus tard, la majorité de droite du parlement a refusé la résolution issue d’une interpellation de Marc Oran (La Gauche), qui incitait le Conseil d’Etat à poursuivre ses efforts pour limiter la fermeture de bureaux de poste. «Le service public peut évoluer», a lancé Jean-Marie Surer, chef du groupe PLR, critiquant le «conservatisme» et le «dogmatisme» de la gauche. «Dans ma région, les gens sont satisfaits du service à domicile qui a remplacé les offices postaux.»

Autrement dit, «la Poste est aussi une entreprise, dont la gestion doit être rigoureuse», estime Crista Calpini (PLR). Pour elle, comme pour une majorité de députés, le cas de l’office de Paudex était plus spécifique. «Cette poste était très bien placée et probablement rentable. Sinon pourquoi l’entreprise aurait-elle refusé de nous donner ses chiffres?» interroge-t-elle.

Autre reproche, formulé par de nombreux élus. L’office de Paudex, comme celui d’Ouchy (Lausanne) peu avant, a été remplacé par une agence postale installée dans une pharmacie, ce qui pose des problèmes de confidentialité dans le cadre d’une enseigne médicale. «Aimeriez-vous aller chercher vos médicaments dans la pizzeria du coin?» interpelle Marc Oran.

Pour le député de La Gauche, le Conseil d’Etat n’est certes pas le patron de la Poste mais «peut exercer une pression politique». Sur ce point, il n’a pas été suivi par la majorité, qui a refusé sa résolution. «Nous le faisons déjà, rétorque Philippe Leuba, conseiller d’Etat. Nous menons un dialogue constructif avec la Poste pour préserver les intérêts des Vaudois. Mais on ne fermera pas les yeux sur la réalité.»

Le Courrier, Mario Togni

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