La sécurité privée en prison fait grincer des dents

Le bâtonnier de l’Ordre des avocats s’émeut de l’excès de zèle des agents privés dans les zones carcérales.
L’Etat recourt à Securitas pour décharger les policiers. (photo: Keystone/Sigi Tischler)Une faute?

«C’est choquant de voir des tâches régaliennes de l’Etat être confiées à une entreprise privée.» Arborant une double casquette d’avocat et de député, Jean-Michel Dolivo s’insurge contre la présence d’agents de sécurité privés dans les zones carcérales de la police vaudoise. «Privatisons les prisons comme aux Etats-Unis, pendant qu’on y est», dénonce, de son côté, l’avocate lausannoise Inès Feldmann.
Les prestations de la société Securitas dans les zones carcérales font tousser des hommes de loi. Me Elie El­kaïm, bâtonnier de l’Ordre des avocats, dit comprendre que des renforts soient trouvés auprès d’entreprises privées. Mais il dénonce l’excès de zèle d’agents qui ont contraint des avocates à retirer leur soutien-gorge pour passer le portique de détection des métaux. «Il faut un personnel parfaitement formé et expérimenté pour éviter de tels dysfonctionnements», avertit-il.
La décision du Canton répond à un besoin en cellules, malgré la création de quelque 200 places de détention en un temps record. «Le but est de décharger les policiers des missions qui peuvent être déléguées à un agent de sécurité», réagit la porte-parole du Département des institutions et de la sécurité. «Les contrats sont reconduits ou dénoncés selon la situation», ajoute-t-elle. Securitas, pour sa part, se refuse à tout commentaire.
Les 80 nouvelles places prévues à la fin de cet été à la prison de la Colonie, à Orbe, devraient améliorer la situation des détentions avant jugement.

Une particularité bien vaudoise
La surpopulation carcérale n’est pas une spécificité du canton de Vaud. De Genève à Neuchâtel, en passant par Fribourg et le Valais, le flux est tendu dans l’univers pénitentiaire. Mais ils ne font pas appel au renfort dune entreprise privée dans les zones carcérales. «Il revient à la police de gérer ce qui se passe dans ces cellules», estime un responsable valaisan. Par contre, le transfert des détenus non dangereux est confiée à Securitas dans la plupart des cantons.

20 Minutes, par Abdoulaye Penda Ndiaye

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