PostFinance travaille depuis plusieurs mois sur un nouveau modèle d’affaires: utiliser les données de sa clientèle. Concrètement, il s’agit d’un portail de promotions commerciales personnalisées qui seront soumises par d’autres sociétés, comme l’explique le Tages-Anzeiger.
Chaque client aura droit à son profil basé sur les mouvements de son compte. A l’image d’Amazon qui propose déjà des recommandations d’achat ciblées d’après les pages visitées.
PostFinance œuvre déjà à recueillir l’approbation de ses clients, en leur faisant accepter de nouvelles conditions cadres pour l’utilisation des services d’e-banking. «PostFinance offre à ses clients privés en e-finance une plate-forme qui leur permettra de recevoir des offres de tiers sous la forme de promotions et d’actions personnalisés», peut-on lire au point 20 (offres de tiers).
Tout le monde gagnant?
Selon le porte-parole de PostFinance Marc Andrey, la plateforme et les offres devraient être introduites progressivement à partir d’avril 2015.
Exemple: une famille de quatre personnes se rend à l’Aquaparc du Bouveret et au Château de Chillon. Les parents paient avec une carte PostFinance. Par la suite, lorsqu’ils accèdent à leur compte en ligne pour les paiements, ils se voient proposer une offre pour le Musée Olympique.
Pour les entreprises, ce genre de portail permettra de faire parvenir des offres ciblées en fonction du comportement et des achats de la clientèle de PostFinance. Cette dernière y a bien entendu un intérêt financier puisque ses partenaires devront lui verser une provision.
Hanspeter Thür a recommandé des changements
La protection des données et l’anonymat des clients sont garantis, comme l’exige la loi. Afin d’y parvenir, PostFinance se présente à chaque étape comme un intermédiaire entre le fournisseur et le client. Le groupe a posé les premiers jalons de ce système voici deux ans avec e-cockpit: ses clients ont accès sur demande à une répartition détaillée de leurs revenus et dépenses sur leur compte.
PostFinance sait que sa plate-forme peut heurter la protection des données et elle a donc informé de ses projets en janvier le préposé fédéral Hanspeter Thür, comme l’a confirmé le porte-parole Kosmas Tsiraktsopoulos. Des recommandations ont ainsi été apportées fin juillet pour mettre le portail en conformité.
«Les clients doivent être informés de toutes les étapes afin de pouvoir donner leur accord. Ils doivent avoir la possibilité de refuser», a précisé le porte-parole du préposé. Ce qui sera le cas, a-t-on ajouté chez PostFinance.
Une première en Suisse
Si ce genre de pratiques est déjà courant aux Etats-Unis, la tentative de PostFinance sera une première en Suisse. Mais sûrement pas la dernière car les banques représentent également une mine d’informations précieuses pour les annonceurs. «Il n’y a pas une banque qui ne mène actuellement un projet de numérisation», souligne Tom Schmidt, Partner Financial Services Advisory chez Ernst & Young.
Chez UBS par exemple, son nouveau système d’e-banking comporte une fonction qui permet de catégoriser les transactions sur son compte. Mais la banque ne prévoit pas pour le moment de se servir de ces informations. «Ces données restent exclusivement aux mains des clients afin de leur permettre de surveiller leurs dépenses et leur budget. UBS ne veut pas exploiter ces données», explique-t-on au numéro un de la branche bancaire en Suisse.
20.08.2014
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PostFinance remis à l’ordre
Protection des données • Les clients ne sont plus exclus du «e-finance» s’ils refusent la publicité.
Les clients de PostFinance ne sont plus exclus du service de paiement en ligne «e-finance» s’ils disent non à l’utilisation de leurs données à des fins publicitaires. Le préposé à la protection des données est intervenu pour restaurer le libre choix des utilisateurs.
Jusqu’ici les clients de PostFinance n’avaient pas le choix: ils devaient accepter les nouvelles conditions générales et s’engager en même temps à participer au nouveau portail commercial s’ils voulaient encore utiliser le service de paiements en ligne «e-finance», a indiqué hier le préposé à la protection des données dans un communiqué. Une grande partie des clients s’est ainsi sentie prise en otage.
PostFinance a changé cet été ses conditions d’utilisation. Cela lui permet de traiter et d’analyser les données bancaires des clients d’«e-finance» et de leur proposer ensuite des publicités et offres ciblées, par l’entremise d’entreprises tierces.
Dès le 12 octobre, ceux qui refusaient ces conditions n’auraient plus dû pouvoir utiliser l’«e-banking». Grâce à l’option «opt-out», négociée par le préposé avec la banque postale, les clients peuvent désormais renoncer explicitement à l’analyse de leurs données personnelles à des fins commerciales et ainsi renoncer à des offres spéciales provenant de tiers. Cette possibilité sera mise en place la semaine prochaine par PostFinance. ats
9.10.2014
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