La Jeunesse socialiste dénonce les pratiques de vingt des 26 cantons. Pour 2015, ceux-ci vont «retirer» pour un total de 1,7 milliard de francs. Les coupes budgétaires, cibles des jeunes socialistes

L’austérité est fille des baisses fiscales: c’est le credo qu’est venue réciter, hier, à Berne, la Jeunesse socialiste (JS). Dans son collimateur, les coupes ratiquées par les cantons dans leurs budgets pour 2015. Les jeunes pousses socialistes se sont efforcées de collecter les données dans chacun des 26 cantons. Résultat: vingt d’entre eux ont adopté des mesures d’austérité pour une économie totale de 1,7 milliard.
«C’est autant de moins pour les services à la population», se désole le président de la JS suisse Fabian Molina. Plus de la moitié de ces coupes se font dans l’éducation, le social et la santé.
«Les conséquences sont des classes d’écoles surchargées, moins d’enseignants, moins de subsides d’assurance maladie ou encore la fermeture de certains hôpitaux», développe-t-il. Ces coupes lui paraissent excessives, d’autant qu’elles sont bien supérieures à celles qu’envisage la Confédération, qui se montent déjà à 700 millions de francs.

L’exemple du Valais
Pour la Jeunesse socialiste, ces coupes sont la conséquence directe des baisses d’impôts pratiquées ces dernières années un peu partout. Mathias Reynard prend l’exemple de son canton, le Valais: «L’économie valaisanne se porte plutôt bien. On n’assiste pas à une crise économique, mais à une crise des finances de l’Etat.»
Et ses causes sont connues pour le jeune conseiller national : «Entre 2000 et 2012, la majorité de droite a procédé à neuf baisses fiscales successives. Ces cadeaux fiscaux ont vidé les caisses de l’Etat.»
Zoug a suivi le même chemin. «Le canton est riche et doit malgré tout faire des économies», constate Anna Spescha. Pourquoi cela ? «Car le gouvernement à majorité bourgeoise et la majorité de droite du Grand Conseil ont entrepris plusieurs baisses d’impôts inutiles, quatre depuis 2006», s’attriste la vice-présidente cantonale de la Jeunesse socialiste.

Concurrence funeste
Zoug tient, coûte que coûte, à garder sa position de canton le plus avantageux de Suisse sur le plan fiscal. Or, pour Anna Spescha, «cette concurrence fiscale ne bénéficie qu’à quelques riches, au détriment de la grande majorité de la population». Mathias Reynard abonde : «Cette concurrence fiscale se fait uniquement au profit de quelques personnes favorisées, qui peuvent déplacer leurs papiers d’un canton à l’autre.»
Le Valaisan dénonce : «La politique qui a été voulue par les partis bourgeois, ce sont des cadeaux fiscaux qui ont profité aux mieux lotis de la société. Et aujourd’hui, les politiques d’austérité qui sont appliquées dans les cantons touchent les petites gens, les ouvriers, les employés, les classes moyennes et populaires.»
Et d’asséner : «C’est inadmissible, parce que c’est une détérioration de la qualité de vie pour l’immense majorité de la population.» Une fois le constat dressé, que compte faire la JS ? «L’idée, c’était déjà de répertorier toutes ces coupes, pour montrer que ce n’est pas un phénomène isolé», explique
Mathias Reynard. Fabio Molina ajoute : «La lutte sera coordonnée au travers d’une nouvelle plateforme sur internet» (http://alarme-austerite.ch).

Harmonisation réclamée
Elle va se poursuivre d’abord dans chaque canton. Le président de la JS craint d’ailleurs que la politique d’austérité ne s’intensifie dans les années à venir, en réponse à la troisième réforme de la fiscalité des entreprises, qui aura pour effet un nouveau manque à gagner pour les collectivités. Les eunes socialistes se battront contre ces baisses d’impôt projetées.
Sur le plan fédéral, la gauche plaide pour une harmonisation de la fiscalité entre les cantons. L’idée de lancer une initiative populaire contre la concurrence fiscale est dans l’air.

Berne, Philippe Castella, Le Nouvelliste