MOBILISATION • Le Courrier s’est levé tôt pour suivre le mouvement social tout au long de la journée. Reportage.
Mouvement social, pas de service. C’est le message qui a défilé toute la journée sur les écrans informatifs disposés aux principaux arrêts TPG.
Pas un seul des quatre cent véhicules n’a bougé, mis à part les quelques lignes de bus sous-traitées à des privés. La grève a massivement été suivie par les employés. Les tentatives de la direction de mettre en place un service minimum sont restées vaines. Les grévistes exigent du Conseil d’Etat le retrait de la convention de prestations avant d’envisager de quelconques négociations. Retour sur la fragile mise en place du mouvement.
3h30, Jonction. Une centaine de gréviste sont réunis devant le dépôt. Des retraités de la régie sont également présents. «On donne un coup de main aux collègues», lâche l’un d’entre eux. L’ambiance est bon enfant, cafés et croissants sont distribués.
Une file de voitures, placées devant les portes, empêche la sortie des trolleys et une corde bloque la grille qui ferme l’entrepôt de bus. Une voiture de police se tient à l’écart.
«Cette fois ça y est, c’est la grève», commente Christian Fankhauser, du Syndicat du personnel des transports (SEV), qui organise le mouvement. «Bien qu’on ne soit pas d’accord, il est clair qu’on ne forcera pas le passage», lâche Alain Perroud, du syndicat Transfair, plutôt opposé à la grève, estimant qu’une marge de négociation existe encore.
3h50. Un délégué du SEV prend la parole et donne quelques consignes sur l’organisation de la journée. Un barrage humain est formé pour filtrer les allers et venues, un peu plus haut dans la rue.
4h13. Le premier bus de la journée n’est pas sorti. «Normalement, on n’est qu’une vingtaine à cette heure là. Les collègues se sont vraiment mobilisés et ça va continuer jusqu’à tard ce soir, commente un syndiqué. On va attendre 7h et voir ce que la direction fera. Ils se sont engagés à fournir un service minimum, pas nous.»
6h45. Des nouvelles des autres sites réjouissent les grévistes. «Au Bachet, aucun tram n’a bougé. Bonne chance la Jonction!», crache, sous un tonnerre d’applaudissements, un haut-parleur en liaison avec l’autre dépôt.
6h50, Vernier. Idem du côté du dépôt de Vernier: «Aucun véhicule n’est sorti, mis à part ceux des sous-traitants, qui ne font pas grève, indique Valérie Solano, secrétaire syndicale au SEV. Le mouvement est bien suivi, sur les trois sites, il n’y a qu’un tiers des employés qui se sont annoncés non-grévistes. Notre amicale pression pour les dissuader de sortir porte ses fruits.»
7h, Jonction. Jérôme, chauffeur syndiqué au SEV, explique les modalités suivies par les employés: «En arrivant, on s’annonce comme gréviste ou non-gréviste. Ceux en grève seront payés par le fond de grève, les autres, qui se sont déclarés prêts à travailler, le seront par les TPG».
Alors que certains employés expriment leur désaccord avec le mouvement social, un employé les interpelle: «C’est vous qui allez nous garantir qu’il n’y aura pas de licenciements?»
«La direction veut assurer un service minimum avec les collègues non grévistes, faites votre maximum pour les en dissuader et empêcher tout véhicule de sortir! Il faut pas lâcher maintenant!», déclare le délégué du SEV, sous un tonnerre d’applaudissements.
Les grills et les saucisses sont déjà arrivés, la grève semble bien installée.
7h45, Bachet. Même parfum de grillade au Bachet. Vincent Leggiero, secrétaire syndical du SEV, est satisfait. «La direction fait pression pour qu’un service minimum soit mis en place, c’est irresponsable», dénonce ce dernier, soulignant que les trois syndicats sont inquiets des possibles risques encourus pour les quelques chauffeurs qui sortiraient.
8h00. Depuis le trottoir, qui jouxte le dépôt, un homme crie «Merci les frontaliers!» provocant l’éclat de rire d’un groupe de chauffeurs en grève. «C’est ridicule! Ça n’a rien à voir. On est tous ensemble aujourd’hui, solidaires, contre le contrat de prestations proposé par le gouvernement», lâche un d’eux.
8h40. Vincent Leggiero remercie toutes les organisations soutenant le mouvement, de l’USS à la Fédération européenne des travailleurs des transports. «Monsieur Barthassat nous accuse d’avoir brisé la confiance aujourd’hui! Peut-on parler de lien de confiance alors que le gouvernement est resté sourd aux revendications des syndicats et des travailleurs?» «C’est un grand jour pour toute la fonction publique», conclut Valérie Solano, tout en félicitant les grévistes. «Le mouvement est maintenant lancé, c’est bon pour la journée!»
11h00, Jonction. Les grévistes empêchent l’accès du site à une voiture de police. «Ils ne vont pas nous forcer à bouger!», déclare l’un d’eux.
11h40. Nouvelle prise de parole de Vincent Leggiero qui dénonce les «scandaleuse pressions mises sur les jeunes collègues pour qu’ils travaillent, c’est inadmissible». Et de fustiger le Conseil d’Etat qui dit tout et son contraire. «Que cela soit clair, il n’y a pas eu de discussion entre le syndicat et le Gouvernement, et lorsque ce dernier évoque le service minium, il est hors sujet, cela n’a pas pu être discuté et pour cause». Quant au contrat de prestations, relève-t-il, celui voté par la commission des transports est nul et non avenu. «Sans oublier que le Parti libéral-radical entend augmenter à 20% la part de nos activités qu’il serait possible de sous-traiter».
12h40, Bachet. Tout en soulignant le succès total du mouvement, des orateurs issus des partis de gauche et des syndicats se succèdent devant les grévistes (lire ci-contre). Valérie Solano, du SEV, fustige l’attitude de M. Barthassat face aux grévistes (lire ci-dessous) et appelle le conseiller d’Etat à retirer le contrat de prestations.
15h30, Jonction. Christian Fankhauser, secrétaire syndical au SEV, transmet aux grévistes la déclaration de Christoph Stucki, directeur général des TPG ad interim. Ce dernier, revenant sur les menaces de Luc Barthassat (lire ci-contre), a assuré que mis à part une retenue sur le salaire des grévistes, aucune autre mesure de rétorsion n’était prévue. Le secrétaire syndical rappelle que les membres du SEV seront dédommagés via le fond de grève.
17h, Jonction. La mobilisation ne faiblit pas. Le temps de recharger les stocks de saucisses, les nouvelles équipes ont remplacé celles du matin. «Malgré la fatigue, l’élan de solidarité est énorme», lance Jean-Pierre Etique, secrétaire syndical au SEV, qui précise que l’organisation a reçu près de cent demandes d’adhésion dans la journée. «On préfère être gréviste que chômeur, déclare quant à lui Michel Viret, responsable du site de la Jonction. On est là pour sauver nos emplois.»
19h30. Assemblée du personnel sur les deux sites du Bachet et de la Jonction. Le bilan tombe: «Quatre cent vingt-huit véhicules; aucun n’est sorti.» Très ému devant ce succès, Vincent Leggiero, dénonce les pressions exercées sur les jeunes chauffeurs par la direction. «On a été jusqu’à les enfermer dans une salle de repos.»
Le comité du SEV annonce la suite des opérations. D’une part, une résolution est votée sur les deux sites. Adressée au Conseil d’Etat, elle exige le retrait du contrat de prestations et l’ouverture de vraies négociations. Des discussions qui doivent se faire sur la base d’un développement du réseau TPG, sans licenciements, sans pertes salariales et sans les mesures contres les retraités. Ajout de dernière minutes, «vu les menaces qui ont été proférées contre nous durant toute la journée, nous exigeons qu’il n’y a ait aucune sanctions contre les grévistes», dixit Valérie Solano, secrétaire générale du SEV.
Les négociations impliquent la fin de la grève. Aujourd’hui, les bus et les trams rouleront de nouveau normalement. Mais pour donner du poids à ces revendications, après la démonstration de force de mercredi, l’assemblée a aussi donné mandat au comité du SEV de préparer des mesures de lutte.
Relevons que, selon Christian Grobet, membre du conseil d’administration des TPG, présent hier soir, la séance de cet organe directeur des TPG de lundi dernier aurait été purement et simplement annulée et repoussée au 15 décembre.
D’ici à 3h. Les piquets de grève sont maintenus jusque tard dans la nuit.
avec pbh
Prise de pouls au sein de la population
JEUDI 20 NOVEMBRE 2014
Philippe Bach Sylvia Revello
Les Genevois ont dû s’organiser pour se rendre à leur travail hier.
Dès potron-minet, les Genevois prévoyants ont dû s’organiser pour se rendre à leur travail. A 7h30, la route de Thonon (et celle de Chancy) est saturée. Les quais débordent. Des conducteurs, visiblement pas au courant de ce qui se passe, font des demi-tours périlleux sur la route pour tenter de se faufiler par d’autres pénétrantes. Bonne chance…
Plus malignes, plusieurs trottinettes font la course sur la rampe de Vésenaz. Arrivées en bas, le trajet se poursuit à la force des mollets. Elles vont plus vite que les voitures qui s’encolonnent. Moment de jouissance. Quelques courageux en profitent pour faire leur jogging. La course de l’Escalade approche, autant joindre l’utile à l’agréable.
Aux portes de la ville, rue Pierre-Fatio, deux gendarmes règlent la circulation. Une bonne idée, le chaos ayant facilement tendance à s’installer à ce nœud névralgique. Idem pour la place du Cirque. Rue des Deux-Ponts: des hordes de collégiens partent pedibus jambus au bahut. Petit moment de solitude pour cette collégienne à qui sa peau de vache de prof a annoncé une épreuve à 8 heures du matin et promis un 1 à toute personne en retard! Il y a des tartes à la crème qui se perdent.
Dix heures tapantes à la place Bel-Air. Les passants circulent de part et d’autre des arrêts vides. Sac au dos, Bruno soutient le mouvement de grève. «J’ai l’habitude de marcher tous les jours, rien ne change pour moi.» Chez Géraldine, en revanche, qui doit effectuer le trajet Servette-Amandolier à pied pour se rendre au travail, l’humeur n’est pas à la fête. «La grève a lieu en pleine négociation, alors qu’aucune décision n’a encore été prise. Et la population en fait les frais, c’est regrettable.» Main dans la main avec leur petit-fils, un couple de retraités déambule tranquillement au soleil. «Les rues sont vivantes, l’ambiance est sympa, ça change», déclare Marie, 65 ans.
Au détour de la place du Molard, les passants se font plus rares sur le coup des 11 heures. «Je n’ai pas le temps de répondre, lance une jeune femme perchée sur ses talons, je suis déjà en retard!» Au rond-point de Rive, Marco, conducteur de taxi-vélo, se repose entre deux courses. «On a dû commencer à 7h30 au lieu de midi ce matin, explique-t-il. De nombreuses personnes nous ont appelés pour réserver leur course en avance.
On n’a pas réussi à satisfaire toutes les demandes, surtout les courses trop longues.» Pour faire avancer son vélo, le jeune homme ne dispose en effet que d’une petite assistance électrique.
Non loin de là, deux adolescents pressent le pas. «On a encore quinze minutes de trajet», lâche Sarah, un peu essoufflée. Et la grève? «Les employés ont raison de défendre leurs emplois, déclare son camarade. On a simplement dû se lever un peu plus tôt, il n’y a pas mort d’homme.»
Boulevard Carl-Vogt: cramponnée à son guidon, Julie, 26 ans, a dévalé la route depuis Bernex. «Je travaille à la Jonction, la grève m’a juste permis d’arriver un peu en retard, sourit la jeune fille. Au final, c’est presque plus rapide à vélo. Le retour risque par contre d’être moins drôle.»
Des réactions en cascade
JEUDI 20 NOVEMBRE 2014
Christiane PasteurPostez un commentaire
Police, direction des TPG, représentants patronaux et politiques ont commenté la grève.
Malgré les injonctions du conseiller d’Etat Luc Barthassat, les Transports publics genevois (TPG) ont renoncé hier à mettre en place un service minimum. «Les collaborateurs s’étant annoncés, ce matin, prêts à conduire n’ont – sous la pression de leurs collègues grévistes qui tentaient de les rallier à leur cause – finalement pas osé aller à l’encontre du piquet de grève», a indiqué la direction dans un communiqué. Une vingtaine de lignes suburbaines ont toutefois circulé, assurées par des sous-traitants. «Les chauffeurs en fonction sont bien reçus par la population», a affirmé Isabel Pereira, attachée de presse des TPG.
Le covoiturage a eu la cote
Le magistrat PDC avait également annoncé plus tôt dans la journée qu’il comptait prendre des mesures contre les grévistes qui bloquaient la sortie des trams et des bus, et déclaré être en discussion avec son collègue Pierre Maudet, en charge de la police, n’excluant pas une intervention des forces de l’ordre devant les dépôts.
En réalité, la police s’est limitée à constater une obstruction des dépôts «par des véhicules ou des personnes». En collaboration avec les polices municipales de la Ville de Genève et de Vernier, elle a déployé un important dispositif visant notamment à garantir la mobilité des services de secours et d’intervention, ainsi qu’à limiter les entraves à la circulation. «Aucune intervention d’urgence n’a nécessité le concours des forces de l’ordre, même si la circulation est, par endroit, difficile. De nombreux usagers ont privilégié le covoiturage organisé ou spontané, les déplacements en deux-roues et la marche à pied», a encore fait savoir la police genevoise.
En fin de journée, le Conseil d’Etat a dit attendre de la direction des TPG qu’elle fasse «toute la lumière sur les causes» de l’absence de service minimum et prenne les «mesures appropriées». Le gouvernement a également tenté de se dédouaner en affirmant qu’il n’avait «jamais estimé que des mesures d’économie devaient se traduire par des licenciements. Ce d’autant plus que d’autres mesures d’économie et d’augmentation de recettes sont à l’étude»…
«Défendre les conditions de travail»
Et au niveau des partis politiques? La gauche a occupé le terrain avec les syndicats. A l’instar de Solidarités, elle s’est réjouie de la «visible compréhension» des usagers des TPG et a demandé davantage de moyens pour la régie publique. Tandis que la droite a dit tout le mal qu’elle pensait de la grève par communiqués de presse. Le PLR a ouvert les feux en dénonçant une «prise en otages» des Genevois «scandaleuse» et «antidémocratique». Il a également demandé des «sanctions exemplaires contre, notamment, ceux qui ont bloqué l’utilisation des véhicules et provoqué ce chaos».
«La grève n’est pas dans les habitudes suisses. Il y a là un véritable coup de force syndical, même si la Constitution l’autorise», selon l’UDC, qui affirme étudier «diverses options pour interdire la grève dans les institutions subventionnées par l’Etat».
Fidèle à son habitude, le MCG a exigé la «mise sous tutelle» de Luc Barthassat. De son côté, l’Union des associations patronales genevoises a insisté sur le fait que les conditions du droit de grève – à savoir concerner les relations de travail, ne pas être politique, respecter le principe de proportionnalité et être utilisée en dernier recours – n’étaient pas respectées.
«Il ne s’agit pas d’une grève politique, ni préventive, pour ‘montrer ses muscles’, mais bien de la défense des conditions de travail», affirme Me Christian Bruchez, spécialiste du droit du travail. «Le Grand Conseil est l’employeur indirect des salariés des TPG puisque c’est lui qui tient les cordons de la bourse en votant le contrat de prestations.» Quant à dire que la grève intervient trop tôt? «Cela relève de l’appréciation du syndicat qui a jugé qu’il n’avait pas d’autres moyens de pression après le vote négatif en commission et avant le vote du Grand Conseil.»
Interrogé par la Tribune de Genève, le directeur des TPG, Christoph Stucki, a d’ailleurs reconnu qu’il n’avait «aucun moyen d’engager un dialogue ou une négociation» puisque le contrat de prestations ne dépend pas de l’entreprise, mais du vote des députés qui aura lieu le 4 décembre prochain.
En fin de soirée, M. Barthassat a voulu «rendre hommage à toute la population qui a su aussi s’adapter, envers et contre tout, et même parfois avec bonne humeur, à une grave défaillance d’un pilier essentiel du service public: le réseau de transports publics». Et de poursuivre: «Les mesures contestées par les grévistes doivent être tranchées par les représentants du peuple, les élus du Grand Conseil, les 4 et 5 décembre. Pour ma part, je me suis battu et continuerai à me battre pour qu’il n’y ait aucun licenciement au sein des TPG.»
«La grève est l’unique option!»
MERCREDI 19 NOVEMBRE 2014
Julien Repond
Transports Publics Genevois • La tenue d’une grève à la régie publique suscite de multiples réactions. Le MCG, pointé du doigt par la gauche, accable les frontaliers.
Les syndicats sont prêts, la direction s’inquiète et la droite fulmine. Aujourd’hui, dès 3 heures du matin et pour vingt-quatre heures, c’est grève aux Transports publics genevois (TPG). Les principaux syndicats appellent leurs membres à soutenir activement le mouvement organisé par le Syndicat du personnel des transports (SEV). Tous les partis de gauche en ont fait de même. Un rendez-vous est fixé à 12h30, au dépôt du Bachet, où différents intervenants prendront la parole, en soutien aux grévistes. La droite, elle, dénonce une prise en otage de la population et déplore que le SEV ait brisé la «paix du travail».
Les deux autres organisations syndicales des TPG, Transfair et l’Asip, sont toujours opposées à la grève. «Elle intervient trop tôt, avant même le vote du contrat de prestations au Grand Conseil», regrette Alain Perroud, de Transfair. Tout en tentant de sensibiliser le personnel à leurs arguments, ils ont assuré ne pas vouloir forcer le passage, dans le cas où le mouvement serait suivi. «Nous ne sommes pas des briseurs de grève, précise le syndicaliste. Nous poursuivons le même but que le SEV: sauver les emplois et défendre les acquis sociaux. Nous avons juste une culture syndicale plus nordique, qui privilégie le dialogue tant qu’il est possible.»
L’issue du vote des députés sur le contrat de prestations des TPG est pourtant assez prévisible. Les lignes de front sont connues. La gauche s’opposera à des licenciements et à une baisse des prestations. Selon elle, les TPG ne doivent pas faire les frais de l’acceptation par le peuple de l’initiative pour la baisse des tarifs. En face, PDC et PLR refuseront toute augmentation de l’enveloppe budgétaire.
Responsabilité du MCG
Le MCG, qui a soutenu l’initiative, fera pencher la balance du côté de la droite. «Les TPG n’auront pas un franc de plus», lâche Eric Stauffer, député MCG. Le président du parti, Roger Golay, estime que «des économies sont possibles, sans licenciements économiques, en réduisant les lignes moins rentables, les cadences à certains moments de la journée et en améliorant la gestion générale».
«Impossible, rétorque Anita Frei, présidente du Conseil d’administration des TPG, l’emploi sera, d’une façon ou d’une autre, touché.» Elle rappelle qu’un important effort d’économie a déjà été réalisé. Présidente des Verts, Lisa Mazzone fustige l’incohérence du MCG: «Après avoir soutenu l’initiative pour la baisse des tarifs en assurant qu’ils s’opposeraient à des licenciements, ils refusent de rallonger le subventionnement des TPG! Le MCG doit faire face à ses engagements!» Tout le contraire des Verts et des socialistes qui n’avaient pas soutenu l’initiative. «Le peuple a tranché, on doit construire là-dessus, ajoute l’écologiste. La grève est l’unique option pour faire pression sur le Grand Conseil.»
Le procès des frontaliers
Si les élus du MCG s’accordent sur leur futur vote en plénum, ils ne réservent pas le même accueil à la grève d’aujourd’hui. Alors que Roger Golay la soutient, estimant que les licenciements économiques sont inacceptables, Eric Stauffer dénonce un «syndicalisme à la française» et souligne l’implication des frontaliers dans le mouvement social.
A l’annonce de la grève, lundi, plusieurs centaines de commentaires faisant le procès des frontaliers, accusés d’importer la grève de France, ont fleuri sur les réseaux sociaux et sur le site de la Tribune de Genève. «Il faut casser les idées reçues des populistes. Ce mouvement créé de la solidarité entre tous les salariés, quelle que soit la couleur de leur passeport», s’indigne Joël Varone, secrétaire syndical Unia. «C’est ridicule, les frontaliers sont plutôt réticents à l’idée de faire grève», ajoute Alain Perroud.
Solidarité des syndicats du secteur privé et public
La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) soutient la grève des chauffeurs des TPG. Sa position, diffusée lundi soir par voie de communiqué, rappelle aussi certains droits des travailleurs usagers des transports en commun et potentiellement impactés par ce mouvement social. Dans ce texte, la faitière des syndicats genevois du privé et du public exprime sa solidarité à l’égard des travailleurs-euses de la régie publique qui débraient aujourd’hui.
La CGAS souligne la légitimité de ce mouvement social qui vise à lutter contre la dégradation des prestations servies aux usagers et contre le licenciement de soixante-quatre employés. Bref, un débrayage qui s’inscrit dans le cadre plus vaste des luttes du personnel des services publics contre les politiques d’austérité et le projet de budget 2015 du Conseil d’Etat «qui épargne les riches, s’attaque aux plus démunis, à l’emploi et aux conditions de travail du
personnel».
Le communiqué rappelle aussi aux usagers des transports en commun qu’ils n’ont pas à être punis par leur employeur s’ils arrivaient, le cas échéant, en retard à cause de la grève des chauffeurs. Si le patron émet en amont des exigences en matière de ponctualité, il est tenu d’en assumer les frais (taxi, utilisation d’une voiture, frais de garde d’un enfant). Tout licenciement pour arrivée tardive serait abusif et donnerait droit à des indemnités, prévient la CGAS.
Philippe Bach
A noter que les forces de l’ordre ont pris des mesures afin d’assurer au mieux la circulation, mais n’ont pas prévu d’intervention pour casser le piquet de grève. Par ailleurs, le canton a exceptionnellement autorisé les taxis «jaunes» à utiliser l’ensemble des voies de bus.
MERCREDI 19 NOVEMBRE 2014
Julien Repond, Le Courrier
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