Dès lundi, les transports publics seront les rois de la chaussée. Les sceptiques sont nombreux.
Au Café du Commerce comme sur les réseaux sociaux, on ne parle que de cela. De la forêt de feux rouges qui va provoquer, beaucoup en sont convaincus, le chaos en ville de Nyon, dès le 15 décembre, date de mise en service de la nouvelle cadence au quart d’heure des bus. Certains ironisent, comme cet internaute qui a rebaptisé Nyon «ville de feustivals» ou celui qui remercie pour cette belle décoration de Noël à l’année. Les autorités, sur les charbons ardents, répondent aux interrogations.
Pour les bus
Tout ça, c’est à cause d’eux. C’est pour permettre aux bus d’avoir la priorité sur les autres véhicules que la ville a dépensé 11 millions de francs pour réaménager les routes et tout le système de signalisation. Car, pour inciter les habitants, et surtout les pendulaires, à sauter dans les bus depuis des parkings-relais, il faut que ces derniers aillent vite et à une fréquence élevée. Ils seront donc équipés d’un détecteur, qui déclenchera automatiquement le vert pour eux à l’approche du carrefour. C’est pourquoi 27 carrefours ont été modifiés, dont six nouveaux qui ont été équipés de feux, y compris dans les grands giratoires.
«Le système donne le feu vert au bus peu avant son arrivée et juste le temps de le faire passer», précise Raphaël Golay, ingénieur de Citec, qui a testé avec succès, hier, avec les services de la ville, le système avec un bus équipé. Pour assurer la fluidité, 3 km de chaussées ont été dotés de voies permettant aux bus de remonter les files. Enfin, pour éviter à ces derniers de devoir se réinsérer dans le trafic, les arrêts, dont le nombre passe de 54 à 70, sont situés sur la chaussée.
Pour les autos
Ce qui obligera les automobilistes à patienter derrière le bus là où ce dernier n’a pas sa propre voie. Un obstacle supplémentaire qui fait penser aux conducteurs qu’ils seront bloqués tous les 50 mètres. Or de nombreux arrêts de bus seront situés sur les voies de bus et ne gêneront pas le trafic. «Le premier jour et les suivants, une cellule de veille sera en place pour observer la circulation, affiner les phases de feu en cas de charge anormale d’un carrefour», explique François Menthonnex. Car, tout le réseau étant interconnecté, le passage de la théorie à la pratique nécessitera forcément quelques réglages.
Les automobilistes, confrontés à une signalétique compliquée, se voient comme les grands perdants de cette révolution. «C’est amusant de voir que les gens qui ne connaissent pas Nyon se contentent de suivre les marquages, alors que les Nyonnais râlent parce qu’ils se fient à leurs habitudes», relève Olivier Mayor, municipal des Travaux. Il rappelle que ces mesures servent avant tout à éviter la congestion programmée d’une ville qui compte déjà 87 000 véhicules qui entrent et sortent chaque jour, et auxquels il faudra ajouter ceux des 3800 nouveaux habitants attendus d’ici à 2020.
Pour les vélos
Si les pistes en site propre sont encore rares à Nyon, les cyclistes auront gagné des bandes supplémentaires et le droit de rouler hors trafic sur de larges trottoirs. Ils peuvent aussi utiliser la voie des bus à la descente et les dépasser quand ils sont à l’arrêt. Un petit sas leur est désormais réservé aux feux, afin qu’ils puissent démarrer sans danger.
Pour les piétons
Jusqu’ici, les piétons étaient les rois aux passages jaunes. Désormais, ils devront plus souvent pousser le petit bouton qui leur donne le droit de traverser. Un soulagement pour les automobilistes dans des endroits sensibles comme la sortie du gymnase, la gare ou le débarcadère, où les flux des piétons sont ininterrompus matin et soir. Si les voies de mobilité douce se multiplient, certains piétons déplorent une mixité dangereuse avec les vélos.
Pour tous
Un tous-ménages sur ces changements sera distribué le 17 décembre. Et, pour toute question, la Ville ouvre une ligne gratuite qui répondra du lundi au vendredi, de 10h à 12h, au 0800 132 132.
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