La poste de la Grangette, au nord de Lausanne, est vouée à disparaître. A Lausanne et à Crans-près-Céligny, sur La Côte, des citoyens s’engagent contre la suppression de leur poste. Les autorités communales apportent un soutien mitigé.
L’une se trouve dans un quartier dense de Lausanne, l’autre au cœur d’un petit village de La Côte.La poste de la Grangette, au nord de Lausanne, et celle de Crans-près-Céligny, à quelques kilomètres de Nyon, seront fermées. Non contents des solutions de remplacement proposées, des citoyens se mobilisent.
En 2014, une dizaine d’offices de poste ont été supprimés ou remplacés par des agences postales ou services à domicile dans le canton de Vaud. Depuis plusieurs années, les petites postes ferment à tour de bras (lire notre édition du 8 mars 2014), suivant une tendance nationale. Lorsqu’elles ne mettent pas la clé sous la porte, leurs horaires sont souvent réduits. A chaque fois, La Poste invoque des raisons économiques, en lien avec la diminution du courrier et des paiements au guichet.
«Elle fait aussi en sorte que ses bureaux ne soient pas rentables lorsqu’elle réduit leurs heures d’ouverture», dénonce Pierre Cretegny. Cet habitant de Crans-près-Céligny a participé à la récolte de 2800 signatures depuis l’annonce de la fermeture de la poste du village en automne dernier. «Pour une commune de 2000 habitants, ça fait beaucoup», se réjouit-il.
D’autres fermetures
Crassier, Eysins, Céligny: plusieurs villages du district de Nyon ont déjà fait les frais de fermetures de bureaux de poste, parfois remplacés par des solutions alternatives. «A Chavannes-de-Bogis, depuis qu’une agence postale a été installée dans l’épicerie, elle est devenue quasiment l’activité principale du commerce et les gens font leurs courses ailleurs», constate Pierre Cretegny. A Le Vaud, un service d’agence postale est provisoirement assuré par l’administration communale. Avec plusieurs inconvénients, entre des problèmes de liquidité et des exigences d’ouverture entre Noël et Nouvel-An.
A Crans-près-Céligny et à Lausanne, les citoyens mobilisés dénoncent la suppression d’un service qui se devrait universel et soulignent l’importance des offices postaux pour la vie locale.
«La poste est un but de promenade pour les résidents du Foyer (centre pour malvoyants, ndlr). Elle rend de grands services aux personnes âgées, qui y font leurs paiements en liquide», constate Michel Perret, habitant du quartier de Grangette, dans la capitale vaudoise.
Quelque 1000 signatures ont été récoltées en trois semaines pour tenter de sauver la petite poste. Le géant jaune compte la remplacer en mars par une agence postale dans une pharmacie du quartier. Une alternative qui ne convainc pas les signataires, habitants mais aussi institutions sociales et entreprises du quartier. Les services de boîtes postales, paiement en liquide et retrait de recommandés seront déplacés à la poste de la Sallaz.
Dans les deux communes, le Conseil communal a enjoint une municipalité plutôt frileuse de prendre position contre la fermeture des bureaux de poste. Lausanne avait dans un premier temps donné son accord pour le projet d’agence postale de la Grangette. «Cette alternative nous semblait positive pour les trois quarts des habitants du quartier», justifie le syndic Daniel Brélaz. «Sans compter que nos chances étaient minimes si nous faisions opposition.»
Après la forte mobilisation du quartier et une résolution au Conseil communal votée presque à l’unanimité, la municipalité s’est résignée à demander à La Poste de renoncer à son projet. Reste qu’il est difficile d’ébranler le géant jaune au niveau communal: «C’est à Berne que les élus peuvent contrer le jusqu’auboutisme de La Poste dans son application du principe de rentabilité», considère le syndic.
Commerces rémunérés
Le canton compte aujourd’hui 144 offices de poste, 49 agences postales et 170 services à domicile. «Les agences proposent la presque totalité des prestations», précise Isabelle Mouron, porte-parole de La Poste. «De plus, cette solution permet de renforcer le commerce partenaire en lui offrant une activité supplémentaire économiquement intéressante», ajoute-t-elle.
La Poste rémunère ces commerces par une indemnité fixe et en fonction du chiffre d’affaires. Lors de la suppression ou du remplacement d’un office, le géant jaune s’efforce de parvenir à un accord avec les autorités des communes concernées. «Ce qui s’avère possible dans neuf cas sur dix», selon Isabelle Mouron. I
Le Courrier, Sophie Dupont, 13.2.2015
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