Le 27 avril dernier les jeunes POP organisaient leur tout premier débat en relation avec leur pétition. Notre jeune section a en effet lancé une pétition demandant la gratuité des transports publics gratuits pour les jeunes étudiants, apprentis et jeunes de moins de 25 ans. Forte de déjà 3000 signatures, cette pétition circulera encore jusqu’aux vacances d’été.
Ce débat contradictoire mettait en scène deux intervenants de droite, Victor Braune (Jeunes PLR) et Aurore Laager (Vert’liberaux) et deux intervenants de gauche, Andrea Eggli (camarade popiste et présidente d’Acidus) et Jean-Louis Sagot-Duvauroux (philosophe et écrivain français, auteur du livre « Gratuité »).
Dès le début du débat, les deux intervenants de droite ont tout de suite soulevé la question du financement. Qui va payer ? Pourquoi tous les citoyens devraient payer pour quelque chose qu’ils n’utilisent pas. Ce à quoi notre camarade a répondu que c’est déjà le cas pour beaucoup de choses qui sont payées par l’impôt comme l’université, l’école, les routes… Quand bien même tout le monde ne possède pas une voiture et donc n’utilise pas les routes, ou n’a pas non plus des enfants. “C’est une question de cohésion sociale”! D’ailleurs selon l’Office fédéral de la statistique, le coût de la mobilité en Suisse dépasse les 80 milliards, dont 75% vont pour la route ! En tant que vraie militante de gauche, elle a aussi rappelé que l’impôt reste la manière la plus sociale de contribuer à la société car chacun paye selon ses moyens. Pour le philosophe, la question qui se pose est : quel choix de société voulons-nous ? La gratuité c’est faire le choix que certaines choses sont tellement importantes qu’on décide de l’offrir non pas selon le portemonnaie, mais “de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins”. D’après lui, il n’y a pas de droit de nature, tous les droits que nous avons sont issus de choix de société. Il nous a ensuite éclairés sur l’exemple édifiant de la ville française d’Aubagne qui a fait le choix de la gratuité des transports publics. Outre la réduction du nombre de voitures en ville, et donc de la pollution (imposée aux piétons par les automobilistes), la manière et les raisons des déplacements ont changé. “Les gens voyagent plus pour le plaisir”. Mais à nouveau nos intervenants de droite sont revenus sur la question du coût et du financement, la seule chose qui semble les intéresser… Et là, la présidente d’Acidus nous a fait une démonstration édifiante sur le coût des transports publics gratuits en ville de Lausanne (donc pour le bus) et de leur financement par l’impôt. Pour une personne au revenu imposable de 100′000.- cela représenterait une augmentation de 500.- par année, bien en dessous du coût de l’abonnement qui est à 700.-. Elle a également rappelé la solution qui avait été proposée par le POP mais refusée par tout le reste de la classe politique lausannoise, l’idée du péage urbain servant uniquement au financement des transports publics afin de les rendre gratuits.
Face à cet argument imparable est venu le plus farfelu des opposants… Selon la verte libérale il y a une corrélation évidente entre gratuité et incivilité. La question a beaucoup intéressé Jean-Louis Sagot Duvauroux. Pour lui c’est justement ce qui n’a pas de prix qui est le plus précieux, ce qui nous est offert. Un exemple, nous ne détruisons pas l’école ! De plus la gratuité supprime de facto la fraude. Avec une telle mesure nous faisons baisser un crime de 100% ! Qui peut en dire autant ? Cela libère les tensions et rend l’atmosphère beaucoup plus agréable. Cela permet aux personnes de s’inventer de nouvelles raisons de voyager.
Les 4 intervenants sont finalement tombés d’accord en réponse à une question du public qui demandait pourquoi toujours parler d’augmentation des impôts et ne pas puiser dans un autre budget. Tous nos intervenants étaient d’accord avec cette proposition mais bien entendu gauche et droite ne puiseraient pas au même endroit (armée pour les uns, social pour les autres).
Le mot de la fin est revenu à notre camarade popiste et conducteur TL retraité, Johan Pain. Il faut inciter les gens à utiliser les transports publics gratuits et il n’y a pas de meilleure façon que la gratuité. Les transports publics ont un rôle social, ils permettent aux gens de se rencontrer, de se parler et d’apprendre à vivre ensemble.
Céline Misiego
Résistance N° 97
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