Transports Quatre communes de l’Ouest lausannois s’inquiètent de voir leur gare reléguée au second plan. L’horaire CFF 2016 enfonce le clou en faisant perdre deux arrêts de trains ICN à la gare de Renens.
C’était fin mai dernier. Après l’annonce par les CFF de leur horaire 2016, les mécontents n’avaient pas tardé à se manifester. Avec la perte annoncée de respectivement quatre et huit trains, Nyon et Bex étaient en première ligne. Le Conseil d’Etat a rapidement volé à leur secours, réclamant le maintien des haltes nyonnaises sur la ligne du pied du Jura – avec le soutien du Grand Conseil – ainsi qu’un service de compensation pour les usagers de la gare de Bex.
Avec quelques semaines de décalage, ce sont d’autres collectivités qui affichent leur déception. Courant juillet, quatre communes de l’Ouest lausannois – Renens, Chavannes-près-Renens, Crissier et Ecublens – ont écrit aux CFF: certes la desserte régionale s’améliore d’année en année, mais, avec la disparition de deux arrêts ICN (InterCity pendulaire) depuis Bienne et Neuchâtel, à 6h10 et à 7h10, les liaisons grandes lignes ne cessent de diminuer.
Lien perdu avec l’aéroport
C’est que les doléances concernant le passage des trains à Renens ne datent pas d’hier. La pilule la plus amère date de 2012, avec la disparition d’une liaison InterRegio (IR), à l’heure, avec Genève-Aéroport. Les haltes ICN biffées par les CFF pour 2016 enfoncent le clou, mais l’enjeu de la récente missive des quatre communes est plus large: regagner enfin l’IR perdu et sortir Renens du statut de gare régionale dans lequel elle est tombée. «Nous voulons rappeler que ce n’est pas la petite gare d’une petite ville, explique la syndique renanaise, Marianne Huguenin. Actuellement, la logique consiste à se dire que Renens est près de Lausanne et bien desservie par les RER.»
Le traitement de la quatrième ville du canton est pour elle d’autant plus étonnant que le nombre d’usagers de sa gare est comparable à celui de Nyon et de Morges, et que les CFF s’apprêtent à y investir massivement dans le cadre du chantier Léman 2030: «C’est relativement illogique. La planification inclut des quais de 400 mètres, ce qui est la norme pour accueillir des trains grandes lignes.» Et pourtant les CFF n’ont pas encore donné de garanties concernant une éventuelle amélioration de la desserte grandes lignes à Renens, que ce soit pendant ou même après les travaux, qui doivent commencer cette année pour s’achever en 2019.
Renens espère plus
La conseillère d’Etat Nuria Gorrite assure comprendre les inquiétudes de l’Ouest lausannois concernant la disparition de sa liaison avec Genève-Aéroport: «Le Conseil d’Etat est consulté en ce moment par les CFF concernant les horaires à l’issue des travaux de Léman 2030. Nous avons déjà fait la demande informelle de rétablir cette ligne et, jusqu’à maintenant, les CFF ne se sont pas montrés fermés.» Elle relève toutefois qu’en échange de cette perte, Renens est désormais desservie par un Regio Express supplémentaire, à deux étages, qui a son terminus à Cornavin. «En faisant ce choix, les CFF ont privilégié une augmentation de la capacité. A l’heure actuelle il n’est pas possible de faire circuler ces trains en même temps.» Concernant la suppression des arrêts ICN en gare de Renens dans l’horaire 2016, Nuria Gorrite ajoute que le Conseil d’Etat a officiellement demandé aux CFF de les maintenir en même temps qu’il a intercédé en faveur de Nyon.
Marianne Huguenin maintient: «Nous n’avons pas fait le deuil d’une évolution positive, même pendant les travaux.» Tout en ajoutant que ses attentes vont au-delà du rétablissement de la liaison horaire avec l’aéroport: «A terme, nous espérons plus pour la gare de Renens.» Contactés, les CFF refusent de se prononcer avant d’avoir officiellement répondu au courrier des quatre communes. Ils signalent néanmoins que le rétablissement d’une liaison régulière avec l’aéroport fait partie de leurs objectifs à la fin du chantier Léman 2030.
24 Heures, Chloé Banerjee-Din
«85% des pendulaires qui viennent à l’EPFL passent par la gare de Renens»
Dans leur croisade pour se repositionner sur le réseau ferroviaire national, les communes concernées par la desserte de Renens font aussi valoir les besoins des hautes écoles, directement reliées à la gare par le métro M1. Avec une pétition d’usagers relayée par la direction, l’EPFL s’était mobilisée en 2013 contre la disparition de la liaison horaire avec Genève-Aéroport. Aujourd’hui, elle reste préoccupée par la situation, indique sa porte-parole, Madeleine von Holzen: «La gare de Renens est bien sûr un nœud ferroviaire important pour l’EPFL. Des démarches ont été entreprises en 2012 et en 2014 en soutien aux communes de l’Ouest lausannois et nous restons dans cet esprit.» Elle précise que, selon les estimations, 85% des pendulaires qui viennent à l’EPFL choisissent de passer par la gare de Renens. «Parmi les développements récents qui ajoutent encore un trafic ponctuel, il y a notamment la création du Swiss Tech Convention Center», ajoute-t-elle en évoquant le Centre de Congrès inauguré l’an dernier. «De plus, nous avons aussi développé une présence en région, avec des antennes à Genève, en Valais et à Fribourg.»
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