Service public• En ville de Neuchâtel, quatre offices de poste sur les six restants sont menacés de fermeture. Des citoyens ont lancé une pétition et une marche de protestation est d’ores et déjà annoncée pour le 27 février. Seules la poste centrale et celle de la gare pourraient rester ouvertes.
Depuis quelques années, on assiste, dépités, à une «restructuration» du réseau des offices postaux en Suisse. En fait de restructuration, il s’agit bien plutôt de fermer un certain nombre de bureaux de poste. Éventuellement, on proposera aux usagers que nous sommes de pouvoir acheter des timbres dans la confiserie du quartier, pompeusement rebaptisée «agence postale». Et la Poste – enfin, sa direction – de nous expliquer sans rire qu’il s’agit de s’adapter aux nouveaux besoins de la clientèle…
De qui se moque-t-on? A Neuchâtel, ce ne sont pas moins de 4 des 6 bureaux encore existants qui sont menacés. Une pétition, par le biais de comités citoyens, a été lancée fin janvier, et la récolte bat son plein. Cette récolte de signature montre, par son ampleur, l’attachement des citoyens à la Poste telle que nous la connaissons. Pourtant, selon la direction de la Poste, le développement des nouvelles technologies (e-banking, e-finance, e-je ne sais quoi, e-tcetera…) fait baisser la fréquentation aux guichets, ce qui se traduit par une baisse de rentabilité. Nous y voilà! La rentabilité, maître mot du capitalisme.
Les jeunes protestent aussi
Au vu de l’engouement suscité par la pétition qui circule, plusieurs questions se posent, qui devraient retenir l’attention des décideurs de la Poste. Ceux-ci nous répètent inlassablement, y compris lors d’une récente rencontre, que la Poste veillera à ce que les personnes âgées, tout particulièrement, ne soient pas défavorisées par cette restructuration. Or, la diversité des signataires de la pétition nous enseigne que c’est bien l’ensemble de la population qui désire le maintien du réseau actuel.
Personnes âgées ou à mobilité réduite, bien sûr, mais aussi commerçants, citoyens responsables, et un nombre impressionnant de jeunes, pourtant familiers des nouvelles technologies. Alors pourquoi changer ce qui semble donner satisfaction au plus grand nombre? On vous l’a dit: ren-ta-bi-li-té!
Un service universel mais minimaliste
Il faut rappeler qu’en Suisse, la notion de «service public» est floue, et ne fait pas l’objet d’une définition dans nos lois. Depuis l’accélération néo-libérale de la fin du siècle passé, la mode est à la privatisation générale des services. La Poste a été divisée en différents secteurs (courrier, colis, finance, etc..) et le subventionnement d’un service par un autre n’est plus possible. La Poste est soumise par le Conseil fédéral à un mandat de prestations qui, certes, l’oblige à un service universel, mais minimaliste. Si 90% de la population d’un quartier peut se rendre à un bureau en moins de 20 minutes, à pied ou en transports publics, on peut fermer un office! Or, le Conseil fédéral est élu par le parlement, non?
Il existe bien sûr une autorité de recours, Postcom, à laquelle seule l’autorité communale peut faire appel, au cas où le mandat de prestation défini ne serait pas respecté lors d’une fermeture d’office. Or, les autorités communales sont élues par le peuple, non? Faisons-le savoir autour de nous, les Autorités que nous élisons doivent avoir le courage de s’opposer au Capital, et œuvrer pour le bien-être des citoyens, non?…
Olivier Forel, Gauchebdo
Dans le canton de Vaud, on ferme aussi à tout va
«Ce 2 février, c’est moi qui suis allé à la Poste… Je dirais vers 17 heures. Poste pleine, au moins 8 à 9 personnes qui attendaient leur tour… Avec les deux guichets ouverts! Les pauvres «buralistes» n’arrivaient pas à donner le tour. Alors, j’imagine dans un futur assez proche quand tout ce monde se trouvera dans une agence postale à la pharmacie!» Sur le site Facebook «Non à la fermeture de la Poste d’Ollon», on se déchaîne contre la décision du Géant jaune de fermer le bureau postal du village vaudois, même si la décision, selon Isabelle Mouron, chargée de communication pour l’entreprise, «ne serait pas encore définitive». Une pétition forte de 1’550 signatures a été lancée pour surseoir à la mise à mort. Comme chaque année, depuis près de dix ans, la Poste a lancé son programme de fermetures de bureaux postaux, transformés la plupart du temps en agences ou en services à domicile. En 2016, Penthaz, Prévonloup, Crans-près-Céligny ou Froideville perdront leur antenne, alors qu’une menace plane sur les offices du Brassus, d’Arziers-Le Muids, de Lonay et de Morges 3. En 2014, l’emblématique poste d’Ouchy fermait, celle de Paudex était transférée dans une pharmacie. En 2001, la Poste comptait encore 3’396 offices contre 1’562 en 2014. A Lausanne, le combat continue pour la poste de la Bourdonnette qui croit encore en son avenir. Des rumeurs – qu’Isabelle Mouron qualifie de «fausses» – ont couru sur sa disparition. Méfiante, l’association d’habitants du lieu soutenue par l’association citoyenne des usagers des services publics (Acidus) a lancé une pétition pour s’opposer à toute transformation du bureau en agence et a écrit à Daniel Brélaz, qui n’a pas encore daigné répondre. «On ne se laissera pas faire. Avec toutes ces fermetures, que devient le service public?», s’exclame Corinne Guaix, membre de l’association de quartier et pilier de TV Bourdo-Net.
Réd.
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