Obama sans filtre sur la domination américaine

Dans une tribune publiée par le Washington Post, le président américain n’a pas hésité à affirmer le rôle de domination de son pays sur le commerce international. Il multiplie les déclarations de ce type depuis quelques jours.

Plus la fin de son mandat approche, moins le locataire de la Maison Blanche prend de pincettes. Dernière saillie en date ? Sa tribune au Washington Post. «Élever des murs afin de s’isoler de l’économie globale ne fera que nous priver de perspectives incroyables. Au contraire, les États-Unis doivent écrire les règles. Les États-Unis doivent mener le bal. Les autres pays doivent jouer d’après les règles que les États-Unis et ses partenaires fixent», a-t-il expliqué.

“America should write the rules. America should call the shots.” -Donald Trump. lol just kidding. that’s from Obama in WaPo today— Larry Taint (@LarryWebsite) 3 mai 2016

Cette déclaration en forme d’avertissement intervient alors que Barack Obama s’inquiète de la possible signature sous la houlette de Pékin d’un accord commercial en Asie. Le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) a réuni la Chine et 15 autres pays en Australie la semaine dernière. Ce traité est vu d’un mauvais œil par Washington qui craint qu’il ne lèse les entrepreneurs américains.

Barack Obama lui préfère le TPP ou Accord de partenariat transpacifique, signé le 4 février par l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les États-Unis et le Vietnam. Semblable au Tafta, le texte prévoit la formation d’une zone économique intégrée. Avec tout ce que cela implique : lissage des normes, ouvertures des marchés ou encore réduction des droits de douane.

“Le monde a changé. Les règles changent aussi. Ce sont les États-Unis et non pas des pays comme la Chine qui doivent les écrire”

Vous avez noté l’absence de la deuxième économie mondiale dans cette liste. Barack Obama a d’ailleurs tenu à apporter une petite précision : «Le monde a changé. Les règles changent aussi. Ce sont les États-Unis et non pas des pays comme la Chine qui doivent les écrire.»

Pékin n’a pas tardé à réagir. «En faisant de telles déclarations, les États-Unis montrent qu’ils sont très ambitieux, mais je crains qu’ils ne tiennent pas compte des perspectives à long terme», a indiqué un diplomate chinois.

Obama pressé sur le Tafta

Les déclarations de Barack Obama font étrangement écho à celles prononcées dans le cadre d’un récent voyage en Europe. Cette fois, Brexit et Tafta étaient au cœur des discussions. Au Royaume-Uni, il n’avait pas hésité à avertir sérieusement ses alliés de toujours. En cas de sortie de l’Union européenne, les Britanniques se retrouveraient «tout au bout de la file d’attente» dans leurs négociations commerciales avec les États-Unis.

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Sans oublier d’en rajouter une couche : «Cela peut prendre cinq ans, dix ans avant que nous ne puissions décider quelque chose [au sujet du commerce entre États-Unis et Royaume-Uni].»

Dans la foulée, il s’était rendu en Allemagne pour chercher du soutien auprès de la chancelière Angela Merkel. En cause ? La défiance de plus en plus grande envers le Tafta. Barack Obama veut signer le traité avant la fin de son mandat. «Comme vous le voyez, d’autres marchés comme la Chine commencent à se développer, ainsi qu’en Asie et en Afrique. Nous devons nous assurer que nos économies restent compétitives», avait-il souligné. Tout en qualifiant les opposants d’individus «dépassés par la mondialisation».

Cette communication agressive contraste avec l’image que s’était donnée le président américain durant son mandat. Le fait qu’il rende son costume en novembre prochain n’y est sûrement pas étranger. Aux Etats-Unis comme en Europe, la popularité du texte est en chute libre. Les négociations patinent. Même son allié François Hollande semble freiner des deux pieds. Reste à savoir si cette stratégie offensive est la bonne. Après tout, le secret qui entoure les négociations n’est pas pour rassurer les sceptiques. L’impatience d’Obama non plus.

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