La division marchandises invoque des difficultés financières. Plusieurs employés n’ont aucune garantie de retrouver une place.
Travailler dans une société parapublique ne met pas à l’abri des coups durs. Plusieurs dizaines de salariés de CFF Cargo, la division pour le transport de marchandises, peuvent en témoigner. Dernièrement, le couperet est tombé: la compagnie ferroviaire supprime les postes de 70 collaborateurs administratifs d’ici à la fin de cette année, a appris vendredi La Liberté.
Les difficultés économiques rencontrées par l’entité de l’ex-régie fédérale ont rendu la décision inéluctable, justifient les CFF. «CFF Cargo est déficitaire et doit faire des économies dans ses coûts structurels et administratifs. Ceux-ci sont de 28% actuellement, et ils doivent être réduits à 20%, pour correspondre à ceux de la branche et de la concurrence», détaille Jean-Philippe Schmidt, porte-parole. Il est vrai que la division, numéro 1 dans le trafic de marchandises suisse dénombrant 3000 salariés, traîne la patte depuis des années. Avec, pour conséquence, plusieurs réorganisations.
Nuance de taille
Interrogée sur le sort des 70 employés, la compagnie se veut rassurante. «Selon les conventions collectives, lors de suppressions de postes, il n’y a pas de licenciement. Les collaborateurs touchés entrent dans notre centre de marché du travail, qui les aide à retrouver un poste dans l’entreprise ou à l’extérieur. Ils ne quittent pas cette unité avant d’avoir trouvé un autre poste.» Les CFF taisent toutefois une nuance qui n’a rien d’anodin. Pour bénéficier de cette assistance illimitée dans la recherche d’une nouvelle place de travail, il faut avoir accompli quatre ans de service au sein de l’entreprise. Or, ce n’est pas le cas de l’ensemble des 70 collaborateurs mis sur la sellette. Plusieurs d’entre eux ont pris leurs fonctions relativement récemment. Ils ne disposent donc d’aucune garantie de replacement et ne sont accompagnés que jusqu’au 31 décembre.
«Nous sommes très critiques à l’égard de ces mesures, car nous avions l’impression que CFF Cargo avait atteint le strict minimum en termes d’effectifs, suite aux réductions déjà réalisées ces dernières années», réagit Peter Moor-Trevisan, chargé d’information au syndicat du personnel des transports (SEV). «En outre, le personnel administratif doit déjà faire face à une forte charge de travail. Sa situation va encore empirer.»
Contexte tendu
Ces suppressions de postes interviennent dans un contexte tendu. Les CFF ont déjà lancé l’année passée un programme d’économies, RailFit20/30, qui coûtera 900 postes. Le tout afin d’épargner quelque 20 milliards de francs d’ici 2030.
L’entreprise, détenue et subventionnée par la Confédération, mène les opérations en partenariat avec le cabinet de conseil McKinsey et doit définir les mesures cet été. Fait à souligner, les 70 postes biffés à CFF Cargo n’ont aucun lien avec RailFit20/30.
Pour pimenter la situation, la votation populaire sur l’initiative Pro service public du 5 juin se rapproche à pas de géants. Les initiants dénoncent les méthodes d’entreprises parapubliques – CFF, La Poste, Swisscom – qui se seraient irrémédiablement éloignées de leurs valeurs originelles.
Le Courrier, 30 mai 2016, Philippe Boeglin
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