Vers une «privatisation» du personnel du Grand Théâtre ?

Alors que la gestion du Grand Théâtre et de la Bibliothèque de Genève pourrait changer de mains, les employés veulent garder la Ville comme employeur.

Les salariés du Grand Théâtre et de la Bibliothèques de Genève (BGE), deux institutions en mains de la Ville de Genève, sont remontés. Lundi, accompagnés des syndicats SIT et SSP, ils se sont adressés via la presse à l’exécutif communal. Dans le cadre des travaux sur la nouvelle répartition des tâches entre le canton et les communes, ils risqueraient de perdre leur statut d’employés municipaux. Une issue qu’ils jugent inacceptable. Ils demandent à pouvoir rencontrer prochainement Sami Kanaan, magistrat de la Ville chargé de la culture.

Selon Valérie Buchs, secrétaire syndicale au SIT, le conseiller administratif socialiste est «prêt à brader le personnel» du Grand Théâtre et de la BGE. Les scénarios ne sont pas encore arrêtés, mais l’Etat et la Ville se seraient mis d’accord sur un partage de la gouvernance du Grand Théâtre et sur un transfert de la BGE (avec les services qui lui sont liés comme le Musée Voltaire ou le Centre iconographique) vers le canton. Dans cette optique, le sort des employés est incertain.

Perte des avantages

Les salariés de l’institution lyrique seront-ils à l’avenir confiés à la fondation du Grand Théâtre? Pour Valérie Buchs, cette solution reviendrait à «privatiser» ce secteur, car les travailleurs perdraient leur statut de fonctionnaire. Leurs conditions de travail avantageuses seraient mises en péril. La secrétaire syndicale mentionne leur caisse de retraite, la protection contre les licenciements ou la mobilité au sein de l’administration municipale.

Questionné après la conférence de presse, Sami Kanaan explique que le statut du personnel en place ne sera pas modifié. «Dans nos discussions avec le canton, personne n’évoque une péjoration des conditions de travail.» Le magistrat concède toutefois que si le Grand Théâtre est financé conjointement par le canton et la Ville, il conviendra à l’avenir de mettre en place un statut unique du personnel, rattaché à la fondation. Les futurs salariés ne seraient alors plus engagés par la commune. Actuellement, une partie du personnel du Grand Théâtre (des cadres et certains artistes) est déjà employée par la fondation.

Cette solution qui épargne les actuels fonctionnaires municipaux ne convient pas non plus aux représentants du personnel et aux syndicats. «Le Grand Théâtre a déjà expérimenté la cohabitation de deux statuts différents. Nous l’avions combattue en 2011, explique Valérie Buchs. Nous n’acceptons pas des conditions de travail à deux vitesses, avec des employés traités différemment pour des tâches identiques. Cela conduit à créer une ambiance délétère.» Selon la syndicaliste, rien ne justifie aujourd’hui que le statut des employés évolue.

Une prochaine rencontre

Dans le cas de la Bibliothèque de Genève, la situation est plus incertaine car les discussions entre les autorités cantonales et communales sont moins abouties. Les employés de la BGE pourraient être transférés à l’Etat ou dans d’autres structures subventionnées. Là encore, les représentants du personnel sont sur les pattes arrières.

Le conseiller administratif Sami Kanaan se veut rassurant. Il explique qu’il est évidemment disposé à rencontrer prochainement les employés et à poursuivre la consultation. Selon lui, même transférés à une fondation, «ces emplois resteront soumis à des règles strictes qui maintiendront les conditions de travail au niveau actuel». I

Le Courrier, 27 juin 2017 - Eric Lecoultre

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