Interpellation du député vaudois Vincent Keller déposée mardi 26 septembre :
Restructuration chez Postfinance : jusqu’où compte aller le Géant Jaune ?
Suite à des révélations dans la presse nous avons appris que Postfinance prévoirait un plan de restructuration qui toucherait 4000 personnes en Suisse, avec des suppressions de postes, des diminutions de salaires et des sites qui fermeront, ainsi qu’une externalisation du travail à une filiale du groupe nommée Swiss Post Solutions.
Le but de la manœuvre est d’une part faire pression sur les salaires des employés ainsi que sur leurs conditions de travail pour les forcer à plus de flexibilité puisqu’ils ne seront plus soumis à la CCT de la Poste mais à une autre CCT dont les conditions sont bien pires que les actuelles et qui ne prévoirait plus de plan social en cas de licenciement selon le porte-parole de Syndicom. D’une autre part comme le rappelle Syndicom, il y a le risque que ces emplois soient perdus pour atteindre le but que vise la Poste à savoir numériser les services de la Poste au détriment de ses employés.
Les clients seront aussi perdants au vu des révélations qui parlent de faire diminuer le nombre de distributeurs automatiques, et à d’augmenter le nombre de filiales partenaires. On sait déjà que celles-ci créent du dumping salarial et n’offrent qu’un nombre de services limités.
J’en viens à poser les questions suivantes :
1. Même si le canton n’a que peu de marche de manœuvre dans le dossier de la Poste, il peut faire preuve d’une politique volontariste en la matière : le Conseil d’État entend-il dénoncer ce plan de restructuration qui toucherait un nombre important de salariés ?
2. La sous-traitance par Swiss Post Solutions vise à la précarisation des travailleurs et crée du dumping salarial, ces méthodes inadmissibles sont-elles condamnées par le Conseil d’État et par quels moyens ?
3. Swiss Post Solutions, entreprise délocalisée, a-t-elle des liens contributifs avec notre pays ? Il est choquant de la part d’une entreprise appartenant à la population suisse qu’elle délocalise au-delà des frontières nationales et enlève du travail à la population qui lui a permis d’exister.
4. Quelle(s) action(s) le Conseil d’État compte-t-il entreprendre à l’endroit de cette entreprise et toutes les autres qui licencieraient des employés sans plan social mettant ainsi des travailleurs dans une précarité financière ?
5. La Poste est une entreprise de droit public. De par son attitude envers ses salariés, par le développement de filiales partenaires et par le développement de la numérisation, elle est en train de nuire à son objectif premier de service public. Le Conseil d’État peut-il dès lors énoncer une série de mesures qu’il compte mettre en place pour créer, soutenir, maintenir et développer des services publics universels accessibles à tous et dans toutes les régions du canton ?
6. La direction de la Poste et le Conseil d’État, entendent-ils prendre en compte le mécontentement de la population et des employés de la Poste vis-à-vis des méthodes organisées par le Géant Jaune ?
A entendre ici
Article du 20 minutes
PostFinance prépare une restructuration drastique
par Pascal Schmuck, avec ats - Le bras financier de La Poste prévoit une grosse diète. Baptisé «Victoria», ce plan qui comporte des suppressions de postes et de sites, concerne 4000 employés. Le directeur général de PostFinance Hansruedi Köng compte modifier le groupe en profondeur.
Une faute?
PostFinance concrétise ses intentions de réduction des coûts et de refonte de ses structures. Le prestataire de services financiers de La Poste va réduire le nombre de ses succursales et bureaux. Les suppressions d’emplois annoncées fâchent Syndicom.
PostFinance biffera au total 45 emplois dans les activités les plus touchées par l’automatisation et la numérisation des processus, explique jeudi Johannes Möri, porte-parole du bras financier de La Poste. Il a confirmait une information parue dans le Blickdans son édition du 21 septembre.
La direction prévoit d’en dire plus en novembre, ont confirmé des sources internes de PostFinance au journal de boulevard zurichois. Mardi, près de 500 collaborateurs répartis sur neuf sites, dont celui de Bulle (FR), ont reçu des informations sur leur avenir au sein de l’entreprise.
Suppressions de postes
PostFinance a baptisé son programme de restructuration du doux nom de «Victoria». Ce dernier prévoit également de réduire les surfaces de bureau, les surcapacités étant évaluées à plus de 10′000 mètres carrés. Ce qui correspond à un total de places de travail estimé entre 800 et 1000.
La réduction d’effectif ne devrait pas entraîner de licenciements, celle-ci devant pouvoir intervenir à la faveur des fluctuations naturelles et des mesures de retraites anticipées.
La banque postale a lancé jeudi une procédure de consultation à cet effet. Celle-ci ne porte pas seulement sur les suppressions d’emplois, mais aussi d’autres mesures, a poursuivi M. Möri. Les centres de services aux clients de Kriens (LU), Münchenstein (BL) et St-Gall seront fermés.
Leurs activités seront reprises les unités établies à Zofingue (AG) et Netstal (GL), dont les effectifs seront étoffés. Cette mesure concerne 160 personnes, auxquelles PostFinance entend proposer un emploi dans ses centres argovien et glaronnais.
Plan social à St-Gall
Selon le porte-parole, la distance entre Kriens et Münchenstein, d’une part, et Zofingue, d’autre part, ne dépasse pas la valeur-limite prévue par la loi. Elle peut de ce fait être considérée comme acceptable, PostFinance est en droit de résilier les contrats de travail des salariés qui n’accepteraient pas l’offre.
En revanche, la relocalisation de St-Gall à Netstal ne répond pas à ces derniers critères et un plan social est disponible. Le bras financier du géant jaune va de plus transférer 120 collaborateurs actifs dans le traitement de documents.
A compter du 1er mars, ces derniers changeront d’employeurs et rejoindront une autre filiale de La Poste, Swiss Post Solutions (SPS), une entreprise «qui offre des perspectives à ces employés», selon Johannes Möri. Du fait des progrès liés à la numérisation, le volume de formulaires et de documents se réduit fortement, explique le porte-parole.
La quatrième et dernière mesure discutée dans le cadre de la procédure de consultation concerne l’examen du réseau des succursales de PostFinance, la banque postale prévoyant de fermer les points de contacts les moins fréquentés.
Toutefois, aucune des 42 succursales ne sera fermée, souligne M. Möri. Dans ce cas aussi, les salariés concernés se verront proposer un poste dans une autre filiale ou une offre de formation dans le domaine du conseil à la clientèle.
Un scandale pour Syndicom
Le syndicat Syndicom a de son côté vivement critiqué certains aspects du projet de PostFinance. Jugeant l’initiative «scandaleuse», son porte-parole, Christian Capocoel, estime que le transfert des emplois va se solder par une détérioration des conditions de travail et des baisses des salaires pour les salariés touchés.
Les employés de Swiss Post Solutions disposent d’une convention collective de travail (CCT) «nettement plus mauvaise» que celle à laquelle les salariés de PostFinance sont soumis, craint le syndicat. Et ce dernier de redouter que leurs salaires ne soient réduits au niveau de ceux de SPS, inférieurs d’environ 15% à ceux de la banque postale.
PostFinance n’a garanti les acquis de salariés visés que pour un an, a précisé Roland Lamprecht, de Syndicom. Le syndicat entend aussi s’opposer au projet, lequel pourrait s’imposer comme un modèle pour l’avenir, du fait que de nombreux emplois sont menacés par les avancées de l’économie numérique.
Pour mémoire, le bras financier de La Poste avait fait part en novembre 2016 de sa volonté d’adapter sa stratégie dans un contexte de taux d’intérêt durablement bas. L’entreprise n’avait toutefois pas souhaité indiquer le nombre d’emplois qu’elle entendait supprimer dans le cadre de ce plan.
Refinancement plus difficile
A la différence de ses concurrents bancaires, PostFinance ne peut pas investir ses fonds sur le marché suisse des crédits et des hypothèques, suite à une décision du Parlement. PostFinance se trouve ainsi affecté plus durement que les banques par les taux d’intérêt négatifs.
(nxp
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