Arrêts sur demande, un pli à prendre

A Lausanne, un pictogramme rappelle aux usagers de faire signe aux chauffeurs.
A partir du 10 décembre, tous les arrêts de bus du canton de Genève seront «à la demande». Un système que Lausanne a mis en place dans les années 1990 déjà.

Les utilisateurs des bus genevois devront apprendre à faire signe au chauffeur lorsqu’ils souhaitent monter à bord d’un bus. Et ne pas oublier d’appuyer sur le bouton pour en descendre. En effet, tous les arrêts deviendront «sur demande» dès le 10 décembre (notre édition du 6 octobre).
Un système que Lausanne ainsi que d’autres villes suisse connaissent depuis belle lurette et qui semble largement entré dans les mœurs. A quai, les panneaux des Transports lausannois (tl) affichent un pictogramme avec une main rappelant au passager de faire signe pour que le bus freine. Tous les arrêts sont concernés, sauf les plus importants au centre-ville et les terminus.

Peu de gens font vraiment signe

Dans la pratique, «très peu de gens font signe au bus en ville en journée», nous glisse un chauffeur, qui reconnaît s’arrêter 99 fois sur 100. «Avec les smartphones, les jeunes, surtout, ne regardent plus vraiment le bus.» Les conducteurs doivent donc s’adapter. «On réagit chacun à notre manière, en fonction de la ligne, de l’heure, de la cadence, de la vitesse du véhicule, etc. Signe ou pas, si je vois quelqu’un à une halte où ne passe qu’une seule ligne de bus, je m’arrête.»

Et du côté des utilisateurs, qu’en pense-t-on? «J’emprunte la ligne 6 tous les jours et je trouve cela beaucoup plus pratique puisqu’on gagne du temps si personne n’est à l’arrêt», répond une passagère. «J’y suis favorable car cette politique permet de consommer moins d’énergie», déclare Sarah, une autre usagère. «Par contre, il m’est déjà arrivé d’oublier d’appuyer sur l’interrupteur et de me retrouver quelques arrêts plus loin. Pour les personnes qui comme moi manquent d’attention ou sont touristes, ce n’est pas pratique.»

Également cliente des Transports lausannois (TL), Ariane évoque une habitude: «Quand je suis dans le bus, je sais que je dois appuyer sur le bouton pour demander à descendre, sinon le bus poursuivra sa route. Je le fais assez naturellement. Et quand j’attends le bus, je me rends visible. C’est assez vite rentré dans mes habitudes. J’ai même l’impression que ça a toujours été comme ça.»

Avantage économique

De fait, cette politique est entrée en vigueur dans les années 1990. Avec trois objectifs déclarés, comme nous l’explique Valérie Maire, porte-parole des TL. Tout d’abord un avantage en termes de confort pour le conducteur ainsi que les passagers. Ensuite un objectif écologique, puisque cela permet au chauffeur d’adopter une conduite plus souple et d’économiser du carburant.

Et enfin un avantage économique: le fait qu’une ligne soit peu fréquentée et sujette aux arrêts, à certains moments de la journée, fait partie des paramètres pris en compte pour l’élaboration des horaires et permet de dimensionner le nombre de véhicules adéquat pour chaque ligne.

Une douzaine de plaintes par mois

Quant au risque d’être en avance sur l’horaire, Mme Maire rassure: «Ne pas devoir s’arrêter systématiquement permet de grappiller quelques minutes pour combler un retard lié à un bouchon ou aux heures de pointe. Mais si le bus est en avance, le régulateur du centre de gestion du trafic signalera au conducteur qu’il doit ralentir ou stopper afin de respecter l’horaire. De la même façon que s’il voit une personne le nez plongé dans son téléphone, il fera preuve de bon sens et ralentira pour lui permettre de réagir le cas échéant.»

Ce qui n’empêche pas les tl de mener régulièrement des campagnes de sensibilisation pour rappeler la pratique. Ni les clients d’adresser régulièrement des réclamations, faibles il est vrai au regard des 300 000 passagers transportés chaque jour: une douzaine par mois sur 1250 environ, soit 1% du total des plaintes. Coll. Selver KaBACALMan

Le Courrier, 11 octobre 2017, Christiane Pasteur

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